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Imperial Triumphant – Alphaville

Dans un monde musical où la tendance est à l’uniformisation, où chaque genre a son lot de clones interchangeables, il reste des groupes capables de se distinguer, de sortir des sentiers battus. Depuis maintenant 12 ans, Imperial Triumphant fait partie de ces pionniers. Mieux encore, plus les années passent et plus le groupe évolue, ose et se démarque de la concurrence. Vile Luxury, leur opus précédent, était déjà un tour de force, mais ce que les New-Yorkais nous proposent ici place la barre encore plus haut.

Rien qu’au niveau visuel, l’artwork proposé par Zbigniew Bielak est époustouflant (c’est même, à mes yeux, sa plus belle pochette réalisée jusqu’à présent), et j’attends avec impatience d’avoir le disque entre les mains pour pouvoir l’examiner de plus près et me plonger dans le livret. Et c’est dans cet écrin qu’Imperial Triumphant nous livre à nouveau sa vision de sa ville, la Grande Pomme.

Dès le premier morceau, Alphaville pose le décor et une ambiance poisseuse. 14 secondes, deux notes de basse qui évoquent une sirène de police avant d’enchaîner sur une lente montée en puissance vers la première explosion dissonante : « Rotted Futures » donne le ton et nous emmène dans les bas-fonds de New-York, loin des lumières de Times Square. Combinant dissonances et cassures de ton, le groupe aligne les compos avec une maîtrise rare, se permettant même quelques ajouts inattendus comme ces tambours Taiko (avec un guest de Tomas Haake, le métronome de Meshuggah) ou ce sample en intro de « Atomic Age ».

Alphaville est un album exigeant, complexe… et pourtant, malgré sa complexité et son aspect touffu, tout est millimétré, calculé. Il faut certes plusieurs écoutes, mais toutes les pièces finissent par tomber en place pour donner un chef-d’œuvre menaçant. « No worries, the future is bright » n’aura jamais autant sonné comme une menace et non comme une promesse.

En guise de bonus, le groupe nous gratifie de deux reprises, une de Voivod et l’autre de The Residents. Là aussi, Imperial Triumphant a fait un superbe travail, en ne se contentant pas de simplement singer ces groupes, mais en s’appropriant les deux morceaux et en les déformant via le prisme de leur folie musicale.

Alphaville, album de l’année ? Il est certes un peu tôt pour le dire, à plus forte raison parce que je n’ai pas encore écouté le dernier album de The Project Hate MCMXCIX, mais il est tout de même un sacré prétendant au titre. À la fois original et radical, Alphaville est la preuve qu’on peut encore surprendre en 2020.

Mister Patate (9,5/10)

Facebook officiel 

Century Media Records – 2020
Tracklist (59:19) 1. Rotted Futures 2. Excelsior 3. City Swine 4. Atomic Age 5. Transmission to Mercury 6. Alphaville 7. The Greater Good 8. Experiment (Voivod cover) 9. Happy Home (The Residents cover)

Depuis ses débuts, Carach Angren est un groupe « entier ». Jamais dans la demi-mesure, les Néerlandais se sont forgé une identité forte. En tutoyant régulièrement le ridicule, sans jamais y tomber, le groupe de Seregor (chant, guitares) a pris le risque de déplaire. C’est sans compter sur une horde de fans acharnés, prête à suivre le duo dans ses délires les plus fous. Le dernier en date : Franckensteina Strataemontanus.

« Here in german woodland » annonce la couleur. Il s’agit ici d’un album concept basé sur la vie de l’alchimiste Johann Conrad Dippel, qui aurait inspiré Mary Shelley pour son roman « Frankenstein ».
Franckensteina Strataemontanus est-il l’équivalent musical d’un épisode de Scooby-Doo ou d’un vieux film de James Whale ? La réponse est un grand OUI ! Et c’est la principale qualité de ce sixième album.

