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Blockheads – This World Is Dead

blockdeadUn album des Blockheads est toujours un événement en soi. En effet, depuis la sortie de leur première démo il y a 20 ans déjà, les Frenchies auront été avares en albums, voire même en sorties de tout genre (une petite dizaine si l’on compte aussi la démo, les splits et une compilation). Là où certaines formations de grind alignent les albums chaque année, voire tous les trimestres (qui a dit Agathocles ?), les Blockheads font presque figure d’artisans du grindcore, privilégiant la qualité à la quantité, et ce n’est pas ce 4e album (le premier chez Relapse Records) qui viendra faire exception à cette tradition.

Avant même la première note, This World Is Dead frappe par un artwork fort, une pochette surréaliste, une famille au bord d’un gouffre au beau milieu d’un cimetière, et ce cercueil qui jaillit de la falaise. L’image est forte, le titre l’est tout autant, et ils forment ensemble l’écrin de 25 brûlots d’un grind engagé et sans compromis qui n’a rien à envier à un Napalm Death. Au contraire : à mes yeux, l’approche de Blockheads est restée plus orthodoxe, plus traditionnelle, et le groupe parvient à conserver son esprit et son style. Réécoutez Human Parade et écoutez ensuite This World Is Dead : ce groupe n’a pas jugé bon de changer quoi que ce soit… et au final, aurait-il été indiqué de changer quoi que ce soit ? La recette était éprouvée, diablement rentre-dedans !

Blockheads fait partie des fleurons du grind, et je regrette parfois leur manque de productivité. Cependant, chaque nouvel album, chaque nouvelle sortie est une leçon de maîtrise et de violence sonore. Espérons que la signature sur un plus gros label n’implique pas, pour eux, une pression accrue et qu’ils sauront conserver ce rythme de sortie certes confortable, mais on ne peut plus efficace !

Jäkelunge (8,5/10)

Site officiel 
Myspace officiel 

Relapse Records – 2012

Tracklist (39:18) 1. Deindividualized 2. Already Slaves 3. Born Among Bastards 4. Final Arise 5. Bastards 6. Awaken 7. This World Is Dead 8. Hidden Terrors 9. All These Dreams 10. Media Warfare 11. Be a Thorn to Power 12. Human Oil 13. Poisoned Yields 14. To the Dogs 15. Buenos Aires S.C.  16. Crisis Is Killing the Weak 17. Famine 18. Sell Your Flesh 19. Look Dawn 20. Take Your Pills 21. Digging Graves 22. Pro-Lifers 23. Follow the Bombs 24. Doctrine of Assured Mutual Destruction 25. Trail of the Dead

 

TCRALord K, tête pensante de The Project Hate MCMXCIX, est en quelque sorte un « cas à part » dans le monde du Metal : sûr de lui, frisant l’arrogance, jamais avare en réparties cinglantes, il a coupé les ponts avec Season Of Mist, dernier label connu de TPH pour faire ce qu’il voulait, comme il le voulait, sans contraintes, ni comptes à rendre. Un tel projet a un coût et, sans les dons des fans, l’album dont il sera question ici n’aurait jamais vu le jour. Cet album, les fans l’auront attendu pendant de longs mois, guettant chaque jour le forum officiel du groupe où Lord K les informait de l’état d’avancement de l’opus. Les annonces étaient fracassantes, le ton employé était débordant de confiance, à tel point que l’on pouvait craindre un pétard mouillé, une déception… Mais le résultat dépasse, et de loin, tout ce que l’on pouvait attendre.

Au niveau purement musical, The Cadaverous Retaliation Agenda est certainement un des albums les plus complexes qui aient squatté mes platines. Pour s’en rendre compte, il suffit de se pencher sur la version instrumentale fournie avec l’album. Chaque piste est dense, détaillée mais sans tomber dans le fouillis : chaque élément s’intègre parfaitement avec ce qui le précède ou le suit, rien n’a été laissé au hasard. Sur ce plan, TCRA est un chef-d’œuvre, et la production signée Dan Swanö vient encore magnifier ces pistes : chaque instrument, chaque élément occupe sa place et parvient à s’exprimer librement, sans se retrouver à l’arrière-plan. Ainsi, la basse, habituellement reléguée en coulisses, joue un rôle important et jouit d’un son énorme sans être envahissant. Par ailleurs, les samples, soli de guests (du beau monde) et autres parties instrumentales (je pense plus particulièrement aux interludes instrumentaux) apportent réellement une valeur ajoutée, que ce soit en termes de lien entre les morceaux ou d’apport aux instruments « basiques » (le trio guitare-basse-batterie).

