Archive for novembre, 2016

Delain – Moonbathers

oshy_20112016_delaCes dernières années, DELAIN a été une déception. Les hollandais l’ont joué trop facile et se sont un peu perdus en chemin. Ils sont rentrés dans le rang et ont perdu leur statut de challenger prometteur avec un The Human Contradiction (chronique ici) ratant la cible. Mais tout n’est pas perdu et les bataves peuvent retrouver de leur éclat avec ce cinquième album, Moonbathers.

Ce disque débute en douceur avec un « Hands Of Gold » assez classique selon les standards de DELAIN. Ils n’hésitent plus à en faire beaucoup et à multiplier les orchestrations à tout va. Cela donne bien sûr une emphase et une épaisseur appréciable à la chanson mais encore faut-il que cela tienne la route. Le refrain reste accrocheur mais pas non plus exceptionnel. Il n’y a pas de quoi hurler au loup, cette ouverture reste très correcte et finalement le seul élément vraiment énervant se niche dans la contribution d’Alissa White-Gluz. Il semble de bon ton désormais d’ajouter ici et là une touche plus extrême mais à force cela devient fatiguant. La canadienne multiplie les apparitions en dehors d’ARCH ENEMY et semble devenir la préposée au chant growlé pour les groupes symphoniques. KAMELOT en use et en abuse déjà largement et elle faisait déjà une pige sur The Human Contradiction. Et la valeur ajoutée de cette intervention extrême reste encore sujette à caution.

Les titres suivants sont et de DELAIN montre un visage bien plus positif sur les titres plus courts et directs comme « Suckerpunch » ou « Fire With Fire ». Les pseudo-ballades comme « Chrysalis – The Last Breath » apportent une respiration nécessaire mais ne casse quand même pas trois pattes à un canard. « Danse macabre » relève quand même le niveau avec une ligne mélodique plus affirmée et convaincante. Les minutes de Moonbathers s’égrènent sans déplaisir ni faute de goût mais on cherche encore des raisons de s’enthousiasmer devant telle ou telle chanson ou mélodie. La reprise « Scandal » de QUEEN tombe comme un cheveu sur la soupe. On se demande l’intérêt de cette reprise si ce n’est de donner un peu plus de consistance à l’album en lui permettant de frôler les cinquante minutes.

Moonbathers reste assez sage et livre la marchandise attendue, ni plus, ni moins. DELAIN a fait un boulot sérieux mais le potentiel des bataves ne trouve pas ici la latitude nécessaire pour s’exprimer au maximum. On nous parle de nom clinquant comme celui en charge du mastering qui a gagné un Grammy award mais un retour à une certaine simplicité serait salvateur. DELAIN bénéficie de bien plus de moyens pour s’exprimer mais semble ne pas savoir quoi en faire. Difficile de ne pas avoir l’impression qu’ils font du surplace.

Oshyrya (06/10)

 

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Napalm Records / 2016

Tracklist (49:12 mn) 01. Hands Of Gold – Featuring Alissa White-Gluz 02. The Glory and the Scum 03. Suckerpunch 04. The Hurricane 05. Chrysalis – The Last Breath 06. Fire With Fire 07. Pendulum 08. Danse Macabre 09. Scandal 10. Turn the Lights Out 11. The Monarch

Alors que le groupe Cauchemar vient de finir son périple européen et que leur album Chapelle ardente est sorti cette année, nous avons eu la chance de rencontrer leur charismatique chanteuse Annick Giroux… Entretien avec une passionnée.