Seregor et Ardek (préposé aux claviers) ont bien bossé leur copie. Un réel travail qui s’avère payant. Les compos accrochent l’oreille. « Scourged ghoul undead », le titre éponyme et « The necromancer », trio de tête imparable, s’incrustent directement dans le cerveau. Si « Sewn for solitude » et surtout « Operation compass » forment le ventre mou de l’affaire, l’album reprend du poil de la bête avec « Monster ». Un futur tube en puissance. Et la suite est tout aussi réussie…

Constamment dans une surenchère réjouissante, les orchestrations sont en adéquation avec le sujet conté. Elles apportent une réelle valeur ajoutée à ce black symphonique grandiloquent. Au point d’enterrer une concurrence en perte de vitesse (Dimmu Borgir, Cradle Of Filth…).

Franckensteina Strataemontanus est, ni plus ni moins, le meilleur effort de Carach Angren. Kitch, peut-être. Mais efficace, sûrement.

Nico (9/10)

Site Officiel : https://www.carach-angren.nl/

Season Of Mist /2020

01. Here in German Woodland 02. Scourged Ghoul Undead 03. Franckensteina Strataemontanus 04. The Necromancer 05. Sewn for Solitude 06. Operation Compass 07. Monster 08. Der Vampir von Nürnberg 09. Skull with a Forked Tongue 10. Like a Conscious Parasite I Roam 11. Frederick’s Experiments

Bütcher – 666 Goats Carry My Chariot

Sur le papier, Bütcher, c’est un peu l’album parfait pour les vieux. Ça leur rappelle l’époque où ils pouvaient mettre un perfecto sans ressembler à Johnny et où ils arrivaient à avoir une érection sans Viagra. L’âge d’or du Metawl, des débuts de Slayer, de Venom, de Bathory, du cuir, des clous, des riffs joués à fond de caisse. Et je les entends dire « de mon temps, ça, c’était du vrai Metal, on a tout inventé ».

Ok Böömer.

Le problème avec ce type de groupes, c’est qu’on peut vite tomber dans le parodique. L’hommage plus appuyé que la sortie de Schumacher sur Battiston. Et dans un monde où l’auditeur peut découvrir 10 sorties chaque semaine, les probabilités de perdre son temps avec un ersatz de Slayer époque Show No Mercy sont très limitées. On a pas que ça à foutre, bordel.

Heureusement, Bütcher arrive à rester sur le fil du rasoir. Alors, certes, l’originalité n’est pas au rendez-vous. Une pincée de Slayer, une touche de Bathory, un poil de Venom, on secoue le tout, on ajoute un pschiiit d’odeur de cuir et voilà, l’affaire est jouée, c’est le genre d’album que les Sud-Américains chient le matin. Par contre, en termes d’exécution, c’est très maîtrisé, ça rappelle un peu Evil Invaders dans le trip nostalgique (les deux groupes partagent d’ailleurs un guitariste) et c’est frais. Tout l’album dégage une impression d’énergie et de punch, avec juste ce qu’il faut de ralentissement sur le titre éponyme.

666, c’est le nombre de chèvres nécessaires pour atteindre les 88 miles à l’heure, comme la DeLorean. Mais c’est plus trve. Bütcher fait donc partie de ces « jeunes » groupes (on relativise quand même fortement, le groupe est né en 2002 et a mis 15 ans avant de sortir son premier album) qui reprennent le flambeau du vrai Metawl et, soyons honnêtes, ils ne sont pas les plus maladroits à ce petit jeu. Un album plus que correct qui ravira les nostalgiques de cette belle époque.

Mister Patate (8/10)

Facebook officiel

Osmose Productions – 2020
Tracklist (36:36) 1. Inauguration of Steele 2. Iron Bitch (Unholy Wielder of the Blade) 3. 45 RPM Metal 4. Metallström/Face the Bütcher 5. Sentinels of Dethe 6. 666 Goats Carry My Chariot 7. Viking Funeral 8. Brazen Serpent 9. Exaltation of Sulphur