Archive for mars, 2015

Execration – Morbid Dimensions

Execration fait un peu figure d’énigme à mes yeux, tout simplement parce que Morbid Dimensions sonne comme un album d’il y a vingt ans. Voire même plus ancien. Que ce soit au niveau des compositions, du son, voire même de l’artwork un peu cheap, Execration dégage une impression de vieux, et la difficulté aujourd’hui sera de déterminer si c’est un compliment ou, au contraire, une critique.

Au niveau des compos, donc, Execration est à l’opposé de tous ces groupes de Death moderne pour qui la musique est devenue une course à la vitesse ou un concours de brutalité. Execration joue davantage la carte de l’ambiance et délivre un Death posé, majoritairement lent et porté par la guitare. Le riff ne tronçonne pas les tympans : au contraire, dans de nombreux passages, il s’avère presque mélodique, mais pas dans le sens « suédois, regardez comme je suis doué » du terme. On se rapproche plutôt du Black, un Black ambiancé, loin du radicalisme de certaines formations « tout au taquet ».

Et le son ? Le son est presque « fragile ». La prod’ de Morbid Dimensions ne donne pas l’impression d’un mur indestructible. Au contraire, la batterie sonne étonnamment naturelle, la guitare ne prend pas le dessus, la basse est en retrait (comme sur bon nombre d’albums, me direz-vous) et le chant s’intègre parfaitement au reste. Bien équilibré, donc, mais un poil faiblard. J’ai même l’impression que certaines formations étaient capables de sortir un son bien plus bourrin il y a plus de vingt ans.

Personnellement, je trouve pourtant que cet album a une saveur particulière. À une époque où le petit jeu de « qui aura la plus grosse prod’ » débouche parfois sur des galettes défigurées (je pense particulièrement à Fallujah et son dernier album presque inécoutable), Execration mise davantage sur le songwriting et livre un album bien équilibré et, paradoxalement, plus intéressant que bon nombre d’autres sorties parce qu’il a su sortir de cette course en avant, faire ce qu’il voulait et nous proposer quelque chose de différent, de plus posé, de plus recherché. Une bonne surprise.

Mister Porn (7/10)

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Duplicate Records / 2014
Tracklist (60:29) 1. Cosmic Mausoleum 2. Ritual Hypnosis 3. Doppelgangers 4. Morbid Dimensions 5. Tribulation Shackles 6. Vestiges 7. Ancient Tongue 8. Miasmal Sabbath 9. Funeral Procession

 

Moonspell – Extinct

Moonspell est un de ces groupes que je n’écoute jamais spontanément. Mettez moi une quinzaine d’albums devant le nez et glissez parmi eux un Moonspell et les chances que je me penche sur le cas des Lusitaniens sont infimes. Il aura donc fallu que l’ensemble de la rédac ignore somptueusement Extinct et qu’un ami me parle de la sortie imminente du même Extinct pour que je me décide enfin à m’intéresser à Moonspell de manière volontaire. Tout ça pour dire que vous pourrez me reprocher mon ignorance crasse tout au long de la chronique si je dis une connerie à vos yeux, car je pars d’une page blanche, sans véritable connaissance du sujet ni véritable a priori (enfin si, quand même un peu).

Et je suis agréablement séduit par ce que j’entends.

Parce que je m’attendais à un album un peu gnangnan sur les bords, sombre, pleurnichard. Vous savez, cette ambiance de Fado transposée sur une trame de Metal. Et en fait, pas du tout. Bon, Extinct n’est pas un uppercut dans la face, ni un genou dans les burnes.  Dans l’ensemble, même quand le frontman hausse le ton, Extinct reste bien plus sage que ce que j’ai l’habitude d’écouter. Et pourtant, Extinct frappe juste. Tout est là pour obtenir un album réussi : un single hyper efficace (le titre éponyme), une dose d’énergie et de hargne (« Malignia » en est le meilleur exemple), un poil de mélodie (l’intro de « Domina », pour ne citer qu’elle), juste ce qu’il faut de refrains mémorables portés par une voix chaude (putain mais ce refrain d’« Extinct », quoi !), la touche symphonique (encore « Extinct », par exemple) ou orientale sur « Medusalem » qui vient magnifier le tout. J’ai entendu dire que Moonspell s’est franchement assagi avec le temps et qu’il flirte avec le goth et le rock. Perso, je ressens les mêmes sensations avec Moonspell qu’avec Tiamat, mais en un peu moins sombre. Et ça ne me donne pas franchement envie de découvrir les premiers efforts des Portugais, parce que ce Moonspell-là me plaît. Je sens d’ailleurs que je remonterai petit à petit leur discographie à l’envers, histoire de rattraper mon retard. Ma seule remarque négative serait l’artwork : on dirait une pochette de Septic Flesh du pauvre. Ça tombe bien, elle vient de la même plume.

