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La question va te paraitre bête mais je n’avais que 6 ans à la sortie de Trop Fou Pour Toi et je ne dois pas être le seul parmi nos lecteurs : qui est SATAN JOKERS ?

La SATAN JOKERS du passé était un groupe très arrogant, un mélange, une synthèse de différents styles. On aimait autant le jazz rock que le métal, autant MAGMA que JUDAS PRIEST, autant RUSH que BLACK SABBATH et on était des vrais musiciens. Il y avait Laurent Bernat à la basse qui est malheureusement décédé il y a presque 10 ans maintenant, Pierre Guiraud au chant, il venait de Toulouse. Il n’était pas du tout chanteur mais un grand showman et il est devenu le chanteur du groupe, blond décoloré, une espèce de frontman qui aurait pu se retrouver chez MOTLEY CRÜE et qui s’est retrouvé chez nous et Stéphane Bonneau à la guitare, que l’on appelait l’ange blanc car il était habillé en blanc et nous en cuir noir. La presse s’accorde à dire que l’on a inventé la fusion métal, c’est très gentil. Je pense qu’il s’agit d’un très beau compliment, cela fait très chic à dire mais que c’est un peu exagéré. Nous étions simplement la synthèse de nos cultures musicales. Nous étions de vrais musiciens avec une culture musicales parfois une peu plus riche que d’autres groupes de métal dans l’hexagone. Et forcément un peu plus arrogant, parfois pas forcément bien compris, avec une image détestée, adorée… Nous ne laissions pas indifférent et c’était assez intéressant.

Ça c’est le groupe des années 80, reformation en 2009. Pourquoi ? Parce qu’un mec me propose un festival pour être tête d’affiche, cela ne s’est jamais fait d’ailleurs, mais Pascal Mulot, bassiste exceptionnel et ami de Laurent me dit « ce serait quand même génial pour un festival ou deux et même se serait bien que l’on fasse un album ». Je le regarde et je fais « chiche ! ». Et on se retrouve en studio chez un mec avec qui je faisais des titres à l’époque et je remonte SATAN JOKERS. Et quatre albums de 2009 à aujourd’hui : SJ 2009, Fetish X, AddictionS et Psychiatric. Cela donne une formation d’un groupe culte des années 80, tout aussi culte aujourd’hui car tout aussi controversé. Finalement rien n’a changé et cela me fait rire. Pourquoi controversé ? Car aujourd’hui nous proposons des textes composés avec un psychiatre-addictologue qui m’a sorti d’une addiction de 17 ans à la coke et ça fait parler ! Mais cela me fait marrer car tout cela reste juste du rock n’roll, juste de l’amusement, de l’entertainement.

 

Le moins que l'on puisse dire c'est que cet album arrive vite : presque un an après AddictionS qui datait de 2011. Qu'est-ce qui explique cette grande fécondité selon toi ? une fécondité présente dès la reformation de Satan Jokers puisque nous en sommes à quatre albums studios !

C’est une boulimie de travail parce que justement 17 ans d’addiction et l’impression d’avoir perdu du temps. Je n’ai pas fait certaine fois ce que j’aurais voulu faire. Aujourd’hui il est de bon ton d’avoir plusieurs projets. Moi quand je faisais SATAN JOKERS, aimer plusieurs styles musicaux c’était être un paria, être un traître à la cause, un traître. Le fait que je vive de mon art et que je parte dans le camp de variété française, dans le pop/rock, que je fasse les trois plus grandes comédies musicales françaises : Starmania, La légende de Jimmy et Notre dame de Paris, certains métalleux ne le comprenaient. Ils pensaient que j’avais renié mes origines. Mais pas du tout ! Je suis avant tout un musicien et j’écoute autant Kate Bush, Peter Gabriel et Michel Jonasz que du métal comme ILL NINO et PANTERA. Pourquoi je devrais me contenter que d’un truc, pourquoi b*** que des blondes si je peux avoir une belle brune. C’est abstrait.

