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01. Ton aventure avec BLOOD STAIN CHILD n’a duré que deux ans, le temps d’un album. Que s’est-il passé ? Si tu devais résumer cette aventure à travers un souvenir, quel serait-il ?

Aigre-doux. Pour résumer, j’attendais de leur part un environnement plus professionnel et ils attendaient sans doute de moi d’agir en poupée, en plus de ressembler à une poupée (rires): muette, sans trop de personnalité, sans opinion ni leadership (rires). Et en tant que personne, je suis totalement à l’opposé de cela (rires). Je n’élève presque jamais la voix, je suis polie et j’aime m’habiller de vêtements mignons donc les gens considèrent souvent que cette gentillesse s’apparente à de la faiblesse. Grosse erreur. Je ne fais pas de vague jusqu’au moment où je découvre que les gens m’exploite ou font preuve de mauvaises manières à mon égard. Et cela je ne peux l’accepter ni le pardonner. Je suis une des personnes les plus tolérantes de cette planète mais mon histoire avec BLOOD STAIN CHILD a atteint des proportions déraisonnables, donc j’ai été obligé de sortir mes griffes de tigre et faire ce que je déteste le plus: me battre.

Je pourrais exposer de nombreux détails assez frappant sur la façon dont ils m’ont maltraitée régulièrement mais je me contenterais de dire que je me suis parfois sentie embarrassée pour eux. Ils ne comprenaient sans doute pas à quel point leurs comportements s’avéraient embarrassant. Je tolérais la situation dans l’espoir qu’ils allaient changer envers moi et parce que les fans croyaient en moi, aimaient tellement le disque. Mais ne nous voilons pas la face, je supportais tout cela aussi car j’aurais dû payer des montants absolument ridicules pour être en mesure de vivre et jouer de la musique au Japon. C’est quelque chose que tout le monde peut faire, donc en dehors des aspects sentimentaux, j’essayais également de protéger mon investissement. Finalement, la situation se dégradant encore, j’ai donc choisi de privilégier ma santé plutôt que mon investissement (rires).

 

02. Nous avons pu lire ici et là que ce nouveau chapitre, SEASON OF GHOSTS, était né en octobre 2013. Quelle était alors ton idée, ton ambition ? Est-ce un véritable groupe ou un projet studio ?

SEASON OF GHOSTS est bien un groupe dont le seul membre officiel n’est autre que moi. Les autres membres officiels sont des légions de fantômes aliens, mais puisque les instruments sont trop lourds pour eux, j’ai engagé des humains pour partager la scène avec moi, ma propre légion fantôme: Zombie Sam à la guitare, Paul Dark Brown à la basse et Max Buell à la batterie ! J’ai initié l’aventure SEASON OF GHOSTS avec le désir d’y investir toute mon âme et de montrer au monde qui je suis vraiment.

L’honnêteté est une chose importante à mes yeux, donc être honnête en tant qu’artiste à travers ma musique s’avère aussi vital. Quand j’ai débuté ma carrière professionnelle en tant que chanteuse, les gens me disait que je devais me construire une personnalité, un personnage factice pour la scène. Mais cela m’a rapidement semblé inutile de poursuivre dans cette voie à travers des mensonges. Mon vrai caractère est assez compliqué pour que chacun pour apprendre quelque chose de nouveau sur moi tous les jours (rires). Les vérités que je veux partager avec tout le monde sont plus intéressantes que les faux-semblants d’un personnage factice de scène.

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03. Comment as-tu decide de collaborer avec l’équipe de rêve de Coroner Records composée d’Ettore Rigotti (DISARMONIA MUNDI), Zombie Sam et Neroargento ? Comment s’est déroulé le travail de composition ?

