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Suicidal Angels – Bloodbath

Cet album n'a pas eu de bol : je l'ai écouté trop de fois avant de le chroniquer. A la bourre comme souvent et complètement débordé, je l'ai laissé trainer sur mon Ipod depuis fin janvier. Depuis lors, il m'accompagne dans tous mes déplacements quotidiens : métro, bus, train et même avion.
Dès les premières écoutes, je me suis dit « Ouah, quelle pèche, quelle bonne pièce de Thrash bien comme on les aime ! ». Et oui, durant les 7 ou 8 premières écoutes, j'étais hyper emballé. D'habitude, je chronique un album au bout de 5 ou 6 écoutes, rarement plus, rarement moins. C'est en général suffisant pour laisser l'album « décanter », comprendre ce qu'on veut nous dire, saisir quelques astuces mais également assez pour s'emmerder grave si il est mauvais (et parfois, il faut se faire violence).

Si comme d'habitude, je m'étais arrêté à 6 écoutes, la note aurait été meilleure que celle que je m'apprête à coller ici. Car, de prime abord, l'album décoiffe. Il démarre à toute vitesse sur « Bloodbath », enchaine un « Moshing Crew » à toute vitesse, les riffs sont acérés, la voix argneuse, ça tabasse, c'est du purs Thrash comme on l'aime. Le genre de truc qui me fout la banane, qui me met en joie. Ecoutez ce « Chaos (The Curse Is Burning Inside) », ça mosh, ça headbang, c'est violent, efficace, chirurgical, et que dire de « Face Of God » ou encore ce « Morbid Intention To Kill », des bombes à roulettes ! Si les Grecs avaient sorti cet album entre 1985 et 1995, nul doute que Bloodbath aurait été un classique du genre et qu'on aurait vu des tas de Metalheads arborer l'artwork en guise de backpatch sur leur Perf' ou sur leur veste de jeans.

Mais voilà, à force…tiens, ça ressemble quand même vachement aux premiers efforts de Slayer, de Sepultura. Tiens, ce solo est vachement inspiré de Testament, tiens…

Ah oui, malheureusement -ou heureusement-, Suicidal Angels est l'un de ces très bons groupes de Thrash qui fait du Slayer-like. Que dire, qu'en penser ? Si c'est bien fait, ma foi, autant en profiter, il n'y a véritablement rien à jeter sur Bloodbath. Tout est bien fait, peut-être un peu trop…

Pour le génie, on repassera. Pour le claquage de nuque, il y a tout ce qu'il vous faut.

Poney [07/10]

 

Site : http://www.suicidalangels.com/

Myspace : http://www.myspace.com/suicidalangels

NoiseArt Records / 2012

Tracklist : 01. Bloodbath, 02. Moshing Crew, 03. Chaos (The Curse Is Burning Inside), 04. Face Of God, 05. Morbid Intention To Kill, 06. Summoning Of The Dead, 07. Legacy Of Pain, 08. Torment Payback, 09. Skinning The Undead, 10. Bleeding Cries

Ektomorf – The Acoustic

Ektomorf n'est pas vraiment un groupe qui jouit d'une excellente réputation en France alors qu'il connait un certain succès en Allemagne, à l'image de Tokyo Hotel -juste pour signaler que l'Allemagne, si elle fait souvent preuve de bon gout en Metal, est aussi la terre natale d'autres réalisations moins…pertinentes, dirons nous.

Ektomorf semble coincé, comme un chewing gum à la semelle de ta godasse, à Soulfly. Pourtant, à chaque sortie, c'est pareil, c'est le même refrain :  pas un chroniqueur, pas un journaliste, pas un commentateur ne loupe les Hongrois, chacun rappellant à sa manière l'extraordinaire ressemblance entre les deux groupes. Personnellement, j'ai presque totalement décroché d'Ektomorf en 2004 avec Destroy, j'ai juste eu un petit soubresaut en rachetant à Mr Patate une série d'album d'occasions, ou j'avais laissé se glisser Outcast il y a quelques années de ça. Et rien de folichon là-dedans.

Voilà que 6 années plus tard, en guise de 8ième album (et sans doute 6 de trop), Ektomorf reviens à nous, encore dirons certains, avec un petit défi supplémentaire. La raison pour laquelle je me suis laissé prendre au jeu est le pari du groupe : un album acoustique.