Donc boulimie de travail car l’impression d’avoir perdu du temps et également la peur du temps qui passe et quand tu fais ça tu ne fais pas de conneries ! C’est thérapeutique et aussi, et c’est peut-être le plus important, la peur que l’objet, tu sais cet objet qui est le disque disparaisse avec le matériel d’aujourd’hui, avec internet. Les chiffres de vente sont catastrophiques aujourd’hui donc quand j’annonce sur la page du groupe que l’on est en réassort c’est formidable mais en vérité il s’agit de score dérisoire par rapport à une certaine époque. Mais on est super content d’être en rupture de stock et de remettre des disques en place dans les magasins. Mais c’est à mourir de rire car on va gagner peanuts. Bref tout ça pour dire, éviter les conneries et avoir peur que le cd disparaisse. Déjà le cd a remplacé le vinyle et moi j’aime le disque, je suis un acheteur de disques. J’aime en acheter et plus que tout j’aime en faire ! J’ai envie de laisser une trace de mon passage.

 

Quel est ton état d’esprit pour la sortie de Psychiatric ? Quand on voit cette créativité, on imagine que c'est parce que tu tiens la forme et pourtant, à la lecture d’interview dans la presse, tu sembles désenchanté et amer…

Non je suis pas désenchanté, je vis avec mon époque, avec mon temps et je suis réaliste. Ce qui me rend malheureux avec SATAN JOKERS c’est que l’on a pas de management et pas de gros tourneur et donc le groupe ne peut pas donner autant de concerts qu’il devrait en donner pour défendre ces disques. Mais ça c’est un problème typiquement français. Et ça cela me rend malheureux et dnc j’ai décidé de mettre le groupe en sommeil. Il sera en sommeil sauf les fois où nous serons contactés pour jouer mais quand on nous prend au sérieux, c'est-à-dire quand on nous paye sérieusementr. Je ne vais pas accepté les conditions dans lesquelles se produisent certains groupes des années 80 qui jouent pour 500 euros parce que cela ne m’intéresse pas.

Nous avons une démarche à faire valoir. Je n’ai pas un deuxième métier, je ne suis pas charcutier la journée et musicien le soir. Mon métier c’est la musique et comme j’ai plusieurs projets, j’ai une école qui fonctionne du feu de Dieu, que je fais des bouquins, je gagne ma vie avec la musique. Le travail que l’on fait sur scène est de qualité, SATAN JOKERS c’est quand même une dream team : Michaël Zurita à la guitare c’est quand même le Steve Vai français, Aurel à la batterie c’est quand même un cyborg, Pascal Mulot à la basse et moi au chant, je suis désolé mais ça vaut tant. 500 euros c’est pas possible.

 

Pourquoi le titre de ce disque apparaît-il avec une orthographe anglaise alors que SATAN JOKERS a toujours tenu à l'expression en français. Et c’était déjà le cas pour Fetish X ?

Non c’est un hasard, il n’y plus aucune volonté de s’exporter, le rêve américain c’est fini. Je l’ai eu à 18 balais mais il est vite passé. Ils ne nous attendent pas et moi non plus. Non je sais pas c’est totalement le hasard. C’est le fait de Laurent Karila et il t’aurait sans doute mieux expliquer ça que moi. Il est psychiatre-addictologue et il est très branché gimmick comme moi. Et donc Psychiatric avec un « c » sonnait plus rock n’roll c’est aussi con que ça, il faut n’y voir aucun calcul. On est vraiment un groupe francophone, nous chantons en français. J’ai un projet en anglais qui s’appelle FURIOUS ZOO… Au niveau du design du mot c’était mieux comme ça.

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Il semble qu'à la différence du précédent la thématique de l'album tourne autour de la maladie mentale… (sujet abordé est particulièrement casse gueule) pourquoi ce choix ? A contrario vous avez abandonné un certain nombre de paroles légères, comme celles de « Trop fou pour Toi », « Infidèle ». Est-ce volontaire ?

