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Voilà sans doute un album que beaucoup attendaient. On ne présente plus Between The Buried And Me, les Américains surdoués du Metal Prog contemporain. Ceux qui ont fait d'un groupe comme Dream Theater un groupe presque has-been (je ne vais pas me faire que des amis avec ça), ceux qui ont, indéniablement, marqué l'histoire du Metal. En Metal Prog avec de grosses couilles, il n'existe à mon avis pas d'équivalent aujourd'hui. Il existe bon nombres d'autres groupes talentueux (Opeth ou DT, bien sur), mais aucun n'a pour moi été aussi loin dans l'exploration des limites du style.

Toujours bloqué entre les 70's, le (post)Deathcore et le Heavy, BTBAM est un enchantement pour les amateurs de musique complexe et agressive. Il y a un peu plus d'un an, sortait l'EP The Parallax I, et la suite, je l'ai déjà dit, était fortement attendue. Et avec plus de 70 minutes en longueur, certains titres dépassant les 10 minutes, voir même 15 (« Silent Flight Parliament »), The Parallax II n'est pas un album qui se digère facilement. Et justement, ça fait partie du plaisir de l'auditeur, même si, du point du vue du rédacteur, c'est plus difficile. Comment, en effet, parler, avec des mots et sans s'étaller sur 5 pages, d'une musique aussi recherchée, aussi complexe (qu'Edgar Morin me vienne en aide !), aussi bien foutue, sans se contenter de dire « bah, les mecs, écoutez moi bien, c'est complexe et bien foutu… » ?

Je pourrais me faciliter le travail en disant que BTBAM fait du BTBAM (c'est d'ailleurs le seul reproche qu'on pourra formuler à l'encontre de The Parallax II, mais c'est là une critique un peu faiblarde et un peu facile, je le conçois parfaitement), mais ce n'est, en plus, pas totalement exact. Le groupe est toujours autant inspiré (sauf pour sa pochette), peut-être même plus encore qu'avant. Le chant de Tommy n'a jamais été aussi bon. Il oscille avec une facilité absolument déconcertante entre hurlement, growl et chant clair. Jamais il ne donne dans la soupe, jamais il ne tombe dans les clichés éculés des genres finissant en -core. Les grattes sont plus folles que jamais, la basse est hyper agile, se joue de toutes les difficultés, rajoute du groove et du claquement à tous les étages, la batterie est démentielle. Mais où ces mecs vont-ils s'arrêter ? Je ne sais pas.

Parallax II est plus fou que son prédécesseur, le groupe n'hésitant pas à taper des instrus chelous (du xylophone et du violon en pizzicato et à l'archet dans « Extremophile Elite » par exemple, ou un passage festivo-artistique de cirque dans « Bloom ») et les prises de risques sont assez nombreuses, sans être totalement ubuesques non plus (ça reste du Metal qui tâche). Tout est toujours plus compliqué : si on retrouve des ponts avec les albums précédants (Colors ou The Great Misdirect sont clairement les parents légitimes de cet enfant prodige), Parallax II donne l'impression que le groupe a voulu épater la galerie en signant chez Metal Blade (c'est vraiment con, d'ailleurs, pour Victory, qui perdait là un de ses meilleurs poulains).

Une franche réussite, voilà ce qu'est cet album. Difficile a digérer, à retenir, à comprendre, certes. Mais quel pied ! Chaque écoute semble totalement nouvelle, on découvre ici et là un effet supplémentaire, un coup de génie dans la construction, une nouvelle limite repoussée… À certains, il paraîtra hermétique, et c'est vrai, tant parfois il est difficile de rentrer dedans. Le revers de la médaille d'un album pareil, c'est que, si il ne tourne pas à la démonstration, il ressemble parfois à un inventaire des possibilités conceptuelles et techniques du Metal progressif. Malgré toutes ses qualités indéniables, Parallax II ne trouvera sans doute pas d'échos en dehors des amateurs du genre. Voilà peut-être le prochain défi de BTBAM : écrire un album aussi abouti, mais le mettre à la portée du metalhead moyen ?

Poney (8/10)

 

Site officiel

Metal Blade – 2012

Tracklist (73.33) : 01. Goodbye to Everything 02. Astral Body 03. Lay Your Ghosts to Rest 04. Autumn 05. Extremophile Elite 06. Parallax 07. The Black Box 08. Telos 09. Bloom 10. Melting City 11. Silent Flight Parliament 12. Goodbye to Everything Reprise