L'air de rien, c'est tout de même le sixième album de Korn en neuf ans, on ne peut pas dire que ces jeunes gens aient chômés. Passé du stade de méga révélation metal avec le séisme qu'a causé le premier album éponyme, le groupe de Bakersfield est actuellement une des plus grandes formations de metal tous styles confondus, grâce à la qualité irréprochable de leurs albums. Soit, les fans hardcore pourront dire que sur Untouchables, le groupe s'est laissé prendre au jeu du succès et a signé des compos plus commerciales (et encore …) que Jonathan Davis s'est montré moins agressif que par le passé, mais bon, ce garçon a vraiment un belle voix et il sait chanter ( à titre d'exemple sur ce nouvelle album les mélodies de Break some off, Here it comes again ou Everything).

Enfin, bref que les fans de la première époque de Korn se rassurent, ils sont revenus à leur son du début, en rupture avec l'évolution entamée sur Untouchables. Dès les premières notes de Right now (excellentissime, du grand cru ! ! !), le son est proche de celui de l'album éponyme bien que l'album soit produit par Korn et Jonathan Davis et enregistré par Franck Filipetti (qui a également travaillé sur Untouchables). La basse de Fieldy (nommé Dog sur cet album) nous explose directement à la gueule. Très mixé en avant, avec un son cradingue ( mélange d'un légère disto avec des cordes qui frisent plus que jamais), sa super technique de frappé du pousse est bien mise en valeur. C'est un régal d'ecouter ce bassiste, le plus doué de la scène néo, qui, pour cet album n'hésite pas à nous balancer des petits grooves à le Flea des Red Hot Chili Peppers (comme sur Everything I've known, un des titres phares de l'album). Le son de la batterie de David (nommé Wally Balljacker) est sourd comme sur le premier album, il a pour l'occasion simplifié son jeu et la paire rythmique est solide et efficace, percutante à souhait. Les guitares de James the Gorilla et de Sir Headly sont comme à leur habitude génératrices de super riffs, d'une rare efficacité avec toujours ces petits arrangements bourrés d'effets dont ils ont le secret.

Comme Jonathan Davis l'avait dit en interview, ce nouveau Korn est plus agressif, sa manière de chanter est l'élément principal de ce retour à plus d'agressivité. Il force d'avantage sa voix mais de nombreux passages plus mélodiques au chant se trouvent sur cet album car il serait dommage avec un tel chemin parcouru depuis leur début de laisser tomber cet acquis, une des forces de Korn. Et comme je l'ai dit plus haut, Jonathan sait chanter et il est excessivement doué dans la création de lignes vocales mélodiques imparables.

Alors quoi de neuf dans ce Take a look in the mirror ? Pas grand chose au final : le quintet continue à nous proposer sa musique unique écrite par le talent insolent de ses créateurs. Et cet album contient un collection de chanson absolument superbes, dans un style que Korn a su définir dès ces débuts. Même si Jonathan Davis se défend en interview de ne pas pouvoir faire de singles sur commandes, lui et sa bande ont réussi à en signer un nombre non négligeable sur cet album : le puissant Right now, les mélodique Counting on me (un Jonathan Davis à son top) et Hear it comes again (quasi commercial si il n'y avait pas ce refrain agressif), Did my time (avec un côté fusion bien venu et encore des lignes de chant irréprochables, un très grand morceau de Korn), Everything I've known avec un chant utra entraînant ou même encore Play me avec Nas (peut être pour faire la réplique à Linkin Park ?) qui vient poser un chant rap brut et puissant, aux origines de fusion à rapprocher de Rage Against The Machine ou Body Count, bref il n'y a quasiment rien à jeter sur cet album.

On pourrait chipoter en disant que Korn a parfois tendance à recycler certaines idées (comme sur Alive ou le refrain a un arrière goût de Got the life) mais c'est si peu qu'il serait malhonnête de les blâmer pour cela car cet album, sans faiblesse remarquable, est fait d'or pur, c'est une véritable bombe qui va marquer un tournant dans la carrière du groupe. Un carton, à n'en pas douter et plus qu'amplement mérité. On peut même rajouter que leur mérite est encore plus grand car la paire de guitariste démontrent une maîtrise qui laisse à désirer sur cet reprise de One (et encore le morceau se termine avant le solo de Kirk Hammet) vraiment dispensable.

Vik (08/10)

Epic – Sony / 2003

http://www.korn.com/

Track listing (..:..)
1. Right now 2.Break some off 3.Counting on me 4.Here it comes again 5.Deep inside 6.Did my time 7.Everything I've known 8.Play me 9.Alive 10.Let's do this now 11.I'm done 12.Y'all want a single 13.When will this end (avec en ghost track la reprise de One de Metallica).