Oui cela fait un moment que nous avons abandonné ce créneau au niveau des thématiques et cela ne risque pas de revenir tout de suite car le cinquième membre du groupe c’est Laurent Karila. Vraiment. Et c’est un privilège d’avoir ainsi un mec qui peut faire évoluer ton groupe avec des textes intelligents, avec une approche médicale de certains sujets. Faire AddictionS c’est faire de la prévention. Cet album va avoir une deuxième vie car normalement dans les semaines qui viennent, je l’espère et ce sera plus important pour moi que le Top 50 car nous sommes dans les starting-blocks avec la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie – site ici). Cette action gouvernementale devrait utiliser notre travail dans des actions de prévention. Et ça franchement c’est super important, la contribution de ma vie d’artiste. Ce serait sans précédent dans le monde.

Donc quand ton thérapeute est devenu ton ami, ton frère, qu’il a des idées à ta place, il te tire, on finira le tryptique. Je vais mettre SATAN JOKERS en sommeil, oui, mais il y a déjà un album prévu qui sera très certainement ce qu’il appelle lui un « sexe-opéra », un opéra rock sur les addictions et les perversions sexuelles et on aura boucler la boucler. On y trouvera des mecs comme Stéphane Buriez (LOUDBLAST) car j’adore ce mec, je le veux et il sera là en plus de différents chanteurs de métal francophone et une chanteuse de métal française. Par contre en live on joue des trucs légers, « En Partance Pour l’Enfer », « Pas Fréquentables » en même temps que des trucs intelligents (rires) ! Mais le seul élément du groupe des années 80 c’est moi ! Et tout cela c’est du rock, c’est pas trop sérieux. Quand je fais des déclarations tapageuses c’est du vingtième degré…

 

Votre chansons sont toujours super catchy alors qu’avec le line-up on pouvait s’attendre à une musique très technique. Comme se fait l’équilibre ?

Le côté attrayant est ma patte, c’est la marque de fabrique de ma carrière solo et SATAN JOKERS a toujours été le laboratoire de mes expérimentations. Cela explique des chiffres de vente supérieurs à nos confrères à part TRUST qui a été un énorme phénomène. Et nous étions les seuls à pouvoir un peu les concurrencer. Le groupe a aussi toujours attiré plus de « gonzesses » que la moyenne mais pas parce nous étions des playboys mais simplement parce que les refrains étaient plus accrocheurs. Alors SATAN JOKERS aujourd’hui pose des questions à mes fans pop/rock. Ils se demandent pourquoi je suis attaché à ce bébé pourquoi cela me tient à cœur et ils écoutent. Et souvent ils adhèrent parce que les refrains sont là alors qu’ils m’aiment parfois pour des balades sirupeuses piano/voix. Des mères de famille ou des gamines de 18 ans le disent « je suis allé bossée avec Psychiatric dans la bagnole et cela m’a donné une patate ! ». Et là tu es content…

 

Pour ce Psychiatric, c'est encore Laurent Karila qui s'est chargé des paroles comme sur AddictionS. Alors que tu aimes écrire (voir ton bouquin autobiographique Poudre aux yeux), tu sembles avoir abandonné cette tâche facilement. Pourquoi ?