1. Salut Annick. Dans un premier temps, peux-tu nous parler de ton groupe Cauchemar? De ses origines, de son histoire ?

Salut Nico! Cauchemar a commencé comme un projet musical entre moi-même et François Patry, le guitariste, en 2007. Au début, je n’étais que la bassiste et nous nous appellions Sorcellerie. Mais nous avons vite changé le nom à Cauchemar… Je faisais beaucoup de mauvais rêves dans ce temps-là et j’y puisais mon inspiration pour les paroles. Je rêvais souvent à la mort, à la fin, à l’Apocalypse. Nous voulions former un groupe de Doom ; mais nos influences heavy-metal ont un peu pris le dessus et nous avons mélangé tous les styles au final. Nous avons longtemps travaillé notre son et nos chansons avant d’arriver à quelque chose de satisfaisant. J’ai aussi décidé de chanter. Après quelques années de pratique avec des musiciens locaux, nous avons demandé à Patrick Pageau (l’ex-guitariste du groupe Bastardator) de se joindre à nous comme batteur et ça a cliqué ! Le E.P. La Vierge Noire a été enregistré avec ce line-up. Andres Arango s’est joint à nous comme bassiste pour les concerts ; il est dans le groupe depuis. Il est bien meilleur que moi, haha!

2. Je considère, comme tu as pu le lire, que Chapelle Ardente est votre travail le plus abouti. Comment avez-vous appréhendé la composition de ce deuxième album ?

Oui, merci… Ça me fait vraiment chaud au cœur que tu l’apprécies autant. Nous avons attaqué la composition d’une façon assez structurée – en sessions d’écriture dans une pièce de notre appartement. Nous composons des riffs et nous gardons les meilleurs… Je fredonne des mélodies de chant (souvent sur des poèmes d’Émile Nelligan !)… Les chansons se composent petit à petit de cette manière, et quand elles sont plus abouties, nous les présentons aux autres membres du groupe qui y ajoutent chacun leur touche magique.

3. Le changement de batteur a-t-il changé quelque chose dans votre façon d'écrire ?

La seule chose qui a changé c’est qu’on a eu une période sans batteur pour quelques mois. En fait, nous avons enregistré une démo avec Andres, le bassiste, sur la batterie ! Il a composé plusieurs parties de batterie sur l’album. Mais c’est celui qui a enregistré cette démo, Xavier, quiest finalement devenu notre batteur.

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4. La production de l'album est intéressante : le mix ne met pas forcément ta voix trop en avant ; l'ensemble forme un tout cohérent. De fait, vous sonnez plus massif qu'avant. C'est un choix de production ou un pur hasard ?

Nous avons changé de studio pour cet album, qui fut en fait enregistré par Xavier Berthiaume (Studio Tehom), notre batteur… Nous voulions un son un peu plus étoffé, sans perdre de sa chaleur et de ses racines 70’s. Nous avons suivi la production de près et nous estimons que Xav’ a fait un superbe travail d’enregistrement !

5. Votre tournée passe par la France (en novembre avec sept dates). Que représente notre pays pour votre groupe ? En terme d’audience et tout simplement en général.

Pour François et moi, la France est notre deuxième maison. Nous étions tous deux des fanatiques d’Astérix en grandissant et nous avons toujours eu une fascination pour ce pays, son histoire et sa bouffe (bien entendu). De plus, nos meilleurs concerts ont toujours été en France ; les métalleux français sont des maniaques d’une passion sans borne ! Nulle part ailleurs, les gens sont aussi fous lorsqu’on joue et connaissent autant les chansons !!!

6. D'où vient ta passion pour le metal ? J'ai cru comprendre que tu avais quitté ton travail pour partir sur cette tournée. Tu es une acharnée, non ?

Oui, j’ai quitté mon emploi pour venir en tournée. En fait, je n’ai pas eu le choix : c’était vraiment difficile d’obtenir une seule semaine de congés, alors imagine-toi demander presque deux mois de vacances ! De toute manière, j’en avais marre de bosser pour une compagnie aussi commerciale, alors je profite de ma situation pour refaire ma vie à ma façon. À mon retour, je vais être travailleuse autonome (je suis conceptrice graphique) et je vais me concentrer à faire des trucs que j’aime. Pour répondre à ta question sur la passion pour le métal, c’est quelque chose qui est avec moi depuis ma jeunesse ; il n’y a pas vraiment d’explication, c’est une partie importante de moi. C’est mon carburant, quoi !

