Archive for mars, 2015

Archgoat – The Apocalyptic Triumphator

« Nuns, Cunts And Darkness ». Vous ne rêvez pas. Quand vous trouvez ce genre de titres dans la tracklist d’un album, vous vous doutez que ça ne va pas parler de la quête d’un preux chevalier parti à la recherche d’une épée d’émeraude dans les forêts d’un royaume lointain. Non, on va parler de blasphèmes, on va parler de tous les trucs dégueulasses qu’on ferait bien à ces fiotasses de chrétiens, on va parler de Satan, de parties génitales et de plein d’autres trucs qui hérissent le poil des bonnes sœurs. Et quand le groupe en question est Archgoat, on se doute aussi que le propos ne sera pas très fin musicalement non plus. Bingo, The Apocalyptic Triumphator est un pavé de haine, radical dans sa force de frappe.

Et c’est à la fois sa force et sa faiblesse. Sa force parce qu’Archgoat va au fond des choses. À la manière d’un Hate Forest dans son genre, Archgoat ne fait pas la moindre concession. Vous vouliez du blasphème ? Vous allez en bouffer par paquets de 666. Et cette voix, bordel, ce chant presque Death, ce grondement de bête ! À quoi bon faire dans le criard si on peut être aussi menaçant avec ce growl ? Sa faiblesse parce qu’Archgoat use l’auditeur et effectue un travail de sape sur les tympans. C’est qu’il faut l’encaisser, cet album, ces 40 et quelques minutes de radicalisme musical…

Archgoat n’est pas fait pour tout le monde. Archgoat ne plaira pas à tout le monde. Et je pense qu’Archgoat s’en fout. Loin des effets de mode – comme tant de groupes de Black Metal –, Archgoat poursuit son chemin pavé de blasphèmes. Pas question de conquérir de nouvelles parts de marché avec The Apocalyptic Triumphator, ici, on se contente de faire mal, de frapper fort… Et ça fonctionne.

Mister Porn (7,5/10)

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Debemur Morti Productions / 2015
Tracklist (41:17)
Side A 1. Intro (Left Hand Path) 2. Nuns, Cunts and Darkness 3. The Apocalyptic Triumphator 4. Phallic Desecrator of Sacred Gates 5. Grand Luciferian Theophany 6. Those Below (Who Dwell in Hell)
Side B 7. Intro (Right Hand Path) 8. Congregation of Circumcised 9. Sado-Magical Portal 10. Light of Phosphorus 11. Profanator of the 1st Commandment 12. Funeral Pyre of Trinity

Je me demande vraiment quelle mouche a bien pu piquer Lord Worm quand il s’est lancé dans l’aventure Rage Nucléaire, à plus forte raison quand on voit à quel point son chant est trafiqué. Pour le même prix, il suffisait de choper le premier clodo venu avec des cordes vocales cramées par des années de clopes sans filtre et de pinard premier prix, de lui faire gueuler sa haine du monde dans un micro et de tout passer à la moulinette des effets de distorsion. Enfin, les voies du Seigneur Ver sont impénétrables, et nous voici donc face au deuxième effort des Canadiens de Rage Nucléaire… Et c’est toujours aussi moyen.

Parce qu’en fait, le groupe a choisi une voie, s’y est engagé et n’en démord pas. Le riff se rapproche de la tronçonneuse, la batterie essaie de faire de l’ombre au conflit ukrainien et le chant inhumain est dégueulé sans arrêt à la face d’un auditeur qui ne sait pas vraiment comment réagir. Ce que je trouve dommage, c’est justement ce côté inhumain, artificiel. Ça manque de sang, de tripes, c’est stérile. Rage Nucléaire a beau vouloir véhiculer un message de haine, il n’atteint pas la même force de frappe que, par exemple, un Malevolent Creation. Rage Nucléaire, c’est un missile, tiré de loin, qui amène la mort en une pluie de feu. Il n’y a pas l’implication, la proximité. Malevolent Creation, c’est le malade qui t’égorge à la tronçonneuse dans un bus bondé de bonnes sœurs, qui trempe ses mains dans ton sang. C’est viscéral. Rage Nucléaire est trop clinique (et c’est un comble quand on entend cet album, ce son grésillant comme une tondeuse mal entretenue).

Rage Nucléaire trouvera son public, cela ne fait aucun doute. Personnellement, je suis plus que dubitatif. Si je veux vraiment un bol de haine, mon fournisseur officiel est anglais et répond au doux nom d’Anaal Nathrakh…

Mister Porn (4/10)

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Season Of Mist Records / 2014
Tracklist (46:22) 1. Annihilation Frenzy 2. A Sino-American Chainsaw War 3. The Deadfall Triptych 4. Goddess of Filth 5. Ritual Murder (And Its Attendant Blessings) 6. Le grand mal de vivre 7. Revel in Bones 8. Black Storm of Violence

 

Se pencher sur le cas de Nocternity sans avoir la moindre connaissance préalable du groupe est un exercice risqué, tant il semble que, pour certains, ce groupe jouit d’une réputation en béton. Avouons-le : les Grecs sont toujours parvenus, jusqu’à présent, à rester éloignés de mon radar (il faut dire que leur dernier effort remonte à un bon paquet d’années et que j’ai eu tendance, peut-être un peu trop longtemps, à privilégier les contrées du Nord quand il s’agissait d’écouter du Black Metal), et sans l’envoi d’une copie promo, je ne pense pas que j’aurais pris le temps de m’intéresser à cet album.

Et je ne sais toujours pas vous dire si j’aurais raté quelque chose ou pas.

Parce que Nocternity souffle le chaud et le froid. D’un côté, les Grecs sont passés maîtres dans l’art de tisser une ambiance, une atmosphère hypnotique, avec des riffs répétés encore et encore, comme autant de vagues venant s’écraser sur les rochers des côtes de Crète (oui, j’ai besoin de vacances), avec des patterns sur lesquels viennent se greffer quelques variations et une propension marquée à rester dans le mid-tempo. Harps Of The Ancient Temples invite presque à la contemplation…

… mais cette apparente simplicité, cette répétition peut aussi, chez certains, susciter aussi une certaine lassitude. Oui, c’est bien exécuté, oui, les idées sont bonnes et les sonorités hypnotiques, mais je pourrais aussi comprendre que certains se lassent vite. Personnellement, il m’est arrivé d’avoir des écoutes entières sans le moindre ennui et d’autres où l’envie de passer à quelque chose de plus varié pointait le bout de son nez après une dizaine de minutes.

Nocternity me convainc en moyenne une écoute sur deux. Quand je parviens à rentrer dans l’album, il fait mouche… mais achèteriez-vous un album qui vous laisse de marbre une fois sur deux ? Je ne peux pas expliquer ce qui rend cet album à la fois magique et chiant. Amateurs de Black hypnotique, cet album est fait pour vous. Quant à moi, je lui redonnerai sa chance, encore et encore, jusqu’à ce que j’arrive à mettre le doigt sur le nœud du problème… et qui sait, peut-être ne le trouverai-je jamais…

Mister Porn (6/10)

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Iron Bonehead Productions / Necroshrine Records / 2015
Tracklist (47:30) 1. The Black Gates 2. Harps of the Ancient Temples 3. Titans 4. River of Woe 5. B.O.D.D. 6. Blood Rite Tree 7. Opaline Eye of Death 8. Andromeda