Oui mais il parle de 17 ans de ma vie de A à Z, comme il le dit c’est mon « neurone-miroir ». Pour AddictionS, je lui proposais une fin d’album qui s’appelait « une vie avec ou une vie sans ». Et là il me regarde il me dit « ah non, cela va s’appeler ma vie sans ». Il avait décidé pour moi et j’arrêtais, c’était son rôle de thérapeute aussi bien sûr. Cela me décharge juste d’un poids, j’ai ainsi une vision plus globale, je choisi les texte, les ambiances qui s’adaptent le mieux… Je suis une tour de contrôle et c’est formidable. Nous n’avons jamais été autant un groupe et j’attends qu’Aurel (le batteur) se mette à écrire pour SATAN JOKERS. Il ne fait pour l’instant que les arrangements de batterie et ses parties sont fondamentales, c’est une valeur ajoutée. On a jamais autant bossé en groupe, au téléphone, mais les idées fusent. On échange des mp3, on est obligé on ne peut plus faire autrement. Economie de budget, il faut être réaliste. Je suis sur Cubase, l’ingé-son intervient…

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A quoi aspirez-vous désormais après avoir connu les plus hauts et les bas de la notoriété mais aussi le fond du trou avec les drogues ?

Il ne faut pas se le cacher mais avec les drogues au début il y avait du plaisir. Moi je les utilisais avec une connotation sexuelle. Je le dis dans le deuxième bouquin, je n’étais plus le même mec, je passais de quelqu’un d’hyper directif à un agneau, « d’un culbutor du cul » à une vraie merde et cela m’excitait. C’était une recherche de plaisir, tu sais, on commence à se droguer parce que l’on aime ça ! Et on ne se rend pas compte des conséquences. Si j’avais eu les règles du jeu avant, je n’aurais pas commencé ou alors je serais mort en y allant à fond. Mais j’ai toujours du mal, j’ai fait des faux-pas… Tout le monde me disait que j’allais devenir le nouveau Balavoine mais je rencontre en 1994 la drogue, deux ans après la mort de Michel Berger et j’y vais à fond. Mais personne le sait et je l’avoue en 2011. Je suis passé à travers tout, la police, la justice, les RG… Etre dans une tricherie permanente pendant 17 ans. Et ma famille ne pouvait rien faire dans ma dérive.

 

Par ailleurs le CD est livré avec un DVD bourré de bonus très intéressants il me semble. Peux-tu les présenter ?

Le but c’est de faire plaisir aux gens et c’est une vraie belle trace du groupe. Le DVD de 3 heures avec 3 chapitres : le premier présente l’intégralité de l’album Addictions joué l’année dernière au Satan’s Fest sans remix, sans retouche, brut de décoffrage. Et cela le fait grave. Ensuite des clips et un colloque fait à la FNAC avec des titres unplugged et ensuite on parle et on fait de la prévention. Troisième chapitre, le groupe des années 80, 40 minutes que j’ai réussi à synthétiser en passant ce qu’il y avait de plus acceptable des bandes VHS de l’époque. Alors cadeau ! Petit prix avec un beau DVD dedans.

 

Et enfin "Le Quizz De Metal Chroniques Quizz" pour terminer cette interview :

01. Quelle est votre chanson préférée (tous artistes, époques…) ?

« Une » je peux pas, je t’en donne plusieurs : « Four Sticks » de LED ZEPPELIN, « Get out of My House » de KATE BUSH et « Domino » de JESSI J, c’est un tube de dance actuel, une tuerie, « Teenage Dream » de KATHY PERRY, c’est énorme… Je vais la faire en piano/voix lors des concerts à venir les 29 et 30 mars au Pacific Rock à Cergy pour mes 50 ans. J’ai l’impression d’être un teenager prisonnier dans un corps de 50 balais !

02. Premier album acheté ?

En 1969, j’avais 6 ans et c’était II de LED ZEPPELIN

03. Dernier album acheté ?

J’en ai acheté 15 en même temps, moi quand je suis dans un magasin… Une compil de RONNIE JAMES DIO, un peu pourrie mais j’adore et je suis très malheureux de sa disparition, un des plus grands…

04. Quel son ou bruit aimez-vous ?

L’orgasme d’une fille…

05. Quel son ou bruit détestez-vous ?

Les travaux chez mes voisins.