Pour dire la vérité, j’ai étudié les offres de nombreux labels au début. Ces propositions venaient à la fois de gros labels européens et japonais mais les conditions proposes ne correspondaient pas à ma vision donc j’ai fait le choix du DIY (fais le toi-même) et j’ai pris ma carrière directement en main. J’étais déçue et triste après le naufrages BLOOD STAIN CHILD, j’étais déprimé et j’ai donc demandé mon équipe de producteur de composé pour moi à partir de mes idées. Puis, en parlant avec mon frère et Zombie, j’ai réalisé que j’étais capable de subvenir à mes besoins créativement parlant sans avoir à compter sur les autres pour me fournir des chansons. J’ai alors piqué une grosse colère et je me suis enfermé dans une pièce, convaincue de devoir alors DETRUIRE mes limites et mes purs, à l’image de ce que j’avais fait avec BLOOD STAIN CHILD au moment d’accepter leur proposition de rejoindre le groupe. Il me fallait surmonter ma peur de la scène et mes attaques paniques.

Donc j’ai composé The Human Paradox en dix jours environ réparti sur un mois. Dès que j’ai touché mon piano, les idées ont commencé à se bousculer, au point que j’ai composé assez pour remplir deux albums (rires). Les producteurs devenaient dingues, me suppliant d’arrête. L’inspiration s’est déversée par torrent. Comme dit l’expression anglaise, « Quand il pleut, c'est le déluge ». Après cette phase de composition, j’avais à l’esprit une idée assez claire et solide de la façon dont l’album devait sonner. Certaines de ces idées ont été mises au défi par Zombi et Nero mais la majorité d’entre elles sont restées intactes. Je suis resté stricte et inflexible quant au choix des instruments, des effets, des sons… tout ! Donc j’ai fini par co-produire l’album réalisant ainsi que je suis une « control-freak » dans le boulot (rires). Je ne vais pas me coucher tant que tout n’est pas parfait et cela a pu causer de jolis maux de tête aux producteurs. Mais nous nous sommes tous sentis fiers devant le résultat final.

Imagine produire un album à travers ce satané Skype ! Il fallait gérer le problème de la distance, la barrière de la langue car la maîtrise de la langue anglais de Zombie n’était alors pas extraordinaire et le fait qu’il s’agissait de ma première tentative de produire de la musique. Il me manquait la bonne terminologie, le bon état d’esprit et la technique, j’ai dû exprimer mes idées parfois de façon assez primitive (rires) Mais ce fut une expérience fascinante malgré tout !

 

04. Les paroles sont plutôt sombres, mélancoliques et pas très optimistes. Cela é-t-il été une expérience cathartique, une libération pour toi ?

Tu me connais bien désormais (rires). Oui, l’objectif de mon part a toujours été cathartique. Je veux guider l’auditeur à travers un processus qui va éventuellement le mener à un état supérieur, spirituellement parlant ou eu moins lui faire apprendre quelque chose de moi. Je trouve cela divertissant de travestir mes messages au sein de concepts sombres et pas vraiment optimistes, même si le message final reste toujours optimiste, si tu regardes de plus près, même si certaines expériences te laissent avec des cicatrices et des ecchymoses, du sang sur tes mains. Mon message final est de ne jamais abandonner et de toujours tendre vers la meilleure version de toi-même. Il s’agit d’une quête sans fin vers la connaissance, grandir spirituellement.

C’est ainsi que je mène ma vie et c’est ce type de soin que j’investis dans mon art. Pour résumer cela, je voudrais pouvoir laver le cerveau de mes fans pour qu’ils dépassent leurs limites et soient des gagnants dans la vie. Pour parvenir à ce résultat, il faut parvenir à réaliser beaucoup de choses, et souvent la vérité fait souffrir. Donc mes chansons peuvent paraître très pessimistes, c’est pour une bonne cause. La connaissance très précieuse que tu peux acquérir grâce à l’expérience, qu’elle soit ou non douloureuse, peut servir de détonateur pour aboutir à l’épanouissement spirituel, si tu aspires à cela bien sûr.

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05. Que peux-tu nous dire des sessions d’enregistrement du nouvel album, as-tu agis différemment par rapport à Epsilon ? Comment as-tu travaillé entre Italie, Grèce et Japon ?