L'acoustique, en Metal, c'est quitte ou double, ça passe ou ça casse. Les riffs un peu basique du Metal (penta, simples accords 3 notes voire simples notes) et joués de manière un peu aggressive, ça passe très bien avec un gros ampli bourré de distortion, mais ça ne ressemble plus à rien en version acoustique. L'acoustique demande un style de jeu différent. Je ne dirais pas "plus calme" ou "plus posé", parce que nombreux sont les bluesmans, ou jazzman -souvent en manouche-, à attaquer leurs guitares avec pas mal d'aggressivité. C'est donc vraiment une question de style : à mon sens, le Metal, c'est pas fait pour l'acoustique.

Ektomorf contourne une partie du problème en ne jouant pas à 100% en acoustique. La basse semble être une vraie basse et les guitares (electro-)acoustiques sont bien branchées et même souvent, on perçoit un peu de gain dans le son. Tricheurs ! De plus, ce nouvel album n'en est pas vraiment un, pas complètement. Sur 12 titres, 2 sont des reprises, 5 sont de vieux morceaux réenregistrés en acoustique et seuls 5 autres sont de véritables nouveautés.

Les deux reprises sont à mon avis plutôt réussies, et c'était pas gagné d'avance car «Simple Man» est tout simplement ma chanson fétiche, y toucher, c'était risquer de s'attirer mes foudres, mais je dois avouer qu'Ektomorf s'en tire très bien, c'est pas Lynyrd Skynyrd, mais c'est pas mal du tout. La reprise de Johnny Cash tire, elle aussi, ses marrons du feu. Nous serons sans doute d'accord pour dire que les reprises, c'est toujours mieux en original. Mais il faut reconnaitre que, bien fait, ça fait toujours plaisir au détour d'un album.

Jusque là, même si ce n'est pas dans l'ordre de la tracklist, la bande à Zoltàn s'en tire bien, mais après, ça se gâte. Les anciens titres ne passent pas, il n'y a rien à faire. «I Know Them» ne ressemble plus à rien, «I'm in Hate», pareil. La sauce à du mal à prendre, la voix est trop aggressive par rapport aux riffs qui font claquer les cordes des grattes acoustiques et on est pris de l'envie de gueuler "mais vas-y, merde, sors toi les doigts du cul, prend une vrai guitare !". Comme préssenti, les riffs Metal sauce acoustique, c'est NAN, ça marche pas du tout ! Si tu veux faire de l'acoustique, c'est une très bonne idée, mais tu fais autre chose, pas du Metal, capich' ? Merde quoi…

Pire, et c'était à craindre, certains titres sont des ôdes à Nickelback ou Staind, de vraies mievreries comme t'en vois rarement passer, je pense tout spécialement à «To Smoulder», qui fera pleurer dans les chaumières les gros méchants Metalleux. Certains morceaux tirent leur épingle du jeu, mais c'est limite («Again» ou «Fate»).

Sans surprise, on retrouve notre viel ami Tue Madsen, décidément dans tous les mauvais bons coups, derrière les manettes. Rien de ouf-dingue dans la production qui ne mérite d'être relevé. C'est classique de chez classique.

Retenons de cet album qu'Ektomorf semble vouloir changer, au bout de 7 cd, d'image de marque, bien que je ne sois pas sur que passer de "Soufly-like" à "Nickelback-like" soit une grande réussite, il faut marquer un point pour l'effort. Les reprises sont sympas, le défi est là, bien relevé sans doute pas, mais bon, on s'y attendait, pas de surprises ici.

Pour les soirées de Metalleux au coin du feu, sans plus.

[04/10] Poney

Site : http://www.ektomorf.com/

Myspace : http://www.myspace.com/ektomorf

AFM Records 2012

01.I Know Them, 02.I´m In Hate, 03.Be Free, 04.Redemption, 05.Simple Man (Lynyrd Skynyrd cover), 06.To Smoulder, 07. Folsom Prison Blues (Johnny Cash cover), 08.Again, 09.Through Your Eyes, 10. Fate, 11.Stigmatized, 12. Who Can I Trust.

