Gojira – L’Enfant Sauvage
Posted by Mister PatateJuin 14
Un soir de répétition chez Gojira, il y a quelque temps déjà…
– (Joe) Bon, les gars, on vient de signer chez Roadrunner Records, il est temps de frapper un grand coup, histoire de percer pour de bon. Faudrait donc qu’on leur en colle plein les oreilles. Des suggestions ?
– (les autres) …
– (Joe) Oh putain, les gars, merde quoi, un peu d’enthousiasme ! Bon, je vais téléphoner à Maxou, j’ai fait l’intérim sur le premier album de Cavalera Conspiracy, il pourrait nous renvoyer l’ascenseur et nous conseiller un peu. Vu sa carrière, il doit avoir de bonnes idées. Mario, file-moi le téléphone… Allo, Maxou ? Ca roule, ma poulette, toujours au soleil ? Et ta rasta en queue de raton-laveur, elle pousse ? Dis, on voudrait que tu nous conseilles : à ton avis, on devrait faire quoi pour vraiment marquer un grand coup avec Gojira ?
– (Max Cavalera, aka le Steven Seagal du Tribe Metal) Facile, mon grand : tu reprends ton album précédent, tu dilues un peu, histoire que ça bourrine pas trop tout en restant reconnaissable, et t’as ton nouvel album, ni vu ni connu ! Je fais ça depuis 10 ans déjà, et tout le monde n’y voit que du feu ! Pourquoi se casser le fion quand on peut faire simple, hein, ma couille ? Bon, je te laisse, j’ai trois heures d’entretien capillaire avant l’enregistrement de Conquer 4… heu, le prochain Soulfly, je voulais dire. Ciao, respect, my tribe your tribe, toussa…
– (Joe) Mmmh. Ca se tient, mais c’est risqué, les gars… Et si on demandait l’avis de James ?
– (Mario) James ? On connaît un James ?
– (Joe) grmbl ces batteurs, j’vous jure. James Hetfield, tu sais, le frontman des Mets, on a tourné avec eux. Repasse-moi le phone, j’appelle les States, j’espère qu’ils soient pas en train de bouffer, j’voudrais pas les déranger en plein repas de midi…
– (Mario) Il est 18h, ils bouffent vachement tard, leur repas de midi aux States !
– (Joe) pfffffffffffffff donne ce téléphone et trouve-toi une cymbale. Sérieux. Allo James ? How are you, guy ? You remember, Joe, from Gojira, ze French opening band of your band ? Je te derange pas, t’étais pas en train de bouffer ?
– (James) M’en parle pas, pas moyen de préparer la bouffe, Lars a encore piqué les casseroles pour les utiliser comme caisses claires. Les batteurs, j’te jure !
– (Joe) Si tu savais… Dis, je voulais te demander un truc : de toi à moi, comment vous avez fait pour devenir aussi énorme avec Metallica ? C’est quoi, ta recette du succès ?
– (James) Les Teletubbies ! Tu sais, cette émission pour les mouflets, ça m’a ouvert les yeux. En fait, pour que quelque chose fasse rire un gosse, il faut que ce soit répétitif. Alors, la première fois, mouais, ça marche. La deuxième fois, le chiard, il sourit déjà un peu plus. Et la troisième alors, alors là, mon vieux, il se tord de rire, alors que c’est trois fois la même chose. Beh le fan de Metal, c’est pareil. C’est con comme une table, un fan… T’as écouté Death Magnetic ? Dans chaque morceau, tu doubles certains patterns, certains passages, pour asséner le message. À force, ça rentre, le Metalleux dodeline de la tête, il est content, il met la main à la poche, et ding ding, en avant la caillasse dans nos poches !
– (Joe) Con comme une table ?
– (James) Ha ouais, vraiment. Sinon, tu expliquerais comment les chiffres de vente de Death Magnetic et tous nos concerts sold out alors que Lars… LARS, BORDEL DÉPOSE CETTE COCOTTE MINUTE ! J’te laisse, ce con de Lars va réussir à me faire replonger dans l’alcool. Tuut tuut tuut ».
