Dans moins d’une semaine, le Ferrailleur et le Warehouse de Nantes accueilleront le Black Speech Fest pour trois jours sous le signe d’un metal très, très noir.

Nous les avions quitté en pleine conversation, où nous leur demandions comment le public Nantais évoluait et sur l’influence du Hellfest. Suite de l’entretien fleuve (dont vous trouverez la première partie ici) avec Malaurie et Sylvain…

Sylvain : En ce qui concerne le black, c’est au niveau des exclus que cela se joue. Concernant Triptykon, j’ai vraiment croisé les doigts pour que le Hellfest ne les programme pas en 2020 car une grosse tête d’affiche potentielle a préféré jouer à Clisson cette année. Ce que nous comprenons aisément, ce sont les règles du jeu… Nous n’avons pas la même popularité, ni la même structure, ni les mêmes moyens que le Hellfest. En tous cas, ce dernier apporte du positif, mais aussi du négatif. Tout dépend de quel côté on se place. (Sourire)

Vous parliez de popularité, mais depuis la rentrée, le nom de Black Speech apparaît un peu partout. Vous organisez plus de concerts, la communication au niveau des réseaux sociaux est importante. Vous commencez à peser, non ?

S : Nous organisons beaucoup de concerts. Il y a un travail important effectué. Attention quand même, il faut voir si le public va nous suivre sur autant de dates. C’est aussi pour cela que nous varions les styles. Si nous nous focalisions uniquement sur le black metal, je pense que ça ne marcherait pas.

Avec le concert de King Dude par exemple, vous proposez quelque chose de différent : un concert au théâtre !

S : Oui, j’ai été très surpris avec des préventes qui sont parties très, très vite ! Le concert risque d’être complet.

Malaurie : Grâce au In Theatrum Denonium et à Et il n’y aura plus de nuit, nous avons vu que c’est un concept que les gens apprécient. Ayant plusieurs années de théâtre à mon actif et étant passionnée par le spectacle vivant dans son ensemble : allier plusieurs arts est quelque chose qui me plaisait depuis quelques années (nous avons commencé à le faire avec le Kinbaku) alors je suis ravie que nous tentions l’aventure. Et nous ne voulons pas nous arrêter à un seul style musical pour le théâtre : il y a tellement de groupes dont les prestations seraient magnifiques à voir dans ces conditions.

Revenons au Black Speech Fest. Pourquoi organiser le festival sur deux salles (Le Ferrailleur et le Warehouse) ?

S : C’est simple, Le Ferrailleur est une salle qui nous suit depuis très longtemps. Ils m’ont fait confiance très tôt quand j’étais un jeune organisateur. J’ai fait des groupes qui n’ont pas forcément marché. Je me suis pris une taule (une soixantaine d’entrées) avec un groupe sur le retour. Une catastrophe. Par la suite, ils nous ont fait des conditions intéressantes pour un concert de Dead Congregation. Ces conditions nous ont sauvé la mise. Et ils nous soutiennent toujours dans nos idées. Il était donc logique que le Black Speech Fest passe par le Ferrailleur.
A plus long terme, nous avons aussi un projet incluant les trois salles à notre disposition. Nous n’en dirons pas plus pour le moment (rires).

Pensez-vous déjà à un deuxième Black Speech Festival ?

S : On a des idées, mais je ne me vois pas enchaîner deux années de suite.

M : On pense qu’il serait judicieux d’organiser ce festival un an sur deux. L’objectif est d’avoir de grosses têtes d’affiche sur Nantes. Que le public ne se lasse pas. Et créer aussi une attente.

S : Le vrai « problème » sera d’obtenir un groupe aussi important que Triptykon. Cela peut prendre du temps.

Hellhammer ?

S : On aurait voulu les faire, mais Hellhammer, tout seul, représentait presque la moitié de notre budget. Donc cela aurait été très compliqué. Triptykon représente déjà un quart de notre budget. Alors imagine si nous avions dû ajouter une rallonge. Bref, ce n’était pas faisable. Après, il faut faire attention parce que parfois tu paies un nom. Et dans certains cas, il n’y a que le nom et le reste ne suit pas. Dans le cas de Hellhammer, le concert du Hellfest était très cool. Ce n’est pas le cas pour tout le monde.

M : Nous avons d’autres idées. Et ces personnes sont intéressées. C’est ultra motivant.

S : Avec tous les groupes contactés, pas disponibles mais intéressés, nous pourrions faire trois éditions. La plupart étaient séduits par le projet. Mais après, les agendas et les tarifs restaient à ajuster. Nous sommes passés à deux doigts d’avoir une légende absolue.

M : Ça s’est joué à peu de choses. Mais il était motivé.

Votre carnet d’adresses est rempli, il n’y a plus qu’à puiser dedans.

S : Il nous sera utile à un moment où à un autre. Même si nous ne repartons pas sur un Black Speech en mode « trois jours », nous voulons donner une suite. Si l’édition 2020 fonctionne (sourire). Cela ne servirait à rien de faire un évènement en « one-shot ». Il y a moyen, je pense, de faire quelque chose qui perdure dans le temps.

Au vu de l’affiche, on ne peut que vous souhaiter du succès.

S : Merci. Nous avons conscience que le tarif du festival peut rebuter. Il peut être compliqué de mettre 100€ dans un pass trois jours. Mais les billets à la journée marchent fort.
Il faut savoir que nous n’avons pas de subventions. Nous ne voulons pas avoir quelqu’un au dessus de nous, nous dictant la marche à suivre.

C’est le moment de la dernière question. Vous avez un budget illimité, vous pouvez réaliser ce que vous voulez. Quel est LE groupe (de rêve) que vous aimeriez avoir à l’affiche ?

S : Il y a quelques mois, je t’aurais dit Triptykon (rires). En black, mon objectif ultime serait Emperor en salle. C’est un groupe que nous sommes nombreux à démarcher. Personne en France n’y est encore parvenu.

En salle, il faut avoir la structure des Deathfest…

S : Ce n’est pas le problème, ils ont déjà joué en salle.

M : Il faudrait, en fait, que Ihsahn vienne voir les conditions offertes, la salle, qu’il rencontre l’orga. C’est une personne qui fonctionne par rapport à son ressenti et à ce qu’il voit.

S : C’est quelque chose de possible, mais assez inatteignable, dans l’état actuel des choses, pour nous. Nous avons déjà réussi à convaincre Triptykon, alors pourquoi pas Emperor ? Rien ne nous empêche, un jour, de tenter le coup. On verra.

Et toi Malaurie ?

M : Moi, c’est très compliqué. Un groupe dont je suis une grande fan et que j’aurais adoré faire n’existe plus : c’est Dire Straits ! Restons dans le domaine du rêve, j’adorerais organiser un concert de Muse. On n’a pas parlé de hardcore/metalcore, mais j’aimerais bien faire jouer Devildriver ou Heaven Shall Burn. J’aimerais faire un festival avec eux.

Vous n’avez pas de barrières. C’est cool.

S : Quand on te disait qu’on avait des goûts éclectiques, ça n’est pas une image.

Pour plus d’information à propos du festival et de Black Speech Production , cliquez ici, et .

Alors évidemment, un grand merci à Malaurie et Sylvain pour leur disponibilité, leur sympathie et leur dévotion envers la musique qui nous fait vibrer.

Nico.