Depuis quelques années, on voit apparaître de plus en plus de groupes du Maghreb ou du Moyen-Orient, de manière générale, ce qu'on appelle parfois un peu hâtivement « les pays Arabes ». Oh, pas par brouettes entières au point qu'on ne sait plus quoi en faire, non, c'est encore un peu confidentiel, mais on sent que ça pousse. Bien que souvent il en ressort un côté un peu amateur, certains groupes arrivent avec un packaging et un niveau qui n'a rien à envier aux groupes d'Europe ou d'Outre-Atlantique.

Pour un chroniqueur de musique Metal, ces groupes ont un petit coté spécial : ces régions du monde, souvent caricaturées dans nos médias, abandonnées dans nos esprits à des zones floues dans lesquelles se cacherait un islamiste derrière chaque caillou, rongées de l'intérieur par une religion toujours trop encombrante, seraient, pour rester soft,  des pays de laissés-pour-compte de la raison, un véritable carcan religieux pour eux et de pensée pour nous, tant il semble impossible, pour un occidental basique, à penser en dehors de sa semaine all-in à Djerba, du soleil, du Ras El Hanout et, bien sur, de l’obscurantisme religieux le plus vil.

Vielikan, donc, vous l'aurez compris, vient d'un de ces pays, la Tunisie plus exactement, patrie de la Harissa et de Djerba, ses piscines pour touristes et ses autochtones sans eau la journée, mais pas que : la Tunisie s'est aussi la Revolution, Ben Ali et MAM, le feu au poudre à toute la région et surtout, après tout ces évênements, vu d'Europe toujours, des Islamistes. La dernière chose qu'on s'attends, a priori, à voir sortir de ce foutoir à fausses bonnes idées journalistiques, c'est bien un groupe de Death/Black Metal, et encore moins un bon.

Ce premier album des Tunisiens s'étend sur 7 morceaux et un peu plus de 60 minutes, c'est donc aussi 7 longs titres et un côté progressif très assumé dans la musique. Bien sur, la longueur de ces morceaux ne suffit pas à faire de A Trapped Way For Wisdom un album de Death/Black progressif. L'album est donc parsemé d'ambiances et d'harmonisations toujours bien choisies et surtout, assez différentes. La chose qui marque dès la première écoute de l'album, c'est le nombre assez important d'influences un peu disparates que l'on retrouve ci et là. En fait, Vielkan n'hésite pas à faire planer littéralement ses guitares alors que le chant reste très rude (« A Trapped Way For Wisdom », « Black Marsh »), ce qui crée un peu de tensions dans la musique, que je trouve vraiment bien venue. Le chant me fait parfois un peu penser à celui de Joe (Gojira), pas tout le temps, mais sur certains passages (« A Shelter Of Flesh In The Void »). Une autre influence très claire, immanquable, est celle d'Opeth. Derrière ces deux groupes de Death, certaines harmonies et certains accords ne font pas tout à fait appel aux classiques du genre. Vielkan serait influencé par quelque musique Folk que je ne serais guère surpris, voir même, par le Doom (encore sur « A Shelter Of Flesh In The Void »).

Les titres sont toujours entre la brutalité du Death et l'harmonie, la mélodie voir la douceur des musiques progressive. Vielkan réussit à bien ficeler son paquet, c'est vraiment une réussite, pour un groupe qui semble venu de nulle part (au propre, comme au figuré). Et ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas ici de bonté ou gentillesse accrue pour un groupe « exotique », mais bien un constat réel : A Trapped Way For Wisdom est un très bon album qui plaira beaucoup aux amateurs du genre. De plus, malgré qu'il soit auto-produit, l'album sonne plutôt bien. Certes, la MAO à fait d'énormes progrès ces dernières années et presque n'importe qui peut faire sonner un groupe à peu près convenablement avec un peu de temps et d’intérêts, mais il faut souligner que Vielkan ne sonne pas comme le groupe du garage du coin.

Un très bon premier album donc, Vielkan se place d'entrée de jeu comme un groupe à surveiller. La Tunisie, ce n'est plus seulement la Harissa, Ben Ali et Djerba, c'est aussi Vielikan. Message aux labels : voilà un groupe à signer !

[8/10] Poney

Facebook : http://fr-fr.facebook.com/Vielikan

Myspace : http://www.myspace.com/vielikan

Autoproduction – 2012

01. The Beginning Of All Remorse, 02. A Shelter Of Flesh In The Void, 03. Zero Affection, 04. Black Marsh, 05. A Vertiginous Fall, 06. A Trapped Way For Wisdom, 07. Celestial Autumn