250x250Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis 1996, l’année du chant du cygne de Carcass. Le retour sur les planches de Jeff Walker et de ses sbires en 2008 avait déjà fait sensation mais, à l’époque, Bill Steer éludait la question du nouvel album, avançant qu’il ne s’occupait pas vraiment de cela et qu’il ne savait même pas dans quels pays le groupe allait jouer à court terme. Il aura donc suffit au groupe de retirer les Suédois de l’équation et de les remplacer par deux compatriotes (Ben Ash à la gratte et Daniel Wilding à la batterie) pour redevenir un combo à part entière et prêt à reprendre du service en studio. Les annonces se succèdent, le titre est dévoilé, l’artwork aussi, le groupe signe chez Nuclear Blast et nous voici donc, anno 2013, avec la première offrande studio de Carcass en 17 ans.

Alors, la Carcasse a-t-elle bien résisté aux assauts du temps ?

Premier constat, et non des moindres : Carcass nous place en terrain connu. Comme l’évoquait Jeff, chaque album avait fait grincer des dents chez les fans, et celui-ci ne dérogera pas à la règle. Si les évolutions entre les différents albums précédents avaient été une source de critiques par le passé, le mécontentement vient plutôt ici de l’absence de prise de risques. Surgical Steel fait en effet office de pot-pourri des qualités du groupe, le mariage entre hargne et mélodie (ce cocktail qui faisait merveille sur un bijou comme Heartwork). Après 17 ans, certains pourraient donc se sentir floués. Peut-être en attendaient-ils tout simplement trop, mais Carcass n’en a cure. Au niveau du son, on passera sur les péripéties en studio (Colin Richardson ayant quitté la table de mixage pour s’occuper de Trivium, laissant ainsi la place à Andy Sneap) et on soulignera la qualité générale de cet album : chaque instrument est mis en valeur, l’aspect mélodique de l’album ressort parfaitement… Carcass nous livre – à ce niveau – un album parfait.

Mais au niveau des compos, cet album est-il aussi parfait ?

Personnellement, je ne lui ai trouvé aucun véritable défaut : les compos sont solides et efficaces, l’album s’écoute avec plaisir et donne envie d’y revenir, même après plusieurs écoutes. Carcass a beau ne pas avoir réinventé la roue, il nous propose un album qui sonne à la fois « Carcass traditionnel » et « frais », ce qui n’était pas gagné d’avance. Nuclear Blast semble d’ailleurs avoir bien compris l’engouement actuel, au vu de la kyrielle de pressages différents qui sera proposée aux gogos fans du groupe : outre le traditionnel CD et digipak, nous aurons donc droit à la K7 (oui, parce que le fan de Carcass de la première heure est vieux aujourd’hui), au vinyl en six coloris différents (noir, blanc, orange, bleu, vert, brun), au box et, gadget suprême, la boîte de premiers soins Carcass. La maison Donzdorf donne ici la bien triste impression de jouer au vautour désireux de se tailler un gros bout de la Carcass. 

Carcass, une fois de plus, divisera avec ce nouvel album. Les uns crieront au scandale, les autres au génie. Personnellement, je me range du côté des enthousiastes qui, 17 ans après Swansong, redécouvrent avec plaisir le talent d’un groupe qui nous avait manqué.

Mister Patate (8,5/10)

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Nuclear Blast Records / 2013
Tracklist 1. 1985 2. Thrasher's Abattoir 3. Cadaver Pouch Conveyor System 4. A Congelated Clot Of Blood 5. The Master Butcher's Apron 6. Noncompliance To ASTM F899-12 Standard 7. The Granulating Dark Satanic Mills 8. Unfit For Human Consumption 9. 316L Grade Surgical Steel 10. Carcass 11. Mount Of Execution