oshy_18092016_wormfooImpossible d’entamer cette chronique sans parler d’abord de la forme avant d’aborder dans un deuxième temps le fond. Nous n’en attendions pas moins d’un groupe qui a toujours su soigner ses visuels et pour lequel l’image est importante mais l’édition digipak A5 de L’envers est absolument somptueuse. Rendons donc ici hommage au groupe et à son label qui ont fait l’effort et l’investissement pour offrir aux fans un si bel objet et à Hicham Haddaji (Strychneen Studio) pour le graphisme de cet album (il avait déjà officié sur Posthume).

WORMFOOD a l’habitude de prendre son temps mais beaucoup pouvait se demander si le groupe était encore actif. Rappelons aux plus jeunes que l’aventure a débuté à Rouen, en Haute-Normandie en 2001. Evoluant d’abord sur des flots black/death théâtral, le groupe évoluant progressivement vers une démarche gothique plus douce mais tout aussi sombre et désespérée. Dans son deuil éternel, WORMFOOD reste prisonnier entre colère et dépression. Pas sûr que la dernière étape, l’acceptation ne prenne place très rapidement…

Toujours mené de main de maître par Emmanuel « El Worm » Lévy, le quintet entame un nouveau chapitre avec L’envers. Et comme l’écrivait notre camarade Nico dans son live-report du concert de juin au Klub, grandiloquent, WORMFOOD est un groupe à part. La demi-mesure n’est pas possible : on adore ou l’on déteste. En effet, après quelques secondes d’écoute, l’auditeur se voit immerger dans un monde étrange, inquiétant et sombre. L’adhésion est immédiate et tout un chacun devine que la voyage ne va pas être de tout repos. Après une intro parlée, les choses sérieuses débutent avec un « Serviteur du Roi » à la fois furieux et séduisant. On sent bien les racines extrêmes du groupe mais aussi cette douceur et cette mélodie apportée par les longues nappes de claviers et les clavecins. Un peu à l’image d’un DIMMU BORGIR et surtout d’un MISANTHROPE, WORMFOOD mêle avec grâce et talent l’ombre et la lumière, douceur et violence.

Emmanuel Lévy tient la baraque avec son chant protéiforme, entre chuchotement et cris. Certains trouveront qu’il en fait des tonnes, mais cela fait partie de l’identité du groupe. Musicalement parlant, le propos est très chargé, les fioritures, les orchestrations ne manquent pas et adoucissent un peu la toile dure et sanglante tissée par les guitares et la section rythmique. A une exception près, « GOTH », WORMFOOD aime prendre son temps pour installer la scène et déployer son univers. Difficile de ne pas penser ici et là à TYPE O NEGATIVE à l’écoute de certains titres. Le groupe ne s’en cache pas et assume cette influence. Rien à redire sur la production très soignée de ce disque. Malgré la richesse des compositions, chaque partie sonne clairement et trouve naturellement sa place.

Sur des rivages très peu explorés, WORMFOOD continue son voyage et pousse encore plus loin vers des territoires inconnus. Les français frappent forts avec l’envers et plantent à nouveau fermement leur pavillon au sommet du genre. Tout le monde n’adhérera pas mais les courtisans et les courtisanes découvriront un monde nouveau à même de leur faire vivre bien des émotions. Oserez-vous ?

Oshyrya (08/10)

 

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Apathia Records / 2016

Tracklist (52:47 mn) 01. Prologue 02. Serviteur du Roi 03. Ordre de Mobilisation Générale 04. Mangevers 05. Gone On The Hoist (G.O.T.H.) 06. Collectionneur de Poupées 07. Géhenne 08. Poisonne