Ne nous voilons pas la face, les américains étaient attendus au tournant par toute la communauté des fans avec ce nouvel album, Silverthorn. Deux ans après la petite déception Poetry For The Poisoned (chronique ici) qui démontrait encore et toujours que KAMELOT regorge de talent mais tourne aussi en rond. Avec le départ surprise de Roy Khan, son chanteur mythique, le groupe avait beaucoup à prouver. Le recrutement de Tommy Karevik (SEVENTH WONDER) en a surpris plus d’un mais on comprend le choix de Thomas Youngblood à l’écoute du disque. Après plus de 21 ans de carrière, KAMELOT doit confirmer son statut de leader de la scène power métal épique.

Silverthorn va exiger de la patience de la part de l’auditeur. Ma première écoute a été très décevante et je commençais déjà à vouer KAMELOT aux gémonies. J’ai eu vraiment l’impression de me farcir un à nouveau Ghost Opera ou Black Halo. La patte KAMELOT est immédiatement reconnaissable et la voix de Karevik est finalement très proche de celle de Khan. Il y a bien sûr quelques différences mais le mimétisme reste flagrant. Youngblood a choisi de ne pas se compliquer la tâche en prenant en chanteur très proche vocalement (et dans la gestuelle) par rapport à son prédécesseur. Autant Fabio Lione ramait parfois sur certaines chansons, autant là on peut être sûr que le défi de se frotter au vieux répertoire va être relevé aisément. Attention, on peut dès la première écoute apprécier la qualité de la musique proposée, la richesse des arrangements et l’efficacité des compositions mais j’espérais un nouveau départ pour les américains. Mais la grande leçon de Silverthorn est que celui qui persévèrera sera finalement récompensé. Certains parleront de méthode Coué, à force de vouloir aimer ce disque, j’ai fini par atteindre mon but.

L’album est fondamentalement plus orchestral, moins rentre-dedans que son prédécesseur. Alors que le départ de Kahn aurait pu signifier la fin d’une époque pour le groupe, Youngblood et ses compagnons ont assuré une continuité par rapport au passé musical récent du groupe. L’univers est toujours plus sombre et inquiétant. En plus d’un « Sacrimony » très traditionnel, « Ashes to Ashes » est beaucoup plus tranchant et attaque l’auditeur bille en tête. Il me semble que Kahn prenait de plus en plus de place dans KAMELOT et qu’avec le recrutement de Karevik, Youngblood reprend fermement les rênes du groupe. Les guitares sont plus agressives que jamais et mènent sans opposition les débats malgré les orchestrations et les couches de claviers. Mais comme c’est un guitariste intelligent et talentueux il sait laisser de la place à ses camarades et ne pas sortir le rouleau-compresseur du début à la fin. Les morceaux de bravoures alternent les plages plus calmes comme « Song For Jolee » pour permettre à chacun de reprendre sa respiration. Ces compositions plus intimistes laissent aussi éclater la maîtrise et le talent du nouveau chanteur.

Encore une fois les américains ont su s’entourer d’une fine équipe pour mener à bien cette nouvelle aventure : Elize Ryd (AMARANTHE), Alissa White-Gluz (THE AGONIST) et le groupe EKLIPSE auxquelles vous ajoutez les habituels Sascha Paeth, Miro, Amanda Somerville…. Et il faut admettre que c’est du beau travail. Tout sonne bien et juste malgré la complexité de certaines parties avec chœurs, instruments à cordes et nappes de claviers. Le groupe lui-même est au sommet de son art, chaque musicien offrant une très belle prestation. Mention spéciale pour Casey Grillo, un des batteurs métal les plus sous-évalués, qui m’épate album après album pour sa maîtrise technique.

Finalement, Silverthorn laisse une impression très positive tout en ayant provoqué une large palette d’émotions à son auditeur. Ceux qui espérait un renouveau et un changement de cap seront déçus, KAMELOT n’a pas dévié d’un pouce de son chemin mais avouons qu’ils font cela très bien. On laisse passer pour cette fois car le groupe devait rassurer avec un nouveau chanteur. Nous serons par contre moins compréhensifs avec le prochain si la recette continue à ne pas évoluer.

Oshyrya (8,5/10)

 

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SPV / Steamhammer – 2012

Tracklist (56:29 mn) 01. Manus Dei 02. Sacrimony (Angel Of Afterlife) 03. Ashes To Ashes 04. Torn 05. Song For Jolee 06. Veritas 07. My Confession 08. Silverthorn 09. Falling Like The Fahrenheit 10. Solitaire 11. Prodigal Son Part I: Funerale Part II: Burden Of Guilt (The Branding) Part III: The Journey 12. Continuum