De l’ambiance, de l’énergie, de la mélodie, de la mélancolie : Extinct est une montagne russe de sensations, mais une montagne russe qui ne redescendrait jamais, qui emmène toujours plus haut. Je suis à des lieues de ma « zone de confort » en Metal, mais je m’y sens bien. Ça doit être ça, la marque d’un grand album : pouvoir sortir quelqu’un de sa zone de confort sans que cela ne le trouble.

Mister Porn (8,5/10)

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Napalm Records / 2015
Tracklist (45:38) 1. Breathe (Until We Are No More) 2. Extinct 3. Medusalem 4. Domina 5. The Last of Us 6. Malignia 7. Funeral Bloom 8. A Dying Breed 9. The Future Is Dark 10. La Baphomette

 

Carach Angren – This Is No Fairytale

Voilà une bonne surprise, le genre de surprises qui n’arrivent que trop rarement, malheureusement, le genre d’albums que l’on ne peut simplement pas ne pas aimer si on est amateur du genre. Cette fois, il est question de Black symphonique, et l’heureux élu, celui qui m’a pris en traître n’est autre que Carach Angren, dont le dernier album, This Is No Fairytale, n’a rien à envier à d’autres grands noms à la renommée bien mieux établie.

Tout d’abord, il y a cette intro purement symphonique. Je ne me souviens pas avoir déjà entendu une intro sympho aussi réussie. C’est sombre, mystérieux, maîtrisé de bout en bout, une mise en bouche excellente avant « There’s No Place Like Home ». Voilà, les choses sérieuses commencent, la machine s’emballe et les arrangements symphoniques viennent se marier parfaitement avec le Black pratiqué par les Hollandais. Un peu comme Saille, Carach Angren vient marcher sur les plate-bandes des deux monstres du genre, j’ai nommé Dimmu et Cradle. Mieux encore : là où ces deux géants n’ont plus grand-chose à proposer et ont quelque peu perdu de leur éclat, Carach Angren se veut à la fois efficace et ambitieux. Les apports symphoniques sont bien intégrés et ne sonnent pas cheap (« Dreaming Of A Nightmare In Eden » fait partie, aussi, des interludes sympho les mieux maîtrisés depuis quelques années), la base Black Metal est efficace… et que dire de la prestation du frontman, si ce n’est qu’elle est tout aussi convaincante que celle d’un Shagrath ?

This Is No Fairytale est un album ambitieux. Chaque morceau est une histoire, passionnante, narrée par un frontman possédé par sa prestation. En l’espace de quelques sorties, Carach Angren a su se faire un nom, se forger un son et, surtout, progresser à un rythme soutenu. This Is No Fairytale est une des excellentes surprises de l’année. Dimmu Borgir a pris du recul ? Pas grave, les plats pays nous ont servis deux remplaçants moins réputés mais sacrément réputés avec Saille et Carach Angren.

Mister Porn (8,5/10)

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Season Of Mist Records – 2015
Tracklist (44:13) 1. Once upon a Time 2. There's No Place like Home 3. When Crows Tick on Windows 4. Two Flies Flew into a Black Sugar Cobweb 5. Dreaming of a Nightmare in Eden 6. Possessed by a Craft of Witchery 7. Killed and Served by the Devil 8. The Witch Perished in Flames 9. Tragedy Ever After