 

Tous nos remerciements à Roger WESSIER (Replica Promotion)

 

Chronique de l'album ici

Chronique Addictions ici

Site internet

Satan Jokers – Psychiatric

3426300089229_600C'est peut-être l'effet de la cure entamée auprès du docteur et ami Laurent Karila mais dans tous les cas, les faits sont là : Satan Jokers et Renaud Hantson sont en forme. Et cette forme se concrétise sous la forme d'albums réguliers et de qualité. Après un excellent Addictions paru en 2011 qui se plaçait assurément comme le meilleur disque de Satan Jokers, voici en quelque sorte le petit frère de ce disque, Psychiatric. « Petit frère » ou « grand frère » tant le niveau musical affiché ici est proche voire parfois supérieur à celui d'Addictions. Le groupe est toujours aussi impressionnant de virtuosité tout en nous proposant une suite de chansons extrêmement accrocheuses. 

Il y en aurait beaucoup à citer. Par exemple le titre d'ouverture très nerveux qu'est « Crime Tribal », qui pose d'emblée le cadre d'un hard fusionnant le meilleur des années 80 et les tendances actuelles. La forte présence de la basse d'un Pascal Mulot très en verve participe beaucoup de la conservation du son assez spécifique du Satan Jokers de l'époque de Trop fou pour toi (1984), dans un ensemble toutefois tout à fait modernisé du fait des parties de guitare de Michaël Zurita. Le dernier aura d'ailleurs fini de me convaincre que les fans n'ont pas tant que ça de raisons de regretter que Stéphane Bonneau n'ait pas participé à la reformation du groupe. Et quand les deux instrumentistes s'associent lors des parties solos d'« Obsession », la virtuosité devient étourdissante.  

Le sens de la mélodie, de l'accroche et du refrain instantané n'a pas disparu loin de là. À travers des titres immédiats – dans le bon sens du terme – tels que « Flashback Traumatisme », « Suicide » ou « Schizophrenic », Renaud Hantson nous rappelle quel chanteur il est. Un mention est à faire pour « Fracture Morale », totalement irrésistible et qui aurait bien mérité un passage sur les ondes radio. Cette dimension très accrocheuse des chansons est à signaler car elle se fraie un chemin dans un ensemble très sombre, à l'image de la pochette mais aussi de paroles tournant exclusivement autour du thème de la folie.

Car Renaud Hantson, comme sur Addictions, a laissé Laurent Karila se charger des paroles. Délaissant le sujet de la drogue pour celui de la folie, Karila évoque tous les aspects des troubles mentaux qui sont traités du point du vue du malade : les tendances suicidaires (« Suicide »), les TOC (« Obsession »), les manies de la persécution (« Persécuteur Désigné »)… L'ensemble n'est en rien léger et d'ailleurs ne vise pas à l'être. J'adhère cependant totalement à la démarche. Et j'y adhère d'autant plus que les paroles sont très bien écrites, à la fois adaptées à des lignes de chant aussi variées que convaincantes, mais aussi dotées d'une force de suggestion qui participe du succès total de Psychiatric. Le chant en français démontre de manière qu'il est non un handicap mais un « plus » pour un groupe sachant se l'approprier.

Et ce n'est là qu'un des nombreux atouts d'un disque qui clot en beauté une carrière que Renaud Hantson semble vouloir interrompre ou du moins suspendre. Si Psychiatric est une dernière révérence, c'est sans doute la plus belle que l'on pouvait souhaiter pour Satan Jokers.

