Moonspell est un de ces groupes que je n’écoute jamais spontanément. Mettez moi une quinzaine d’albums devant le nez et glissez parmi eux un Moonspell et les chances que je me penche sur le cas des Lusitaniens sont infimes. Il aura donc fallu que l’ensemble de la rédac ignore somptueusement Extinct et qu’un ami me parle de la sortie imminente du même Extinct pour que je me décide enfin à m’intéresser à Moonspell de manière volontaire. Tout ça pour dire que vous pourrez me reprocher mon ignorance crasse tout au long de la chronique si je dis une connerie à vos yeux, car je pars d’une page blanche, sans véritable connaissance du sujet ni véritable a priori (enfin si, quand même un peu).

Et je suis agréablement séduit par ce que j’entends.

Parce que je m’attendais à un album un peu gnangnan sur les bords, sombre, pleurnichard. Vous savez, cette ambiance de Fado transposée sur une trame de Metal. Et en fait, pas du tout. Bon, Extinct n’est pas un uppercut dans la face, ni un genou dans les burnes.  Dans l’ensemble, même quand le frontman hausse le ton, Extinct reste bien plus sage que ce que j’ai l’habitude d’écouter. Et pourtant, Extinct frappe juste. Tout est là pour obtenir un album réussi : un single hyper efficace (le titre éponyme), une dose d’énergie et de hargne (« Malignia » en est le meilleur exemple), un poil de mélodie (l’intro de « Domina », pour ne citer qu’elle), juste ce qu’il faut de refrains mémorables portés par une voix chaude (putain mais ce refrain d’« Extinct », quoi !), la touche symphonique (encore « Extinct », par exemple) ou orientale sur « Medusalem » qui vient magnifier le tout. J’ai entendu dire que Moonspell s’est franchement assagi avec le temps et qu’il flirte avec le goth et le rock. Perso, je ressens les mêmes sensations avec Moonspell qu’avec Tiamat, mais en un peu moins sombre. Et ça ne me donne pas franchement envie de découvrir les premiers efforts des Portugais, parce que ce Moonspell-là me plaît. Je sens d’ailleurs que je remonterai petit à petit leur discographie à l’envers, histoire de rattraper mon retard. Ma seule remarque négative serait l’artwork : on dirait une pochette de Septic Flesh du pauvre. Ça tombe bien, elle vient de la même plume.

De l’ambiance, de l’énergie, de la mélodie, de la mélancolie : Extinct est une montagne russe de sensations, mais une montagne russe qui ne redescendrait jamais, qui emmène toujours plus haut. Je suis à des lieues de ma « zone de confort » en Metal, mais je m’y sens bien. Ça doit être ça, la marque d’un grand album : pouvoir sortir quelqu’un de sa zone de confort sans que cela ne le trouble.

Mister Porn (8,5/10)

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Napalm Records / 2015
Tracklist (45:38) 1. Breathe (Until We Are No More) 2. Extinct 3. Medusalem 4. Domina 5. The Last of Us 6. Malignia 7. Funeral Bloom 8. A Dying Breed 9. The Future Is Dark 10. La Baphomette