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The Haunted – Songs Of Last Resort

« C’est la bande droite sur l’autoroute du Death thrash mélo : 105 à l’heure, cruise control, vieux moteur qui fait du bruit. On arrivera à destination, mais y’a plus les cheveux au vent sur l’Autobahn allemande avec Peter Dolving aux commandes »

Voilà comment je commentais « Warhead », premier single et opener de Songs Of Last Resort, 10e effort de The Haunted. On peut difficilement dire que l’engouement était au rendez-vous. Et pour cause : depuis le retour de Marco il y a douze ans, le groupe ronronne plus qu’il ne gronde, vivotant sur sa réputation alors que toute personne un peu honnête reconnaîtra que le groupe n’a jamais su répéter la prouesse rEVOLVEr qui remonte à… 21 ANS, si vous aviez la vingtaine au moment de l’achat de cette pépite, n’oubliez pas de boire un bon verre d’eau entre chaque bière quand vous sortez le vendredi soir et à vous étirer chaque matin pour éviter les raideurs. Parce que la vieillesse s’installe sournoisement.

Et la vieillesse, on la sent particulièrement à l’écoute de cet opus. Comme beaucoup (trop) de groupes, The Haunted n’est plus que l’ombre de lui-même. Sur les quatre premiers albums (sortis en l’espace de 6 ans et avec deux changements de frontman, rappelons-le), les Suédois étaient au sommet de leur art. Ici, HUIT ANS se sont écoulés depuis la sortie d’un Strength In Numbers qui fleurait déjà la naphtaline et le manque de hargne (même si le rédac’ chef n’était pas de cet avis à sa sortie).

Et malgré tout, le fan qui sommeille au fond de moi a ce réflexe pavlovien. Le pied qui tape la mesure. La tête qui dodeline sur certains morceaux. La première partie de l’album fait encore vaguement illusion. Bon, on ne retrouve pas l’énergie des débuts, mais ça reste suffisamment sympa pour passer un moment agréable.

Voilà, c’est justement ça, le problème de The Haunted cuvée 2025 : trop bon pour être simplement ignoré, trop moyen pour être acheté. Songs Of Last Resort est un album Spotifyable : on paie 17 euros par mois pour pouvoir, de temps en temps, se passer quelques pistes plus récentes du groupe. Par contre, hors de question de débourser 10,5 euros sur Bandcamp pour en détenir une copie dématérialisée.

5,5/10

Facebook officiel

Century Media Records / 2025
Tracklist (40:25) 1. Warhead 2. In Fire Reborn 3. Death to the Crown 4. To Bleed Out 5. Unbound 6. Hell Is Wasted on the Dead 7. Through the Fire 8. Collateral Carnage 9. Blood Clots 10. Salvation Recalled 11. Labyrinth of Lies 12. Letters of Last Resort

Ghost – Skeletá

Tobias Forge est ambitieux. Avec Ghost, le chanteur suédois veut tout simplement dominer le monde. Depuis Opus Eponymous (2010), son groupe a fait un sacré chemin. Sa musique pop et metal enrobée d’un visuel pseudo satanique, plaît au plus grand nombre ; les albums et E.P s’enchaînent à un rythme régulier et se vendent bien ; les salles de concerts affichent complet… Bref, la petite entreprise Ghost ne connaît surtout pas la crise.

Soyons direct, Skeletá n’est pas le chef d’œuvre annoncé par tous (comprendre médias généralistes et influenceurs venant de découvrir le groupe). Ce sixième opus est la suite logique d’Impera qui était la suite logique de Prequelle qui était… Bref, vous connaissez la suite… Mais voilà, qu’on l’aime où qu’on le déteste, Ghost réussit encore son coup grâce à cette évidence mélodique, cette facilité avec laquelle Tobias Forge enchaîne les « bangers » pop/metal.