Au niveau du chant, pourquoi changer une équipe gagnante ? Comme sur l’opus précédent, le tandem Ruby – J fonctionne à merveille, le chant clair de Ruby constituant un contrepoint efficace au chant Death de Jörgen (et niveau vocalises d’ours en rut, Jörgen fait très fort). On regrettera peut-être quelques effets sur certaines parties de chant de Ruby, mais il s’agit vraiment de minuscules détails. Cerise sur le gâteau, l’intervention de Peter Dolving (un des nombreux guests sur cet album) vers la fin de « I Feed You the Flesh of Your Poisonous Christ » : certes classique, mais ce petit plus est appréciable.

Libéré de toute contrainte, The Project Hate a sorti l’album ultime de sa discographie. Ambitieux, complexe, The Cadaverous Retaliation Agenda fait partie de ces albums qui risquent fort d’en rebuter plus d’un à cause de sa richesse : de nombreuses écoutes seront en effet nécessaires pour dompter ce monstre qui, pour l’heure, n’est disponible qu’au format électronique sur le site officiel du groupe. Indispensable !

Jäkelunge (9,5/10)

Site officiel

Autoproduction – 2012
Tracklist (78:12) 1. DCLXI 2. I Feed You the Flesh of Your Poisonous Christ 3. DCLXII 4. We Watch in Silence As the Earth Turns to Blood 5. DCLXIII 6. Conquering the Throne of the Cadaverous 7. DCLXIV 8. The Great Retaliation Is Upon Them 9. DCLXV 10. Carving Out the Tongues Which Speak of Salvation 11. DCLXVI 12. Welcome the Judas Agenda

God Seed – I Begin

godseedTout le monde se souvient de la saga Gorgoroth, des disputes dignes d’une cour de récré pour savoir qui pourrait garder ce nom, de l’avènement de God Seed, immédiatement suivi du départ de Gaahl, du couac Ov Hell et, enfin, du DVD de God Seed au Wacken Open Air (et dont la tracklist faisait la part belle au Gorgoroth de Gaahl). Mine de rien, si l’on additionne le tout, on arrive à un groupe dont le CV était uniquement composé d’éléments extra-musicaux. Je n’attendais donc plus rien de ce projet, mais c’était sans compter sur le retour de Gaahl au sein de cette formation et de la sortie de I Begin, premier effort du groupe.

Et pour un premier album, I Begin s’inscrit à la fois dans la lignée et en rupture de ce à quoi Gaahl nous avait habitués. Ainsi, certains morceaux rappellent clairement l’héritage Gorgoroth, et l’exemple le plus frappant est « This From The Past » dont les premiers instants rappellent furieusement « Wound Upon Wound » sans pour autant tomber dans la redite grâce à quelques petits éléments neufs (dont ce clavier très 70’s). D’autres, par contre, s’écartent clairement des chemins empruntés autrefois par Gaahl et explorent de nouveaux horizons. « Alt Liv », par exemple, évoque chez moi le Burzum récent, plus particulièrement au niveau du chant. Le chant : voilà la clé de l’album. Exit la voix de canard de Gaahl, bonjour le registre bien plus étoffé, plus posé, mieux maîtrisé. À ce niveau, Gaahl revient transformé et nous livre une prestation variée et convaincante.

Certes, cet album n’est pas une réussite totale. Certains morceaux manquent ainsi d’efficacité, « Aldrande Tre » en tête, mais le résultat final est infiniment plus intéressant que l’échec Ov Hell ou que le décevant dernier opus de Gorgoroth. À ce niveau, God Seed aura réussi son pari : le groupe n’aura peut-être pas obtenu le nom qu’il souhaitait, mais il tire la couverture à soi au niveau musical, et c’est le plus important au final !

Jäkelunge (7/10)

Myspace officiel

Indie Recordings – 2012
Tracklist (42:54) 1. Awake 2. This from the Past 3. Alt liv 4. From the Running of Blood 5. Hinstu dagar 6. Aldrande tre 7. Lit 8. The Wound 9. Bloodline