Aujourd’hui, 16/05/2012…
Le constat est amer : Gojira a perdu de son charme… Envolée, la maestria qui faisait le charme du groupe ! Nous avons droit ici à une parodie de Gojira, balourde, maladroite et qui, à aucun moment, n’arrive à nous transporter comme sur un From Mars To Sirius, par exemple. Le plus frustrant ? Gojira a encore ce feu sacré et nous le prouve, ici et là sur cet album. Pris de manière isolée, certains morceaux restent bougrement efficaces, mais l’album, dans son ensemble, tient plus de la baleine échouée que du cétacé évoluant librement dans son environnement marin. On retiendra donc quelques morceaux plus inspirés (ou inspirants ?), tels qu’un « Planned Obsolence » à la brutalité salvatrice ou le single éponyme déjà éprouvé sur scène, mais ils sont noyés dans un océan de lourdeur qui freine l’essor de l’album. Trop long, trop redondant, L’Enfant Sauvage aurait pu gagner en efficacité s’il avait été plus épuré, moins répétitif. Il n’en est rien, et nous sommes en présence de la déception de l’année. Ni plus, ni moins.
« The Whale has landed ».
Mass et Mister Patate[5/10] (pour les chroniques respectives des deux chroniqueurs, voir les commentaires dès ce soir)
Site officiel : www.gojira-music.com
Myspace officiel : www.myspace.com/gojira
Roadrunner Records – 2012
Tracklist 1. Explode 2. L’enfant Sauvage 3. The Axe 4. Liquid Fire 5. The Wild Healer 6. Planned Obsolescence 7. Mouth of Kala 8. The Gift of Guilt 9. Pain is a Master 10. Born in Winter 11. The Fall
12 comments
Commentaire by Mass on 16/05/2012 at 17:01
Ah, Gojira ! La meilleure chose qui soit arrivée au death metal hexagonal ces dernières années ! Après un The Way of All Flesh que j'ai adoré, malgré qu'il n'ait pas fait l'unanimité auprès des fans, et un projet d'EP en association avec Sea Sheperd tombé à l'eau, sans mauvais jeu de mot (mais duquel aura quand même été tiré un sympathique single avec Devin Townsend), le combo s'est fait attendre dans les bacs, tout en se faisant rare sur les scènes de nos contrées (mais bon, excusez du peu, tournée américaine, première partie de Metallica, tout ça…). Moi qui suis particulièrement fan de leur death metal progressif, aérien et inventif, j'attendais l'Enfant Sauvage de pied ferme, mais… Coupons court au suspens, attendre autant de temps pour ça, c'est vraiment moche !
Peut être est-ce parce que j'en attendais trop ? Peut être le changement de label lors de la signature chez Roadrunner a-t-il joué dans la direction artistique du groupe ? Toujours est-il que le morceau d'ouverture de l'album, Explode, se pose en excellent résumé de la galette : long, poussif, peu innovant, et surtout loin, très loin, de l'audace habituelle de Gojira ! Certes, on y retrouve tout ce qui fait la particularité de la musique du quatuor, rythmiques lourdes, raclés de cordes malsains, riffs « aériens » et/ou « aquatiques » comme eux seuls en ont le secret, et la voix de Joe Duplantier, toujours aussi hargneuse et impériale. Mais pourtant, la magie n'opère pas, et l'ensemble prend cette fois-ci énormément de mal à démarrer, pour peu qu'il ne démarre d'ailleurs, car pour ma part j'ai du faire un effort colossal pour parvenir à écouter la galette jusqu'au bout, décrochant systématiquement à la cinquième plage, The Wild Healer, un interlude instrumental dans la lignée de ceux que l'on pouvait trouver sur The Way et From Mars, mais qui ne parvient pas du tout à aérer un ensemble lourd et indigeste.
En fait, le meilleur moyen d'écouter cet album est, comme je l'ai fait, de n'écouter qu'une ou deux pistes au hasard. Là, chaque écoute se révèlera surprenante le temps d'une chanson, et m'a permis de faire plus ou moins ressortir quelques titres de la mêlée, comme le brutal Planned Obsolence et son intro en blast beat, le single L'Enfant Sauvage (en écoute sur le net si vous voulez vous faire une idée, aussi bien en version studio qu'en live, merci la génération Youtube pour ces super bootlegs au son optimal… Hem) ou le dernier morceau de l'album, The Fall, qui s'offre un chouilla plus de variété que ses amis Liquid Fire ou Mouth of Kala, pour ne citer qu'eux. Dommage qu'après des albums aussi riches et variés que From Mars to Sirius et The Way of All Flesh, l'Enfant Sauvage sonne comme une parodie de Gojira, une imposture qui en a certes l'odeur, mais pas la saveur. A croire qu'à aller faire joujou avec Max Cavalera, Joe a été attraper la flemme-ingite aiguë du frontman Brésillien…
Commentaire by misterpatate on 14/06/2012 at 14:31
1 mois après la première parution de cette chronique (qui a entre-temps dû disparaître pour des raisons qui ne vous regardent pas), je persiste et signe, malgré de nombreuses écoutes supplémentaires visant à répondre à cette question qui me taraude : n'aurais-je pas saisi le génie de Gojira ?