Baptiste (8/10)

 

PS : Signalons que l'album est livré avec un DVD roboratif, indispensable pour tout fan par les vieilles vidéos du premier Satan Jokers qu'il contient mais aussi par un concert de la tournée Addictions proposant l'album in extenso. On ne se moque pas du monde là…

Replica – Brennus – Rebel Music / 2012

Tracklist (49:20) : 01. Crime Tribal 02. Flashback Traumatisme 03. Obsession 3’52 04. Phobies 05. Serial Killer 06. Suicide 07. Schizophrenic 08. Panique Hystérique 09. Fracture Morale 10. Persécuteur Désigné 11. Camisole Chimique 12. Psychodéréglé 

 

Satan Jokers – Addictions

Satan Jokers mark II est donc un groupe stable, qui signe avec ce Addictions, son troisième opus en trois ans. SJ 2009 avait déjà posé les bases de cette nouvelle mouture dont – rappelons-le – Renaud Hantson est le seul membre originel : un hard rock chanté en français toujours très technique, mais dont les éléments de technicité s'étaient déplacés vers les parties lead et les harmonisations virtuoses, plus que vers les complexités rythmiques (malgré la présence d'un Pascal Mulot au rôle croissant). La fin du chant double, puisque Hantson se charge de toutes les parties vocales, instaurait une césure sur un autre point. Pour finir le son avait été clairement modernisé et s'avérait beaucoup plus puissant, faisant de Satan Jokers un groupe plus heavy que jadis. 

Le meilleur Satan Jokers ? 

Addictions ne change pas vraiment la donne, même si on remarquera cette fois que la basse de Mulot est bien plus mise en avant. Bondissante et tourbillonnante, elle participae plus nettement au son du disque (« Substance récompense » ou le très rapide « Appétit pour l'autodestruction »). Quant à Michel Zurita, sa technicité qui reste toutefois très mélodique, est un des autres points forts du disque. Si Renaud Hantson se charge de toutes les parties vocales et délaisse la batterie, on ne peut que constater que ce choix – peut-être douloureux – a été payant : ses lignes vocales sont ici franchement excellentes, le disque proposant un cocktail de refrains très très (j'insiste) accrocheurs, notamment sur « Euphorie », « Substance récompense » ou « Lune de Miel ». Globalement Addictions est un excellent disque de hard rock chanté en français et sans doute le meilleur de Satan Jokers toute époque confondue, notamment car il connaît très peu de moments faibles, tout en se montrant varié. 

Un thème fort

Mais l'essentiel n'est pas là, selon moi. Car le thème du disque qui transparaît à travers toutes chansons par les paroles est non seulement très fort mais le transcende directement pour en faire quelque chose de tout à fait mémorable. Ainsi « Une Semaine en enfer » aurait pu se contenter d'être juste une excellente power ballade mais elle est plus que cela. Le thème de la drogue et de l'addictions qui est à l'origine du disque est un élément essentiel. Il est un reflet de la vie de Renaud Hantson puisque celui-ci a entamé récemment une thérapie pour venir à bout d'une addiction à la cocaïne tenace avec le professeur Laurent Karila, celèbre addictologue.

De manière inattendue c'est de ce dernier – un grand fan de métal devant l'éternel – qui a proposé d'écrire des paroles retravaillées par la suite par Hantson. On y perçoit une très bonne connaissance de l'univers du toxicomane, ce qui nous permet de suivre au fil du disque la plupart des moments clés de l'histoire d'un drogué s'adonnant à la cocaïne. Le ton n'est pourtant pas du tout « clinique » car l'empathie du docteur est assez forte pour qu'il nous fasse réellement entrer dans un univers intime très spécifique – celui du toxicomane – en nous faisant parcourir toute la palette des sentiments éprouvés. Le tout n'est pas pour autant morbide, glauque ou moralisateur, mais se montre très prenant et participe pleinement du succès du disque. À recommander.

Baptiste (8,5/10)

 

XIII bis / 2011

Tracklist (48:15) : 1. Reine Cocaïne 2. Dealer (Docteur Vice) 3. Substance Récompense 4. Appétit pour l'autodestruction 5. Euphorie 6. Une Semaine en Enfer 7. L’Effet Parano 8. Detox 9. Lune de Miel 10. Mephedrone 11. Puzzle Cérébral 12. Chute, Rechute 13. Ma Vie sans