10 ans au compteur. Déjà quelques albums sous le bras. Un des instigateurs du Metal Noir Québécois. Et pourtant, il aura fallu attendre 2016 et la sortie de Thèmes pour la Rébellion pour que je découvre enfin Forteresse. Lacune coupable dans ma culture générale ? En quelque sorte, oui, du moins si le reste de la discographie du groupe est du même niveau que cet album.

Passé une intro presque anecdotique, les choses sérieuses commencent avec « Spectre de la rébellion ». Quelle fougue ! Quelle hargne ! L’étiquette Black ambient collée au groupe m’avait préparé à un album contemplatif, je me retrouve saisi dans un tourbillon Black Metal épique et grandiose. Le riffing est précis, acéré tout en restant mélodique, presque lumineux. La section rythmique imprime un tempo effréné à la galette sans pour autant tomber dans le linéaire. La finesse du jeu de cymbales, les roulements de toms, les variations dans le jeu… Ils sont rares, les groupes de Black capables d’une telle performance à la batterie ! Je n’en vois que deux, à vrai dire : Mgla sur son dernier album, et Behemoth (Inferno est implacable dans tous les registres). Sur un plan musical, Forteresse frappe très, très fort. Les compos ont beau être menées tambour battant, les lignes de guitare ajoutent un apport mélodique et épique qui rend le tout digeste, accrocheur. Avec l’ajout judicieux, ici et là, de quelques samples de vent et un ou deux spoken words, Forteresse équilibre le tout et construit un album bien né.

On en oublierait presque de parler du chant. Un peu comme pour Cobalt (l’autre énorme de Black Metal de l’année), je lui reproche un peu sa linéarité. Et pourtant, quel autre chant pourrait mieux coller à cet album ? Il s’intègre parfaitement au paysage musical pour ne faire qu’un avec lui, mais quelques variations, ici et là, auraient peut-être encore plus transcendé l’album.

Mis à part quelques petits défauts (si je devais pinailler, je soulignerai la valeur ajoutée très limitée de l’outro « Le dernier voyage » qui finit l’album en mineur alors qu’il aurait pu finir sur une touche épique avec « Vespérales »), Forteresse livre un album majestueux. Avec Slow Forever de Cobalt, il fait partie des incontournables de cette année pour tout fan de Black Metal qui se respecte.

Mister Patate (9,5/10)

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Sepulchral Productions / 2016
Tracklist (42:47) 1. Aube de 1837 2. Spectre de la rébellion 3. Là où nous allons 4. Par la bouche de mes canons 5. Le Sang des héros 6. Forêt d'automne 7. Vespérales 8. Le dernier voyage