Archive for juillet, 2024

Vitriol – Suffer & Become

Que de chemin parcouru par Vitriol depuis la sortie de leur EP Pain Will Define Their Death sorti sur une base indépendante il y a (déjà !) 7 ans… Déjà à l’époque, le combo de Portland dévoilait un potentiel fou, mixant allègrement les influences de Hate Eternal, Krisiun, Behemoth et autres pour servir un premier avant-goût de leur violence sonore… Puis vint la signature chez Century Media, un premier album plus que recommandable et, cette année, l’album de la confirmation.

Le secret de l’efficacité de Suffer & Become ? l’Intensité avec un grand I. Mis à part quelques brefs instants plus mélodiques, Vitriol s’abat dans un feu nourri de blast et de riffs sur l’auditeur. Certains diront qu’« il se passe énormément de choses dans cet album pour dissimuler le fait qu’il ne s’y passe rien » et, dans un certain sens, je les comprends. Parce qu’aucun morceau, aucun moment ne sort vraiment du lot, si bien qu’il est presque difficile de se raccrocher aux branches. Face à cette déferlante, certains se sentiront dépassés comme à l’écoute d’un album de Hate Eternal, par exemple.

Et pourtant, contrairement à, disons, Archspire, Suffer & Become garde une touche plus organique, moins clinique que tous ces groupes aseptisés au possible. Le terrain de jeu de Vitriol n’est pas un laboratoire, mais plutôt un abattoir. Suffer & Become, l’album de Death de l’année ? Il sera à mes yeux en tout cas très difficile de détrôner Vitriol cette année : la brutalité est au rendez-vous tout en gardant une approche technique qui évite de verser dans le gros son brouillon cher à certaines formations brutales. Frontal tout en étant subtil (l’écoute au casque permet de mieux s’immerger dans l’album), il ravira tous les amateurs du genre.

9/10

Facebook officiel

(Century Media Records – 2024)
Tracklist (47:20) 1. Shame and Its Afterbirth 2. The Flowers of Sadism 3. Nursing from the Mother Wound 4. The Isolating Lie of Learning Another 5. Survival’s Careening Inertia 6. Weaponized Loss 7. Flood of Predation 8. Locked in Thine Frothing Wisdom 9. I Am Every Enemy 10. He Will Fight Savagely

Couch Slut- You Could Do It Tonight

Avec le temps et la quantité astronomique de sorties chaque année, on pense parfois avoir fait le tour de la question. C’est moche, non ? Se dire que plus rien ni personne ne parviendra à vraiment nous surprendre, à nous prendre à contrepied, à nous faire vaciller. On a tout vu, tout entendu, les sens sont presque émoussés, le rythme cardiaque peine à s’élever, si ce n’est pour quelques groupes fétiches où l’engouement tient plus du réflexe pavlovien que d’autre chose. Et puis, au détour d’une discussion / d’une recommandation sur Facebook / d’une annonce de tournée avec des premières parties inconnues au bataillon, la surprise nous saisit. Enfin quelque chose qui remue les tripes, qui interpelle, qui donne envie de creuser encore plus pour tirer au clair la source de ces émotions. Cette sensation, je l’ai ressentie en découvrant cette nouvelle plaque brûlante de Couch Slut.

Au menu : de la haine, de la rancœur, du malaise… En termes d’émotions, Couch Slut joue sur le terrain du Black Metal, mais loin des thématiques abstraites du genre. Ici, la crasse est tirée de la vie réelle. Et c’est peut-être la raison pour laquelle You Could Do It Tonight frappe si fort : parce qu’il exsude la vraie vie et toute ses vicissitudes. Prenez « The Donkey » : 5 minutes qui semblent durer une éternité, ce son rugueux et, surtout, cette capacité à raconter une histoire en alternant spoken word et hurlements. Si je devais faire un parallèle ici avec un autre groupe, j’évoquerais spontanément les Frenchies de Cowards et leur « One Night In Any City ».

Loin du « vrai » Metal, le noise de Couch Slut prend par la gorge et/ou les couilles. Alors que des dizaines de groupes essaient d’impressionner les fans de sensations fortes à grands renforts de textes brutaux, Couch Slut semble livrer une autobiographie placée sous le signe de l’atrocité ordinaire de l’existence. Viscéral comme les Cumshots, abrasif comme le béton sur lequel on se rétame, You Could Do It Tonight est une giclée acide dans la marmite musicale. Il ne s’écoute pas, il se subit. Et c’est douloureusement bon.

9/10

Facebook officiel

(Brutal Panda Records – 2024)
Tracklist (38:07) 1. Couch Slut Lewis 2. Ode To Jimbo 3. CENSORED 4. The Donkey 5. Presidential Welcome 6. Energy Crystals For Healing 7. Downhill Racer 8. Laughing And Crying 9. The Weaversville Home For Boys

Tous les ans, le cycle recommence. Après une semaine de préparation, un sac rempli d’affaires diverses et variées, nous sommes enfin prêts. La motivation est au top, les appareils photos vérifiés, les batteries rechargées. A nouveau, avec un plaisir assumé, nous allons arpenter durant quatre jours ce festival incontournable qu’est le Hellfest. Une fois le pass photo en poche, c’est reparti pour un tour.

Passés les contrôles, le temps de traverser l’espace V.I.P, nous arrivons en terrain connu. : le sanctuaire du merchandising, toujours présent pour le festivalier doté d’un bon capital « patience ». La disposition des scènes n’a pas changé d’un iota, la réorganisation de la Valley et de la Warzone reste judicieuse ; la zone de restauration propose toujours des mets de qualité. Rien à redire, le Hellfest est une affaire qui roule.