Moins immédiat qu’Impera, Skeletá nécessite quelques écoutes (quatre/cinq environ) avant assimilation. Puis c’est la révélation. Tout devient logique. C’est peut-être un peu putassier, mais ça fonctionne une fois de plus ; que ce soit la petite intro typique, les refrains addictifs (« Satanized », « De Profundis Borealis » …), les morceaux nous ramenant quelques années en arrière (« Lachryma » n’aurait pas choqué sur Meliora), les ballades dégoulinantes de guimauve (« Guiding lights »), les influences demi avouées (« Peacefield » fortement influencé par le « Separate ways » de Journey), les synthés et la cowbell de « Umbra »…

Une conclusion s’impose : Forge s’en tire encore plutôt bien et continue inexorablement sa montée vers les cieux du succès. Un comble pour ce sataniste en carton. Mais attention, le pilotage automatique n’est pas très loin.

Nico (8/10)

Site Officiel : https://ghost-official.com/

Loma Vista Recordings / Concord / Universal /2025

01. Peacefield 02. Lachryma 03. Satanized 04. Guiding Lights 05. De Profundis Borealis 06. Cenotaph 07. Missilia Amori 08. Marks Of The Evil One 09. Umbra 10. Excelsis

Machine Head – Unatoned

J’avais lâché l’affaire Machine Head en 2018 avec la déception Catharsis. Enfin, je dis « déception », j’aurais plutôt dû dire « explosion en plein vol suivi d’un back flip dans le fossé le plus proche ». Et en 2022, à la sortie d’Of Kingdom And Crown, j’avais poliment ignoré l’album. Merde, on sortait de 2 ans de confinement, ma santé mentale remontait péniblement la pente, j’allais pas me saborder en me cognant 70 minutes de Robb Flynn (un bref coup d’œil à un de ses lives confinés avait suffi). Et aujourd’hui, alléché par la durée raisonnable de la galette (on est sous la barre des 45 minutes, une première dans l’histoire du groupe), je me suis penché sur Unatoned.

This house of gold is crumbling.

Robb, tu crois pas si bien dire.

Oui, je sais, je recycle une de mes ficelles de rédaction utilisée dans la chronique de Catharsis mais, une fois de plus, Robb trouve les mots justes pour décrire l’album, que dis-je, la carrière de Machine Head. Putain que c’est pauvre. Putain que c’est MOU. On assiste en direct et au ralenti à la chute vertigineuse d’un groupe qui, au fil des ans, avait su surmonter l’adversité (on se souvient des difficultés rencontrées par le groupe après Supercharger) pour devenir un poids lourd incontournable du Metal énervé.

J’ai beau essayer d’être indulgent, mais aucun titre ne décolle réellement. Le chant manque de mordant (vous aussi, vous trouvez que la voix de Robb semble émoussée sur « Atomic Revelations » ? Adressez-vous à votre organisme de protection des consommateurs pour obtenir une indemnisation)… Et les refrains ? BORDEL, Y’A MOYEN D’AVOIR UN PEU D’AGRESSIVITÉ DANS LES REFRAINS SVP ?

Au niveau des compos, on touche le fond. Machine Head a inventé « le morceau qui dure 4 minutes mais semble en durer 10 ». Un exemple ? « Unbound ». Même pas besoin de lancer un circle pit, s’il y a bien un truc qui tourne en rond, c’est ce morceau. Ça tourne tellement en rond, on dirait un single de Gojira époque L’Enfant Sauvage, mais en moins bien (vous saluerez la performance). Et le plus moche, dans cette histoire, c’est que le groupe parvient, lors de ses trop rares fulgurances fugaces et frustrantes, à entretenir l’illusion que le groupe en a encore sous le pied. Qu’il suffirait d’une étincelle pour que Robb et sa bande reviennent botter des fiacs par paquets de 12 comme à la belle époque. Le fan qui est en moi veut encore y croire. Mais le fan qui est en moi croit aussi que Slayer reviendra un jour pour de vrai. Quel con, ce fan intérieur.

Machine Head ? Machine Dead, plutôt. Ou peut-être une évolution du groupe vers des morceaux plus taillés comme une enfilade de singles pour répondre aux tendances sur le marché du streaming. L’avenir nous dira si ce pari est payant, mais il peine à me convaincre.

3/10

Facebook officiel

Nuclear Blast Records / 2025
Tracklist (41:42) 1. Landscape of Thorns 2. Atomic Revelations 3. Unbound 4. Outsider 5. Not Long for This World 6. These Scars Won’t Define Us 7. Dustmaker 8. Bonescraper 9. Addicted to Pain 10. Bleeding Me Dry 11. Shards of Shattered Dreams 12. Scorn