Archive for the ‘ Chroniques ’ Category

En évoquant leur précédent album éponyme, je pointais les sept ans d’attendre qui espacèrent alors les sorties du Léopard Sourd. Les choses n’ont pas tellement changé avec ce Diamond Star Halos qui s’est fait attendre encore sept ans. Oui mais l’attente n’eut rien d’insoutenable… il faut bien le dire. En effet, si Def Leppard était un disque solide, ce qui n’est pas rien pour un groupe affichant une bonne quarantaine d’années d’existence, il ne révolutionnait rien fondamentalement. Certes, il profitait d’une bonne entame avec trois excellents titres, mais perdait lentement de sa superbe pour alterner le bien et le banal. Sept ans, le même constat peut-être fait ici : Diamond Star Halos profite des mêmes qualités et souffre des mêmes travers.

Commençonks évidemment par le positif : porté par un son toujours excellent et une interprétation impeccable, Def Leppard lance son album tambour battant par une salve de hard rock fichtrement bien tournée : « Take What You Want », « Kick » et « Fire It Up » augurent du meilleur et il n’est pas surprenant que le groupe en ait tiré plusieurs vidéos. Joe Elliot chante bien – même si on sait que les conditions studio sont bien différentes de celles du live – et Phil Collen propose d’excellents solos. Et, contrairement à Def Leppard, les auto-citations ne sont pas de mise. Certes, cela ne révolutionne rien mais ces trois morceaux sont très bons et trouveront assurément leur place dans les setlists aux côtés des innombrables hits du groupe.

Arrive le duo avec la chanteuse de country Allison Krauss, « This guitar », et la première douche froide pointe son nez : c’est mou, banal, sans intérêt. De la variétoche US à oublier au plus vite. Et malheureusement le titre annonce que la vitesse de croisière ne sera pas bien follichone. Le groupe alterne les bons moments de hard rock mélodique (« SOS Emergency », « Unbreakable »), mais en rien renversants, avec le banal (« Liquid Dust ») voire du franchement barbant (« Lifeless » encore avec l’ineffable Alison Krauss). Ces duos donnent l’impression que le groupe vise avant tout les succès à Nashville, ce qui n’était pas proprement l’identité de Def Leppard à l’origine.

En parlant d’identité, l’on sait que le glam-rock british a toujours été une influence importante pour le groupe, même si on percevait quand même plus celle de UFO et de Thin Lizzy aux commencements. L’album hommage, Yeah !, revendiquait fièrement cette ascendance : Def Leppard se montrait très à l’aise sur des reprises de T. Rex, Sweet et Roxy Music. Et bien aujourd’hui, l’on peut dire que la musique de Def Leppard s’est fortement « glamisée » : légère, entrainante, catchy, elle accroche l’oreille, mais devient d’un coup beaucoup plus banale et superficielle. Le groupe qui avait pu écrire jadis un « Die Hard The Hunter » ou un « Gods Of War » a d’une certaine manière tourné la page. On frôle parfois le « vite écouté / vite oublié / vite rangé dans l’armoire à CD ». Je trouve cela personnellement un peu dommage.

Baptiste (6/10)

 

Mercury / 2022

Tracklist : 01. Take What You Want 02. Kick 03. Fire It Up 04. This Guitar (feat. Alison Krauss) 5. Sos Emergency 06. Liquid Dust 07. U Rok Mi 08. Goodbye For Good This Time 09. All We Need 10. Open Your Eyes 11. Gimme A Kiss 12. Angels (can’t Help You Now) 13. Lifeless (feat. Alison Krauss) 14. Unbreakable 15. From Here To Eternity

Electric Callboy – Tekkno

À moins d’avoir passé les deux dernières années dans une grotte, il est pour ainsi dire impossible d’avoir échappé au phénomène Electric Callboy. Depuis le single « Hypa Hypa », les Allemands ont su entretenir la hype, tout d’abord en collaborant avec des artistes variés pour des versions et des clips toujours plus déjantés de « Hypa Hypa » (ma reprise préférée étant celle des rappeurs de 257ers), puis en sortant quelques morceaux imparables.

« We Got The Moves », « Pump It », « Spaceman », « Fuckboi » et, il y a quelques semaines, « Hurrikan » : le groupe est très présent et entretient ce buzz depuis maintenant de longs mois. Ajoutez à cela une candidature à l’Eurovision, une tournée avec de nombreux concerts sold out et des prestations très énergiques et fun et vous avez le groupe le plus bankable depuis Ghost, les masques en moins, la dérision et les paillettes en plus. Et pourtant, on oublie un peu vite que le groupe fête déjà ses 12 ans et en est à son 6e album. Alors, Tekkno marquera enfin le moment de la consécration pour Electric Callboy ?

En fait, cet album est, paradoxalement, presque inutile. Parce que tout le monde en connaît déjà la « meilleure » moitié si on fait abstraction de « Fuckboi » qui est, à mes yeux, le morceau le plus faible de l’album. Dans le meilleur des mondes, il aurait pu être remplacé par « Castrop x Spandau » (qui est en fait un morceau de Kalle Koschinsky avec EC en guest). Et le reste, me direz-vous ? Mis à part « Tekkno Train » et son tchou tchou tchou qui apporte cette petite étincelle de folie, les 4 morceaux restants sont plus proches des morceaux traditionnels d’Electric Callboy (du temps où le groupe s’appelait encore Eskimo Callboy). Ils ne sont pas mauvais, loin de là, mais ils n’ont pas le même potentiel tubesque que les morceaux sortis jusqu’à présent.

