Ajattara-noitumaaCirconspect. De nombreuses écoutes et le résultat est le suivant : je suis circonspect, et c’est un euphémisme poli. Je ne sais pas vraiment sur quel pied danser sur ce coup là. Pourtant, habitué d’Ajattara, que je suis avec enthousiasme depuis le tout premier album, je dois dire que cette nouvelle galette me laisse dubitatif. Original, intriguant, mais surtout décevant…bref, j’hésite entre un regard hébété avec les sourcils en accent circonflexes et le rire bien gras du mec qui cherche pas à comprendre…

Mais il convient, avant d’entrer dans le vif du sujet, de replacer un peu les choses dans leur contexte car « Noitumaa » est un album ô combien particulier, non seulement pour le groupe, mais aussi, dans le petit monde du Black finlandais, et peut être bien dans le monde du Black tout court. Sachez donc, que le ci-nommé « Noitumaa » est un album entièrement acoustique. Hé ouai. Ajattara fait de l’acoustique. Sachant que le Black est un style qui peut surprendre en bien des points quand il est trituré par des esprits fertiles, j’étais ô combien curieux d’entendre le résultat. Bon…je l’ai entendu, de nombreuses fois.

Et comme je ne suis pas du style à écouter de loin les albums que je reçois à chroniquer sans m’intéresser au bien fondé de leur présence, je me suis posé des questions. Mais diantre, qu’est-ce ? Pourquoi, hein, pourquoi ? Ce genre de questions, en gros. Et j’en suis venu à la conclusion que « Noitumaa » à du être composé pendant une panne d’électricité. Ben ouai, plus de jus, plus de guitare électrique, plus de chauffage, mains engourdis, esprit qui tremblote, panne d’imagination, et finalement créativité au rencard. Alors les gars d’Ajattara ils se sont allumé un grand feu et se sont réunis autour. Logique. Puis pour se réchauffer ils sont allés chercher à la lumière de la bougie les meilleures bouteilles d’alcool frelaté qu’ils ont pu trouver. Puis comme le temps passait pas vite, dans cette semi obscurité qui piquait les yeux à cause du feu, les gars d’Ajattara, ils se sont dit « Hey boys, on est des musiciens pas vrai ? Right, si on jouait de la musique pour se réchauffer et passer le temps ? En v’la une idée qu’elle est bonne ! » puis, gaies comme des pinsons ils se sont mis à l’ouvrage.

Pour déconner. Tiens on va se taper un pti bœuf entre potes blackeux, et comme on est imbibés jusqu’à l’os, le résultat risque d’être marrant ! Armé d’une guitare acoustique déjà bien usée « Vas-y Ruoja, gueule un bon coup comme tu le fais si bien ! » qu’il lui a dit le guitariste au chanteur « J’ai les doigts tout endormis qui sont comme des ptites saucisses insensibles, j’arrête pas de faire friser mes cordes, gueule un bon coup pour pas qu’on s’en rende compte ! ». Alors le chanteur il a gueulé, aidé par ses copains qui se sont mis à faire des bruits bizarres, puis le batteur, il a regardé autour de lui et il a trouvé une boite de conserve rouillée et un ptit bâton, alors il a fait la rythmique. Et le bassiste comme il se faisait chier en regardant bêtement ses potes jouer comme des manchots, il a fouillé dans ses poches et il a trouvé un kazoo et une guimbarde. « Ah, enfin j’vais pouvoir suivre mes copains et apporter ma contribution à ce beau bordel ! » qu’il s’est dit, le bassiste.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Ils ont joué toute la nuit, jusqu’à ce que le feu s’éteigne, et ils étaient tellement chauds que Ruoja il s’est même étonné à placer des lignes de chant clair, puis ils se sont endormis comme des sacs, bien fatigués quand même, parce qu’improviser comme ça pendant des heures c’est usant. Le lendemain, ils se sont réveillés, la bouche pâteuse, leurs fringues qui puaient un mélange d’alcool et de feu qui s’éteint, un sacré mal de crâne aussi… et ils se sont souvenus de leur ptite bringue. « Les mecs, j’vous aime ! » qu’il a dit Ruoja, « On s’appelle on se fait une bouffe… puis on en profite pour se refaire ça, et enregistrer nos délires ! On est Ajattara quoi, on peut le vendre ce merdier acoustique ! On aura qu’à dire que c’est « experimental », ça marche à tous les coups ça, puis ça donne une excuse pour la pauvreté des compos hein les gars !». « Ouai, c’est bien vrai ça patron ! On peut le vendre not’ merdier acoustique ! » qu’ils ont dit les autres. Deux jours plus tard, nouvelle panne d’électricité…devinez ce qu’ils ont fait nos copains d’Ajattara…

Sheol (04/10)

 www.myspace.com/ajattara

Spikefarm Records / 2009

Tracklist (31:30 mn) : 1. Keuhkosi 2. Massat 3. Mitä kuolema parantaa ? 4. Saatana palvoo meitä 5. Saveen saarnattu 6. Ikuisen aamun sara 7. Kielletyn sanat 8. Säkeitä riipouneesta lihasta 9. Lammas