Le débat sur l’objectivité, cette éternelle peau de banane, s’est à nouveau invité récemment à la suite d’une de mes chroniques. Encensez un album et vous n’aurez aucun reproche. Descendez-le et on vous reprochera votre subjectivité crasse. Et pourtant, même si certains ne veulent pas le reconnaître, l’objectivité n’existe pas lorsque l’on parle musique, et Thoughtscanning, le premier effort de We All Die (Laughing) en est un parfait exemple.

WADL (aucun lien de parenté avec Chris, bien entendu) est donc la rencontre entre Déhà, multi-instrumentaliste de talent, et la voix d’Arno Strobl (qu’on ne présente plus). Sur le papier, ça s’annonce déjà plus que bien. Une plage, 33 minutes, une étiquette Metal progressif et extrême : Thoughtscanning intrigue avant même de débuter. À quoi pouvons-nous nous attendre ? Après plusieurs écoutes, j’ai un peu le sentiment d’avoir été trompé. Progressif et extrême ? À mes yeux, le seul élément progressif est la durée du morceau, et je cherche encore ce qui pourrait justifier le qualificatif d’extrême (si ce n’est un passage plus énervé, rien à l’horizon).

Toutefois, d’un point de vue purement objectif et mis à part ce problème d’étiquette, je n’ai rien à reprocher à Thoughtscanning. La prestation d’Arno Strobl, quel que soit le registre, est parfaite : pas un passage faible, pas un registre moins bien maîtrisé, il n’y a tout simplement rien à redire. Au niveau musical, le même constat s’applique à la musique composée par Déhà. C’est beau, suffisamment travaillé pour ne pas lasser et sans pour autant tomber dans le progressif radical qui laisse l’auditeur avec une migraine. En toute objectivité, cet album est une réussite.

Et pourtant, il ne suscite chez moi aucune émotion. Les bouses Deathcore me collent des envies de meurtre et d’incendies criminels, Hatebreed me redonne la pêche et l’envie d’avancer en collant des beignes à tout ce qui se mettre dans mon chemin, NOFX me donne le sourire toute la journée… et WADL me laisse indifférent. Tout à fait indifférent. Comme quoi, on peut être en présence d’un album de qualité supérieure et n’avoir aucune envie de l’acheter parce qu’au fond de soi-même, il n’allume aucune passion.

Mister Patate (objectivement 9/10, mais je ne l’achèterai pas)

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Kaotoxin Records / 2014
Tracklist (33 minutes) 1. Thoughtscan