L’enregistrement d’Epsilon a été ma première expérience de studio et tout s’est en plus déroulé sur un aure continent avec tout le monde parlant japonais. Donc le niveau était sacrément élevé, supérieur à 9000 (rires). Tout a été plus simple avec The Human Paradox. Tout d’abord il s’agissait de mon album, donc j’ai fait tout ce que je voulais. Sur Epsilon, Ryu avait une vision très claire de ce que l’album devait être et donc il m’a dicté toutes mes lignes de chant sans me demander mon opinion. Je pense qu’en agissant ainsi, il n’a pas utilisé mes capacités vocales de la meilleure façon possible. Avec The Human Paradox, je mets en œuvre toute ma palette vocale, qui couvre environ 4,5 octaves après m’être bien échauffée au piano. Dans ce sens, Epsilon était limité au niveau de la voix, donc j’étais déterminée à compenser cela sur The Human Paradox.

J’ai également rejeté l’utilisation d’effets bizarres sur ma voix, cela m’a avait porté préjudice dans le passé, beaucoup passant que je ne pouvais véritablement chanter à l’époque. Donc l’album sonne plus clair et naturel. Comme je le mentionnais plus haut, nous avons principalement créé l’album via internet, et ce fut un sacré défi.

A propos du chant, des effets et de la production final, Zombie est venu en Grèce et puis je suis allée en Italie pour quelques semaines. Zombie adore la cuisine grecque et il a donc pris du poids en venant et j’ai moi-même pris du poids lors de mon séjour en Italie. Nous avons sans aucun doute été tous les deux plus ronds à la fin de la production mais au moins l’album sonnait parfaitement bien (rires).

 

06. SEASON OF GHOSTS met en avant le mélange des genres et des influences dans la musique. Quelle importance accordes-tu au fait de proposer à la fois sur une même album des titres hyper rapides et bourrés d’érngie comme « Genesis – The Phoenix Syndrome » et des compositions plus douces est subtiles comme « “[NE]: MESIS – The Kiss Of Justice » ?

Tout d’abord, The Human Paradox est un album concept, donc utiliser des chansons proposant des humeurs et des sensations différentes s’avère être une obligation. Le disque raconte le cycle de la vie à travers les yeux d’un voyageur du temps, donc certains titres sont plus énergiques, certains sont plus en retrait. En dehors du concept, je suis une enthousiaste du Visual Kei, donc la philosophie est de mélangé les choses au maximum jusqu’à l’épuisement (rires). J’ai toujours adorée comment MALICE MIZER pouvait mêler métal, classique, bossa-nova, électro-goth et animation dans un même album, le tout en parfaite harmonie comme dans Merveilles donc j’ai adopté cette même idéologie dans ma musique.

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07. Quelle importance donnes-tu à la pochette et comment as-tu travaillé celle-là ?

J’ai tenté de travaillé avec huit artistes différents afin de créer cette pochette. Aucun d’entre eux n’est parvenu à capturer ma vision du monde et leurs propositions ne respectaient pas ma vision. Donc à la fin, après avoir gaspiller huit mois, j’ai fini par co-produire cette pochette avec Zombie Sam, comme pour la musque finalement. Zombie, parmi tous ses talents, est un designer graphique et donc nous nous sommes assis tous les deux et avons réalisé cette pochette en quelques jours. Nous avons atteint notre but, le sentiment qui se dégage reflète parfaitement les chansons.

La pochette montre une réalité plutôt mélancolique et peu réjouissante avec des éléments d’hyperréalisme, comme la méduse volante dans le fond et également le trou de serrure sur le devant. C’est assez facile à comprendre mais je voulais montrer la réalité dans la réalité. A travers ce trou de serrure, tu pouvais apercevoir un monde plus optimiste. La tour a beau être détruite, mais il y a plus de couleur et de vert… Il y a plus de vie dans le monde du trou de serrure. Cela signifie que tu peux créer une meilleure vie pour toi si tu fais le choix de regarder à l’intérieur, effaçant les croyances qui finissent par te limiter. Comme tout ce qui importe vraiment, le chemin vers le succès et le bonheur n’est pas facile, mais cela vaut la peine d’en voir le bout.

Tu vois ? Encore un message optimiste dans ce qui peut sembler être, de prime abord, un visuel mélancolique (rires).

