Putain, 7 ans. Au final, vous aurez donc dû supporter mes coups de gueule pendant 7 longues années. C’était plutôt fun, à vrai dire. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. « Sauf la saucisse, qui en a deux », rétorquerait Onkel Tom, mais là n’est pas la question aujourd’hui. Après 7 ans, il est grand temps de passer le relais, de laisser la place à quelqu’un d’autre. Après 7 ans, il est temps que je tire ma révérence.
 
7 ans, ça laisse des traces. Au fil des années, j’ai vu la situation évoluer : labels de plus en plus hautains, nombre croissant de groupes incapables d’encaisser la moindre critique, la belle mort des envois promos remplacés par des MP3 watermarkés… Et pourtant, jour après jour, je me mettais à l’ouvrage, malgré cette dégradation du climat pour les webzines. Au final, ces chroniques, ce n’était pas pour les labels. Ce n’était pas vraiment pour les groupes non plus. C’était pour vous. Certains appréciaient. D’autres moins. Les coups et les douleurs, ça ne se discute pas. Cependant, j’ai atteint ce sentiment de trop-plein, vous savez, comme dans une de ces soirées entre potes, lorsqu'une 12e St-Feuillien vous tombe dans les mains et que vous vous dites : « j’ai beau aimer la blonde, je passe mon tour sur celle-là ».
 
Les raisons ? Certainement pas une impression d’être arrivé à mes limites. Au contraire : j’aurais pu continuer à vous abreuver de chroniques acerbes semaine après semaine. Chaque jour aurait été une fête, chaque chronique un festival de phrases assassines. Malheureusement, cela en dit aussi long sur l’état de l’industrie de la musique en cette bien piètre année 2012. Entre anciennes gloires qui ne parviennent pas à raccrocher, jeunes loups recycleurs d’idées et méchus aux goûts musicaux douteux, il est bien difficile de trouver encore suffisamment de groupes enthousiasmants. Il en reste, heureusement, mais séparer le bon grain de l’ivraie revient aujourd’hui à trouver une fille majeure, baisable ++, encore vierge et à jeun à deux heures du mat’ dans une rave-party organisée via Facebook.
 
Et maintenant ? Maintenant, place à la nouvelle génération, à quelqu’un de moins désabusé. Et pour moi ? Une retraite bien méritée, loin de l’actualité Metal, loin de cet univers où les vraies amitiés sont rares et où dire son avis n’est pas toujours bien vu. J’ai parfois fait grincer les dents des fans invétérés de certaines de mes « victimes », voire même de certains musiciens, j’ai parfois été un peu excessif dans les images utilisées, mais j’aurai été sincère tout au long de ces sept années, au grand dam des groupes et labels qui espéraient peut-être un discours plus édulcoré. Des regrets ? Aucun. Jamais de regrets. J’assume tout ce que j’ai écrit. Je me suis même d’ailleurs suffisamment auto-censuré. Plutôt que de perdre mon temps avec l’actualité, je me replongerai avec joie dans les grands classiques de mes genres préférés, ce qui donnera certainement encore lieu à de longues discussions avec mon confrère, concurrent et néanmoins estimé correspondant Winter. Et, qui sait… peut-être pourrez-vous encore compter sur moi, de temps à autre, pour une petite chronique au vitriol…
 
Stay sick, et peut-être à bientôt
 
Mister Patate, Enemy of the Music Business since 2005