La réponse est claire : NON. Ce disque est une nette régression pour le groupe.
(ma chro initiale)
Jusqu’à présent, ma relation avec Gojira, un des porte-étendards du Metal français, était assez « neutre ». Sans me transporter jusqu’à un état d’extase proche de l’évanouissement, je dois reconnaître que Gojira ne me déplaisait pas foncièrement. Au fil des ans, force est de constater que le groupe a su tracer sa voie, profitant au passage de l’effet « nous jouons en première partie de Metallica » qui leur a offert une exposition médiatique qu’aucun label ne pouvait leur offrir dans le cadre d’une simple promotion standard. Une tournée avec les Mets par ici, un Sonisphère par là, un gratteux qui va donner un coup de main à Max Cavalera sur le premier album de Cavalera Conspiracy (ce qui, avec le recul, n’est pas vraiment le meilleur moyen de compléter un CV)… Gojira a su se faire un nom et attirer un public grandissant. Fatalement, plus un groupe grandit, plus les attentes sont fortes, même chez votre serviteur… Alors, cet Enfant Sauvage, nouvelle progression pour le groupe ou coup de frein ?
Gojira démarre en trombe avec un « Explode » ravageur à première vue. Au niveau du son, le groupe a mis les burnes sur la table pour nous scotcher dès la première plage. À ce niveau, mission accomplie, les cages à miel dégustent comme il se doit… Mais ce son, si bon soit-il, ne parvient pas à dissimuler ce que j’aurais envie d’appeler le « syndrome Metallica » : trop long, trop redondant, « Explode » aurait pu se positionner comme une grosse mandale de départ, mais il se disperse et perd en efficacité, à l’instar d’un Metallica, véritable spécialiste ès couplet redondant depuis St Anger. À trop côtoyer la bande à Lars, Gojira aurait-il contracté ce mal mystérieux ?
Le titre éponyme, actuellement joué en live en guise de mise en bouche pour les fans, redresse certes quelque peu la barre, mais le groupe retombe rapidement dans ses travers par la suite, enchaînant des titres plus ou moins inspirés et monotones. Si seulement certaines plages avaient été écrémées, raccourcies, pour en rester à la substantifique moelle ! Gojira se perd ici en longueurs (ce final d’« Explode » qui n’en finit pas), en redondances, tourne en rond, reprenant ici et là ce même gimmick de guitare qui évoque le cri d’un chat écrasé (première apparition après 8 secondes du titre « Explode », et ensuite notamment sur « Planned Obsolescence »)… In illo tempore, Meshuggah était parvenu, en usant de variations d’un seul et même pattern de guitare, à nous pondre un Catch 33 passionnant… et j’ai presque l’impression, par moments, que Gojira s’est essayé à cet exercice périlleux lorsque j’écoute cet album d’une traite, tant j’ai parfois l’impression que tel riff de guitare du morceau x est purement et simplement repompé du morceau y. Mais n’est pas Meshuggah qui veut !
L’Enfant Sauvage est ma déception de l’année, ni plus, ni moins. Au risque de tomber dans la redite (un peu comme Gojira sur cet album), ce nouvel effort est trop lourd et ne parvient que trop rarement à prendre son envol. La gravité aura finalement eu raison des baleines volantes…
[4/10]
Commentaire by Bob on 10/07/2012 at 21:39
Le ton employé ici est encore une fois parfaitement irrespectueux, toujours la même soupe vide, jalouse et hypocrite … Pas grand chose à dire de plus.
Gojira a encore toute sa pêche et a évolué, alors certes, ça aurait pu être mieux, mais ça aurait surtout pu être bien pire. Peut-être pas le meilleur, mais un très bon.