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08. Avec ton groupe, vous avez participé au Metal Female Voices Fest 2014 en Belgique. Quels souvenirs en gardes-tu ?

Ce fut une expérience fantastique et je suis très reconnaissante aux organisateurs et à toit ceux qui ont rendu cela possible. Merci encore ! Ce fut mon premier concert avec SEASON OF GHOSTS et le premier depuis mon départ de BLOOD STAIN CHILD. Cela a synthétisé deux années et demi d’absence, loin de la scène. Tu devines que j’étais stressée et c’était la première fois que je me produisais le matin (11h30). Cela a rendu l’expérience encore plus bizarre mais j’ai remporté le défi !

J’ai décidé de soulager mon stress et j’ai improvisé à travers du self-sarcasme, comme d’habitude, j’ai demandé aux gens s’ils voulaient bien entamer une séance matinale d’aérobic et ils ont trouvé l’idée cool, bien que pas vraiment métal effectivement. Nous avons terminé avec plus de 1500 personnes appréciant le spectacle et nous avons vendu presque tout notre merchandising. Une expérience véritablement inattendue ! (rires)

 

09. Quels sont tes attentes et espoirs pour SEASON OF GHOSTS à moyen termes ?

Pour l’instant, je veux partir en tournée en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, explorer de nouveaux continents si possible ! Je veux être la musicienne que les parents considéreront être une bonne influence pour la nouvelle génération. Je veux être amusante et choquante mais d’une manière qui aide et apporte un bénéfice aux autres. JE veux apporter pleine conscience, santé et motivation positive aux gens qui me suivent. Je ne peux décrire à quel point je suis heureuse quand je reçois des messages disant « ce disque a été une inspiration pour moi pour devenir une meilleure personne » ou « cette chanson m’a aidé à surmonter une situation difficile ». C’est bien pour cela que je suis là, je ne fais pas cela pour vous montrer ma frimousse ou suggérer que je veux me taper la totalité de la population mâle…

Je ne suis pas là pour parler de se faire mal à soi-même, de maladies mentales ou de romances pourries. Tu trouveras assez d’artistes qui travaillent dans cette philosophie-là. Ma mission est différente. Vendre du sexe rend les choses beaucoup plus faciles et aisément commercialisables, mais je préfère rester en conformité avec mes idées et le respect que je me dois à moi-même. Je parle à qui veut bien m’écouter et je montre le chemin à ceux qui ont le regard près à le voir.

 

10. Tu continues à multiplier les projets en Europe et au Japon. Peux-tu nous en dire plus sur tes activités et Invictus Media par exemple ?

Invictus Media est une société que j’ai montée avec Zombie Sam il y a quelques mois de cela. Notre principale activité tourne autour de la production d’album et de music de film. Nous produisons actuellement un artiste américain, travaillons sur des projets de films et sur de la gestion, marketing et stratégie dans le domaine du business des hôtels. J’aspire à être un entrepreneur multi-cartes, donc Invictus Media ne se limitera pas qu’à la musique.

Je travaille également en collaboration avec des artistes du monde entier donc je pense pouvoir présenter de jolies surprises dans un futur pas si lointain. The Human Paradox continue également son expansion vers d’autres continents et et nous aurons bientôt des nouvelles à propos du Japon !

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11. Quel est ce son à la fin du titre fantôme présent sur l’album ? J’ai deux théories : Zombie Sam en train de ronfler ou ton chat (Dictator Linda) en train de ronronner ? Ai-je raison ?

HAHAHAHAH! Ta première proposition risque de bien fait rire Sam quand je lui en aurais fait part… mais non ce n’est pas lui. Cependant, le sifflement à la fin de « Reincarnation » vient bien de lui. Le titre fantôme s’avère effectivement être Dictator Linda et le titre de cette chansons s’avère être « Space Cat ». C’est un hommage à la dictature imminente de Linda, quand la technologie permettra de se transformer en vaisseau spatiale qui sortira alors en trombe dans l’espace, comme la chanson le suggère.

 

Tous nos remerciements à Sophia Aslanidou et Steven J à INVICTUS MEDIA

Chronique de l’album ici

 

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