Cet album a beau être un peu inutile à mes yeux, il n’en est pas moins très bon. Depuis l’arrivée de Nico au chant à la place de Sebastian, le groupe est entré dans une nouvelle ère. Il ose (encore) plus et maîtrise ces expérimentations. La première partie de « Hurrikan », par exemple, reprend parfaitement tous les codes du Schlager allemand, jusque dans l’imagerie du clip, à tel point que je suis persuadé qu’EC pourrait sortir un album entier de Schlager et le vendre par palettes entières auprès d’un public germanophone averti.

Electric Callboy a parfaitement compris comment composer des morceaux accrocheurs et, surtout, comment les vendre, comment les rendre visibles, comment attirer l’attention via les réseaux sociaux. Ce qui ressemble à première vue à une succession de blagues potaches est en fait une stratégie bien huilée. Et vu la rapidité à laquelle le groupe parvient désormais à remplir de grandes salles en Europe et pas uniquement à la maison, l’avenir s’annonce radieux pour eux.

8/10

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Tracklist (30:30) 1. Pump It 2. We Got The Moves 3. Fuckboi (feat. Conquer Divide) 4. Spaceman (feat. Finch) 5. Mindreader 6. Arrow Of Love 7. Parasite 8. Tekkno Train 9. Hurrikan 10. Neon

La crise sanitaire s’avère être une sacrée catastrophe mais elle aura au moins eu une vertu. Incapables de donner des concerts pendant de longs mois, les groupes ont dû se creuser les méninges pour entretenir la flamme et proposer des nouveautés aux fans. Beaucoup en ont profité pour composer de nouvelles chansons et sortir un nouvel opus. D’autres initiatives ont également émergé pour fournir aux amateurs leur dose de live sans sortir de chez soi.

… and Business Is Good!

NIGHTWISH, pour ne citer qu’un exemple, a mis les petits plats dans les grands pour proposer un show en streaming contre monnaie sonnante et trébuchante. De même, fin 2021, les allemands de POWERWOLF ont mené une démarche similaire en mettant au point un concert spectaculaire, The Monumental Mass: A Cinematic Metal Event. Son label, Napalm Records, le propose désormais pour tous avec une sortie DVD et BluRay.

POWERWOLF cartonne depuis quelques années, ce sont les HAMMERFALL ou SABATON des années 2011/2022: de très bons professionnels, ils proposent une recette solide et efficace recyclée album après album. Les tubes sont nombreux et font un malheur sur scène. Le public adhère jusqu’à présent vu le succès des dernières tournées.

Pour ce spectacle le quintet a vu les choses en grand et propose un spectacle qu’ils ne pourront sans doute jamais se payer tout au long d’une tournée. Le décor se veut très élaboré, les figurants nombreux et les effets scéniques omniprésents. Un gros travail a été abattu pour proposer une ambiance indus / gothique cohérente avec l’univers visuel du groupe. A l’image d’un GHOST, tous les clichés y passent avec des flammes, des nonnes, des ghoules, des loups bien sûr et des images liturgiques. Le claviériste s’amuse avec son orgue pyrotechnique, Attila Dorn en fait des tonnes et de la neige tombe pendant “Where The Wild Wolves Have Gone”…

Faute de grives on mange des merles

Le spectacle a été divisé en quatre chapitres : Temptation, Sin, Confession et Forgiveness permettant de passer en revue toute la riche discographie des teutons. Chaque fan aura sa setlist favorite mais il n’y a là pas de quoi se plaindre. Votre serviteur regrettera l’absence de « Ira Sancti (When The Saints Are Going Wild) » tiré de l’album Blood of the Saints mais nous ne vivons pas dans un monde parfait. Techniquement rien à redire, tous les musiciens sont bien en place et Attila Dorn ne s’économise pas derrière son micro. Quelques faiblesses émergent ici et là au niveau de la voix mais difficile de le lui reprocher vue l’ampleur de la tâche.

Après des mois de vaches maigres, POWERWOLF pouvaient difficilement faire mieux que ce The Monumental Mass: A Cinematic Metal Event pour se rappeler au bon souvenir de ses fans et entretenir la passion. Bien sûr tout est calibré, très produit et rien ne dépasse. Si vous voulez du vrai, du naturel et imparfait, les allemands ont multipliés les shows pendant les festivals d’été (dont le Motocultor en France). Ils se lanceront à partir de novembre dans une large tournée européenne (Wolfnächte 2022).

Oshyrya (08/10)

 

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Napalm Records / 2022
Tracklist (80:00 mn) 01 Prologue – Monumental Mass Theme 02 Faster Than the Flame 03 Venom Of Venus 04 Stossgebet 05 Demons Are A Girl’s Best Friend 06 Monumental Mass Theme – Sin 07 Dancing with the Dead 08 Cardinal Sin 09 Resurrection By Erection 10 We Drink Your Blood 11 Glaubenskraft 12 Monumental Mass Theme – Confession 13 Fire and Forgive 14 Beast of Gevaudan 15 Incense & Iron 16 Where The Wild Wolves Have Gone 17 Monumental Mass Theme – Forgiveness 18 Amen & Attack 19 Army of the Night 20 Blood for Blood (Faoladh) 21 Armata Strigoi 22 Epilogue – Monumental Mass Theme