Commentaire by misterpatate on 11/07/2012 at 7:57
Dans "parfaitement irrespectueux", il y a "parfaitement". Alors, ça me va, je me réjouis de voir que j'excelle dans l'irrespect à tes yeux.
Jaloux ? Non merci. Vide ? Pour une fois que j'ai rempli une page, c'est un comble. Et hypocrite ? Certainement pas, on peut difficilement trouver plus franc que les membres de notre rédac.
Et oui, Gojira aurait pu faire pire : il aurait pu faire du Arkona ou du Suicide Silence.
Commentaire by ASKE on 13/07/2012 at 9:45
Très déçu par ce disque. Tout à fait d'accord avec la chronique ci-dessous. À mon avis le disque le plus mauvais de toute la discographie du quatuor landais. Répétitif à souhait, formule éprouvée, et surtout un son fatiguant où la batterie domine tout. Un disque qui ne restera pas dans les anales. Et encore une fois, (en réponse à Bob) on a beau apprécier le groupe depuis plus d'une décennie, comme c'est mon cas, et les avoir vu en concert à plusieurs reprises ( vingt trois fois depuis 2000..). Ce disque est raté, parcequ'il ne surprend pas l'auditeur et ne frappe pas l'ouie, comme ce fut le cas avec les trois premiers opus et même le quatrième! La magie n'est pas au rendez-vous, ça me coûte de le dire mais c'est le cas. Merci à Misterpatate d'avoir fait un commentaire honnête.
Commentaire by Mass on 31/07/2012 at 16:38
Merci Aske, un avis de fan qui rejoint l'avis d'un des chroniqueurs à la source de cette article, et pourtant j'en suis moi aussi très fan ! Je pense que les gens n'ont décidément aucun second degré parce qu'outre le coté plaisanterie de la petite "fan fiction", la chronique se veut pourtant sérieuse ! J'oserais même dire que si nous avons pris un ton si décalé en début de chronique, c'est justement pour avoir moins mal au coeur de ne pas avoir aimé un album de Gojira, groupe que je respecte pourtant énormément toi comme toi 😉
Commentaire by Gaby on 09/09/2012 at 8:57
Excellente chro, bien marrante. Je pense qu'à terme, quand la discographie de Gojira sera plus conséquente, cet album sera perçu come une sorte de transition car il y a de nouvelles sonorités assez intéressantes. La première erreur est dans le choix de la première chanson et son riff super mou…
Sais-tu s'ils ont commenté un peu cette déception ?
Je suis tombé sur cette chro, plus large, mais assez bien roulée : http://chroniquesdhugues.wordpress.com/2012/09/02/la-cathedrale-13/
@+
Commentaire by Fok on 19/12/2012 at 10:50
Chro sans intérêt, aucune analyse musicale… du gags a répétition… C pas des chro que vous devriez fa!!!
J’ai hate de la suite…. Rien que pour ça j’attends le prochain gojira 🙂
Commentaire by misterpatate on 19/12/2012 at 19:56
Commentaire sans intérêt, d’un lecteur qui n’a pas vu que les “vraies” chros sont en commentaires et qui ne finit pas ses mots. J’ai hâte de la suite… Rien que pour ça, j’attends ton prochain commentaire.
Go forth and Fok
Commentaire by Dav on 07/08/2018 at 8:50
On peut chroniquer un album que l’on a pas aimé tout en gardant une approche respectueuse de l’artiste comme de son travail.
Franchement vous devez vous croire drôle.
Vous n ‘êtes que pathétiquement puéril.
Votre sobriquet vous sied à merveille : Monsieur Patate.
Votre chronique est tout bonnement minable.
Commentaire by Hamster Forever on 09/08/2018 at 11:27
Chapeau bas pour le commentaire qui élève le niveau. Et argumenter pour expliquer en quoi cet album mériterait le respect, c’est trop demander sans doute.
Commentaire by Mister Patate on 09/08/2018 at 11:37
“Votre chronique est tout bonnement minable”.
Oui, mais laquelle ? Celle tout en haut ou celle en commentaire qui est la vraie chronique (parce qu’en fait la chronique est une synthèse de deux chroniques – celle de Mass et la mienne – agrémentée d’une intro).
Avez-vous pris le temps de lire la chronique et les commentaires ?
Avez-vous VRAIMENT écouté cet album ?
Savez-vous que les troubles auditifs touchent plus de personnes qu’on ne le pense ?