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Sabbath Assembly – Ye Are Gods

Le revival 70’s continue son expansion irrésistible. Initiée par une poignée de groupes dont le seul mérite aura été de dépoussiérer un genre que tout le monde croyait désuet et de capitaliser sur cette surréaction face à une autre émergence, celle d’un Metal de plus en plus moderne (c’est du moins mon sentiment), elle génère aujourd’hui une vague de projets plus ou moins intéressants et bien décidés à profiter de cet effet de mode. Parmi eux, Sabbath Assembly, dont le deuxième album vient de sortir chez Svart Records.

Ye Are Gods est un voyage dans le temps qui nous catapulte à la fin des sixties, l’équipe du flower power, du New Age et de la Process Church of the Final Judgment, ordre religieux fondé à l’époque et dont les écrits servent de base à ce nouvel album. En bref, ce groupuscule croyait aussi bien en Jésus qu’en Satan et, le jour du Jugement Dernier, ils reviendraient, main dans la main, l’un pour juger les humains et l’autre pour exécuter les éventuelles sentences délivrées par le premier. Bien entendu, pour mettre en musique ce thème, rien de tel que de s’inspirer des genres de l’époque. Oubliez donc toute éventualité de riffs métalliques ou de rythmiques endiablées, le propos ici est bien plus doux : guitares sèches, orgue, chant féminin. À ce niveau, les musiciens maîtrisent leur sujet, aucun doute. Toutefois, cette qualité est quelque peu entachée par le chant masculin… ou plutôt devrais-je dire les incantations et hymnes récités sur plusieurs morceaux, dont « In The Time Of Abaddon II ». Le chant féminin, quant à lui, est presque parfait : chaud, envoûtant, il nous accompagne tout au long des différentes pistes et renvoie à leurs chères études bon nombre d’autres chanteuses officiant dans des groupes comparables.

Avec ce nouvel album, Sabbath Assembly nous livre un opus pour le moins réussi, même si certaines interventions « parlées » – qui ne sont pas sans évoquer celle de « Satan Is Real » des Louvin Brothers – viennent quelque peu casser la dynamique de l’album. Cependant, au vu du concept de l’album, on peut en comprendre la pertinence.

Jäkelunge (7,5/10)

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Svart Records – 2012
Tracklist 1. Let Us All Give Praise and Validation 2. We Come From the One 3. Bless Our Lord and Master 4. We Give Our Lives 5. Exit 6. Christ, You Bring the End 7. And the Clarion Calls 8. In the Time of Abaddon II 9. Transcendence 10. The Love of the Gods

 

Sinister – The Carnage Ending

Sinister, c’est un peu le chewing gum sous la semelle du Death Metal : un jour, ce groupe a eu de la saveur, il nous a fait saliver. Puis, nous nous en sommes désintéressés, et il a fini sous notre godasse, bien incrusté dans les rainures de la semelle et pas moyen de s’en débarrasser. Alors, on fait avec et, de temps à autre, il se rappelle à notre bon souvenir. 20 ans après Cross The Styx, les Bataves remettent le couvert avec leur 10e album. Amateurs de sophistication, de technique digne de la physique nucléaire ou de l’originalité, passez votre chemin.

The Carnage Ending est un album-type pour Sinister : gros son, Death brutal et basique, vocalises d’ours… Le menu de base, quoi, l’équivalent du Big Mac-frites-coca au McDo, le menu-refuge quand on a laissé son cerveau à la maison et qu’on ne sait pas quoi se mettre sous la dent. Voilà, Sinister est une valeur-refuge dans le Death de base. Vous voulez du riff tout con, du growl standard, des morceaux courts et passe-partout ? Voilà, piochez dans la discographie de Sinister et vous ne risquez pas d’être déçus.

Toutefois, le problème majeur de Sinister est justement ce statut de « groupe de Death passe-partout ». Spontanément, personne ne se tournera vers Sinister comme premier choix. On lui préfère Asphyx, Bolt Thrower, Pestilence (enfin… les premiers Pestilence), voire même Obituary (même remarque que pour Pestilence, ceci dit). Sinister est la roue de secours du Death Metal, un pis-aller toujours mieux que le sifflement de vos acouphènes, mais qui n’a pas inventé l’eau chaude. Ni meilleur ni pire que ses prédécesseurs, The Carnage Ending fera l’affaire le temps d’une ou deux écoutes, le cerveau sur OFF.

Jäkelunge (6/10)

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Massacre Records – 2012
Tracklist (48:07) 1. Gates of Bloodshed (intro) 2. Unheavenly Domain 3. Transylvania (City of the Damned) 4. My Casual Enemy 5. Crown of Thorns 6. The Carnage Ending 7. Oath of Rebirth 8. Regarding the Imagery 9. Defamatory Content 10. Blood Ecstasy 11. The Final Destroyer

 

Eïs – Wetterkreuz

Pour ceux qui n’auraient pas suivi, Eïs s’appelait à l’origine Geïst et faisait office de seconds couteaux de la scène Black Metal allemande (une scène pourtant déjà composée de seconds couteaux si l’on élargit son point de vue et que l’on prend comme base la scène européenne). D’ailleurs, il leur avait fallu trois albums pour tout doucement percer et se faire un nom, nom qu’ils ont donc abandonné au profit de Eïs, et ce de crainte de se voir coller un procès aux miches par un groupe de rock alternatif de Cologne. Et on dira encore que les Black Metalleux sont de vils méchants…

Mis à part ce nouveau patronyme et une thématique désormais axée sur la roche plutôt que sur les embruns (j’ai encore en souvenir l’excellent Galeere chroniqué par un de mes confrères à l’époque), rien n’a changé pour Eïs : son Black Metal est toujours aussi épique, aussi prenant, aussi maîtrisé. Chaque plage, malgré sa durée, captive l’auditeur par sa capacité à créer une ambiance froide, rude, comme une nuit d’hiver en pleine montagne. Au niveau de la composition, Eïs a encore progressé et  nous révèle l’étendue de son talent. « Mann Aus Stein », par exemple, en est le parfait exemple : changements de rythmes, riffs hypnotisants, ce dernier cri « Ich Bin Der Mann Aus Stein » suivi d’une dernière séquence de guitare portée par un blast et s’éteignant doucement jusqu’à ce que le vent recouvre les dernières notes…

Avec Wetterkreuz, Eïs a toutes les cartes en mains pour véritablement percer, et il y a peu de chances d’un autre groupe de Black Metal parvienne à faire mieux cette année dans le rayon « Black Metal ambiancé ». Personnellement, mis à part Angantyr, je ne vois rien ni personne qui puisse se mettre en travers de leur route. Espérons seulement qu’un public plus large découvrira ce groupe !

Jäkelunge (8,5/10)

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Prophecy Productions – 2012
Tracklist 1. Mann Aus Stein 2. Auf Kargen Klippen 3. Wetterkreuz 4. Am Abgrund 5. Bei Den Sternen