Niveau nouveauté, nous apprécions l’ajout d’un stand merch « artistes », même s’il faut l’éviter le premier jour pour la trop longue file d’attente. Très attendue, la gardienne des ténèbres focalise tous les regards devant la forêt. Une jolie machine, mélange d’humain, d’araignée et de scorpion, que nous ne voyons pas en action trop occupé par les concerts. Mais maintenant, parlons musique.

Asinhell a la lourde tâche de débuter le festival. Le groupe de Michael Poulsen (Volbeat) et Marc Grewe (ex Morgoth, Insidious Disease) se débrouille plutôt bien. Son death metal est de bonne facture. Les excellentes compos de Impii Hora sont exécutées avec soin. Au vu du pedigree de ses membres, il est dommage que le quintet ne propose pas grand-chose d’excitant sur scène. Mais cela n’empêche pas le public d’être ravi.

Sous l’Altar, Immolation s’impose comme le rouleau compresseur de la journée. Les tauliers Robert Vigna et Ross Dolan savent y faire. Le public remue et fait honneur aux compositions de leur dernier très bon album Act of gods. Bon boulot bien exécuté, comme d’habitude.

Entre deux concerts, nous avons le choix. Soit claquer son PEL au Metal Market, soit découvrir des groupes. La deuxième option est choisie. Direction la Temple pour assister à la prestation de (Dolch). On ne regrette pas le détour ; ce groupe mélangeant avec talent rock gothique, ambiant et darkwave est captivant. Dolch envoûte grâce au talent de sa chanteuse M, qui mène à la baguette sa troupe. Et ça donne envie de jeter une oreille attentive sur leurs albums.

La prestation de Kerry King est très attendue. Fort d’un premier album respectable, le Californien et sa troupe donnent une prestation… respectable. C’est carré, pro, sans fioriture. Si tous les yeux sont logiquement fixés sur le musculeux guitariste, Mark Osegueda (chanteur de Death Angel) se démarque lui aussi, de par son charisme, sa voix et cette capacité à tout donner. La setlist se focalise sur un From Hell I Rise qui, hélas, ne révèle pas encore un titre que l’on qualifiera de « classique ». En revanche, le père Kerry provoque une sacrée excitation dans le public avec « Disciple », « Raining blood » et « Black magic » de Slayer. On n’échappe pas à son passé aussi facilement.

Nous nous ruons ensuite vers l’Altar pour assister au quart d’heure final de Brujeria. Bien nous en a pris car un concert de Brujeria est toujours un bon moment de fun. Les Chicanos vantent toujours la Marijuana au détriment de la Cocaïne avant d’enchaîner avec un furieux « Mantados Gueros ». Clap de fin avec l’obligatoire « Marijuana » qui fait danser le metalleux au rythme de la Macarena. C’est aussi une des dernières prestations avec Pinche Peach, mort à l’heure où nous écrivons ces quelques lignes… R.I.P.

C’est le moment de se placer pour aller prendre des photos pour Megadeth, quand soudain, nous nous apercevons avec quelques pauvres infortunés qu’il va falloir subir le concert de Baby Metal. La suite s’avère un peu floue : K-Pop…metal… Sakura… riffs… Idols… « Ratatata »… « Fu Fu »… Electric callboy, Sailor Moon… Incompréhensible (quoiqu’assez fascinant au final) pour notre part. Mais ça plaît, donc tant mieux. ありがとうございます, mais maintenant passons à autre chose.

Cette autre chose, c’est Megadeth. Le groupe récemment reconfiguré (ici avec Teemu Mäntysaari, dernier guitariste en date) est en grande forme. Dave Mustaine semble satisfait et balance une set list de festival qui fait mouche : l’obligatoire « A tout le monde », « Symphony of destruction », « Skin O my teeth » … Le groupe ressort même de son pochon de vieilles speederies (« Rattlehead », « Mechanix » (pour enquiquiner qui vous savez) qui démontrent, au cas où on l’aurait oublié, que Mustaine est un sacré compositeur. L’affaire se termine sur « Peace Sells » et « Holy Wars » qui prouvent que Megadeth reste un glorieux (vieux) mastodonte du thrash.

Il est temps de se restaurer avant de faire un choix cornélien : Avenged Sevenfold (dont le dernier album est fantastique) ou Sodom (qui n’a rien sorti de vraiment flagrant depuis une éternité mais qui reste une valeur sure en live) ?

Nous choisissons la facilité en nous dirigeant vers l’Altar. Résumons : en concert, Sodom reste une machine de guerre. Tom Angelripper balance impunément quelques skeuds. Et vlan, un « Jabba the hut » gluant ; paf, un « Outbreak of evil » ; boum, un « Agent Orange » pas piqué des hannetons et rajoutons un « The saw is the law » toujours aussi tranchant. Voilà, Sodom reste un pilier du thrash, solide comme un roc. Nous ressortons avec un capital fatigue désormais dans le négatif. Reste juste assez d’énergie pour se déplacer jusqu’à la Temple voisine en l’honneur de Cradle Of Filth.

Pas de surprise, Dani Filth hurle toujours comme un Porcinet qu’on égorge et ses acolytes marquent la scène de leur empreinte. Mais il est temps d’aller dormir après un « The principle of evil made flesh » qui nous servira de berceuse. C’est que demain, ça recommence !

Nico.

Les photos de cette première journée se trouvent ici.