7. Quel est ton premier album acheté ? Ton premier contact avec le genre ? Tes groupes favoris ?

J’ai été introduite au métal quand j’avais 11 ans – j’avais une correspondante belge qui m’a envoyé le premier album d’X-Japan (groupe japonais de Thrash) en cassette copiée. J’ai perdu contact avec elle, mais ma soif était intense et j’ai longtemps cherché un groupe qui leur ressemblait… Je lisais des magazines en quête d’un autre groupe du genre. Mon premier album métal acheté fut We Sold Our Souls For Rock’n’Roll, la compilation de Black Sabbath. Je l’ai acheté avec mes propres sous quand j’avais 12 ans.

8. Tu es hyperactive. Tu as écris un livre de recettes de cuisine « metal » (« Hellbent for Cooking : The Heavy Metal Cookbook »), tu fais la promotion de concerts (« Wings of metal » à Montréal), tu es journaliste pour Iron Fist (accessoirement le meilleur magazine du genre), tu as fondé le fanzine « Les templiers », tu es à la tête du groupe Cauchemar et tu as fais le tour du monde plusieurs fois… Comment fais tu pour tenir ce rythme ?

Haha ! Je fais des cauchemars et je dors moins que la plupart des gens ! Mais sans blague, c’est vraiment important pour moi d’être active avec des projets, car sinon je me sens vraiment mal, comme si je pourrissais. Je suis satisfaite quand je suis productive et je ne dors pas si je n’ai pas réussi à produire. Alors, c’est ça !! Ce n’est pas un rythme pour tout le monde.

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9. En amatrice de bonne cuisine que tu es, peux-tu nous dire quelle est ta recette préférée de « Hellbent for cooking » ? Et surtout, peut-on espérer une sortie de ton livre en français ?

C’est vraiment difficile donc j’en ai plusieurs… J’adore la recette de « Jalapeno Bacon Bombs » d’Autopsy, ainsi que le « Farikal » de Mayhem. Le « Gyudon » de Sigh était aussi vraiment excellent. Malheureusement, j’ai tout essayé mais le livre ne sortira pas en français. Le public visé n’est pas assez large pour intéresser les éditeurs, en France comme au Québec. Mais j’ai encore espoir !

10. Que peut-on vous souhaiter, à toi et à ton groupe ?

Une bonne tournée en Amérique du Sud et en Asie ! Ça serait vraiment très cool ! Nous avons vraiment beaucoup de fans au Chili, Pérou et Brésil et nous aimerions aller leur payer une petite visite, en s’évadant de l’hiver en même temps. Aussi, j’imagine que tu peux me souhaiter bonne chance avec mon travail autonome, ça va prendre beaucoup de temps pour que ça fonctionne… Mais ça va valoir tellement la peine !!!!

Merci pour tes réponses Annick !

Merci à toi pour ton soutien énorme !

Nico

The Answer – Solas

the-answerQu'est-il arrivé à The Answer se demandera l'auditeur qui posera l'oreille sur ce Solas sans avoir été avertie ce de qui l'attendait. Le groupe de hard rock bluesy irlandais semble avoir effectué une mue si radicale qu'une chatte n'y reconnaitrait pas ses petits. Au moins le groupe de Cormac Neeson a-t-il annoncé la couleur dans ses interviews récents : Solas est un disque à la conception très particulière. Et au résultat forcément inattendu. Certains hurleront instantanément à la trahison de l'identité du groupe : le hard rock a quasiment disparu des radars ici au profit d'un rock souvent accoustique et atmosphérique, voire pop.

