La reformation de The Darkness n'a pas été une surprise : après le succès commercial de Permission To Land et la réussite surtout musicale de son successeur, One Way Ticket To Hell And Back, le split du groupe des frères Hawkins en 2006 à la suite des problèmes de toxicomanie du leader Justin Hawkins était quand même prématuré. Par ailleurs, le groupe fondé par Hawkins dans la foulée, Hot Leg, avait démontré que les talents de compositeur du bonhomme étaient restés intacts. On avait donc tout lieu d'attendre cette reformation qui a aussi correspondu à une réconciliation entre les deux frères Hawkins, Justin et Dan. Tant mieux pour eux.

Les mauvaises langues diront, après avoir écouté l'album de la reformation, ce Hot Cakes, que le troisième disque de The Darkness aurait mieux fait d'être le disque de Hot Leg, Red Light Fever. Et il est vrai que ce dernier est bien supérieur à ce Hot Cakes, certes agréable mais manquant quelque peu de fougue. L'entame du mid tempo, « Every Inch Of You », en ouverture du disque, est déjà un indice : le rythme est plus posé qu'auparavant et le refrain plaisant mais sans plus. « Nothing's Gonna Stop Us » accélère le tempo même si le grain de guitare reste trop léger. Elle est suivie par un « With A Woman », s'écoutant elle aussi très bien. Je pourrais décliner longtemps, morceau par morceau, le même commentaire. Si le croisement entre Queen, AC/DC, Aerosmith et Thin Lizzy fait toujours mouche et que les vocalises hauts perchées de Hawkins accrochent souvent l'oreille (« Concrete »), tout ceci est en deça des deux premiers opus. Les refrains ne sont pas irrésistibles et les riffs un peu trop « sages ». Même l'humour présent dans les paroles et les clips n'emporte qu'à moitié la conviction. L'inspiration n'est pas totalement absente mais marque le pas. Cela explique sans doute la présence étrange d'une reprise de Radiohead, « Street Spirit (Fade Out) », bien enlevée, malgré les prises de liberté énormes par rapport à la version originale. 

On remarquera cependant deux titres sortant du lot : le très « Queen » « Keep Me Hangin' On » avec ses gros choeurs et un « Everybody Have A Good Time » dans un style glam 70' bien balancé.  Il est d'ailleurs de bon sens que ce dernier titre soit devenu un single. A contrario, certaines chansons sont franchement dignes de la Face B comme « She Just A Girl » ou la ballade très secondaire « Living Each Day Blind ». On peut cependant imaginer que sur scène tout cela sera transcendé. Sans doute. Mais il faut admettre qu'il n'y a aucun des tubes de jadis à l'horizon. C'est quand même fâcheux quand on pratique une musique aussi délibérément commerciale que celle de The Darkness.  

En conclusion on peut dire qu'Hot Cakes est un achat qui s'impose si vous avez de grosses affinités avec le hard rock classique et déjanté et que vous êtes en quête d'un moment musical très plaisant. Si vous êtes en quête du nouveau Dr Feelgood ou du successeur de Back in Black, la déception sera au rendez-vous. 

Baptiste (7/10)

 

Wind Up / 2012

Tracklist : 1. Every Inch Of You 2. Nothin’s Gonna Stop Us 3. With A Woman 4. Keep Me Hangin’ On 5. Living Each Day Blind 6. Everybody Have a Good Time 7. She Just A Girl, Eddie 8. Forbidden Love 9. Concrete 10. Street Spirit (Fade Out) 11. Love Is Not The Answer