Sur ce point le single « Solas » ne trompera sur la marchandise : éthérée et mélodique, l'entrée en matière du disque fait la part belle à un Cormac Neeson très à l'aise dans ce registre. « Beautiful World » est doté d'un refrain puissant au moins elle, mais lorgne plus vers un rock moderne que vers AC/DC ou Whitesnake comme jadis. « Battlecry » s'avère un superbe titre semi-accoustique doté d'un crescendo de toute beauté ; Paul Mahon y fait un très beau travail de construction de chanson mais reste discret en solo. Et ainsi de suite… Il faudra en fait attendre « Left Me Standing » et le duo vocal avec Fiona O'Kane qu'est « Real Life Dreamers » pour entendre le The Answer de Rise ou Revival et encore un mezzo voce. Le fait d'ailleurs que ces morceaux soient disposés en fin de disque signifie bien que The Answer ne semble pas en faire un argument commercial pour racoller les quelques vieux fans échaudés par ce qu'ils ont entendu jusque là. Par ailleurs, ce ne sont même pas les meilleurs titres du disque loin loin de là.

Pourquoi un tel tournant ? 

Une première question émergera d'emblée : pourquoi un tel tournant en rupture avec les cinq albums antérieurs du groupe qui avait fixé un style très précis ? Pour des raisons commerciales ? On sait que The Answer n'a jamais atteint le succès mérité et que ses ventes n'ont pas décolé depuis son premier opus Rise. Après le récent Raise A Little Hell, les soucis financiers semblent avoir été graves. Ce Solas est-il pragmatiquement une dernière tentative de percer dans les charts avant le dépot de bilan ? On ne jettera pas la pierre au groupe pour une telle décision plus financière que commerciale : chacun a une famille et des impôts à payer. 

Il y a aussi peut-être des raisons moins prosaïques : Cormac Neeson a confié que la naissance prématurée de son fils dont l'état de santé s'est montré extrêmement préoccupant les a beaucoup affectés, sa femme et lui. Le chanteur était sans doute d'une âme plus sombre que de coutume et il faut reconnaître que le tournant musical de Solas convient parfaitement à une humeur contemplative et mélancolique que l'orientation musicale des disques précédents. Cette hypothèse est corroborée par le fait de Neeson se montre parfaitement à son aise ici dans le registre des ballades et des chansons semi-accoustiques (« Thief Of Life », « In This Land » très réussies). 

The Irish Rover 

Pour finir, en rompant avec son style habituel, The Answer sur Solas a voulu plus clairement s'imprégner de ses racines celtiques : symbole celtique sur l'artwork, passage en gaëlique sur « Battlecry », réminiscences des ballades irlandaises un peu partout… « Solas » n'est d'ailleurs pas un mot anglais mais gaëlique pour désigner la lumière que cherche tant le groupe. Ce n'est pas le hard bluesy anglais qui permettait une telle ouverture. Mais pourquoi pas si elle s'avère réussie ? 

Et objectivement, Solas est plutôt réussi, même si on eût préféré une meilleure organisation des chansons ainsi que l'injection d'un titre ou deux de hard rock de plus qui aurait évité de donner l'impression d'un tournant opportuniste et radical. Solas ne sera-t-il qu'une tentative isolée ou la pierre d'achoppement d'une nouvelle identité pour The Answer ? Dans tous les cas, il me semble toutefois très douteux que ce disque obtienne l'accueil qu'il mérite. Les vieux fans risquent de se sentir trahis et les nouveaux définitivement absents du rendez-vous donné. L'album risque bien de sceller la tombe d'un groupe pourtant très attachant. Attendons de voir et croisons les doigts. 

Baptiste (6,5/10 si on met de côté tout préjugé)

 

Napalm Record / 2016

Tracklist : 01. Solas 02. Beautiful World 03. Battle Cry& 04. Untrue Colour 05. In this Land 06. Thief of Light 07. Being Begotten 08. Left me Standing 9. Demon Driven Man 10. Real Life Dreamers 11. Tunnel