Entretien avec Lex Koritni (Koritni)

Koritni, c'est un peu l'exception qui confirme la règle. Parce que la France est censée être un pays où il ne fait pas bon être musicien, ou sinon il ne faut pas espérer en vivre. -Surtout- quand on fait autre chose que la sacro-sainte « pop française ». Mais voilà des australiens qui signent avec une maison de disques françaises… et tournent très régulièrement partout en France, vraiment partout. Enfin, il y a bien un infiltré-guitariste français parmi eux, certes. Leur troisième album sort ces jours-ci, avec quelques invités de marque, toujours le même hard-rock festif mais efficace: les critiques ont l'air d'être généralement positives et ça n'est pas pour rien! Il est donc temps de faire les présentations avec Lex, le chanteur/fondateur/leader/prêteur de nom du groupe…

 

MetalChroniques: Comme c'est la première fois que quelqu'un du webzine a une interview avec Koritni [le groupe], est-ce que tu peux te présenter ou présenter le groupe en quelques mots?
Lex Koritni: Eh bien nous sommes un groupe de hard-rock, nous venons d'Australie…
M.: …et un peu de France [ils sont tous australiens, sauf un des deux guitaristes, qui est français.]
L. K.: Et un peu de la France oui. A vrai dire, cette tournée est encore plus « issue de la France », parce que je vis en France maintenant. J'ai une maison à Jarnac, près de Cognac, et notre deuxième guitariste, Luke [Cuerden], ne pouvait pas être là pour cette tournée à cause d'un autre engagement [il tourne apparemment avec Shannon Noll, gagnant d’Australian Idol en 2003 me dit Wikipedia], donc nous avons demandé à Manu Livertout de nous rejoindre sur ces concerts. C'est un guitariste français, nous avons beaucoup de chance d'avoir trouvé quelqu'un d'aussi capable que lui. Eddy [Santacreu], qui est français, vit maintenant en Australie: nous avons échangé!
Quoi qu'il en soit: mes racines viennent du groupe Green Dollar Colour, nous avions sorti un album il y a longtemps… en 2004 ou 2005 je crois. Ce projet n'a pas duré très longtemps, nous avons fait un seul album pour lequel nous n'avons pas fait la moindre tournée. Et Koritni s'est développé à partir de là.

M.: Et pourquoi est-ce que le groupe a été baptisé à partir de -ton- nom?
L. K.: Parce que je suis le meilleur! Non, sérieusement: dans la tradition de groupes comme Van Hallen, Bon Jovi… je pense que c'était une progression naturelle? Parce qu'il y avait eu une petite couverture médiatique pour Green Dollar Colour, si bien que mon nom avait été cité ici et là. Et puis pour des raisons légales, quand Green Dollar Colour s'est séparé je ne pouvais plus utiliser ce nom, donc autant continuer avec quelque chose que légalement personne ne pourrait m'enlever… à savoir mon nom!

M.: Si je ne me trompe pas, sur votre premier album, une personne était chargée du mixage, sur le deuxième album, ils étaient deux… et sur le troisième ils sont trois? Est-ce que vous en prendrez quatre pour le quatrième album?
L. K.: Peut-être! Non, sérieusement, ça n'avait rien d'intentionnel, les choses ont juste tourné comme ça. Dan Leffler a mixé quelques chansons du deuxième album [Game Of Fools], et le résultat était très bon donc il n'était pas nécessaire de demander à Mike [Fraser, qui avait déjà mixé le premier album, et une partie du deuxième] de remixer. Pour le nouvel album nous avons voulu essayer Dean Maher, qui avait déjà travaillé sur Lady Luck comme assistant: Mike Fraser mixait et Dean était son assistant. Nous avons voulu voir ce qu'il ferait pour nous, parce qu'entre-temps il avait fait des mixages pour Nickelback, Bryan Adams… et des groupes plus heavy dont j'ai oublié le nom: nous nous sommes dit qu'il serait bien pour les chansons les plus heavy de l'album, et nous avions raison! Parce que mixer est quelque chose de très personnel, certaines chansons conviennent mieux à certains types: dans le fond nous avons juste confié les chansons appropriées aux personnes appropriées. Mon ami Dan Leffler a enregistré la batterie, il a aussi été chargé des mixages les plus compliqués, parce que je pouvais aller chez lui pendant qu'il travaillait, alors que les autres ont été envoyés à Vancouver… et je me vois mal prendre l'avion pour Vancouver juste pour une histoire de mixage!

M.: Vous avez également trois musiciens invités sur cet album, alors pourquoi s'embêter à inviter qui que ce soit, et pourquoi ces trois-là?
L. K.: J'ai toujours voulu avoir des invités, même sur les albums précédents, mais nous n'avions pas le temps. Les albums précédents ont été enregistrés en studio, et en général quand on travaille en studio on regarde son projet et on en déduit: « il me faut… deux mois en studio ». Et au final, il te faudra trois mois, c'est garanti. Parce que tu as réservé pour deux mois, très bien, mais tout à coup tu manques affreusement de temps, et tu dois demander plus de temps, plus de temps… plus d'argent, plus d'argent! Ca s'est passé comme ça pour Game Of Fools: nous avons passé beaucoup de temps en studio, et il n'était plus possible de faire quoi que ce soit avec des invités. Parce que quand tout le planning a été bouclé et qu'il ne reste plus que trois semaines, si l'invité n'est pas disponible dans ces trois semaines… tant pis, raté! C'est le premier problème. Pour ce nouvel album, j'ai installé un studio chez moi pour l'enregistrer. Grâce à ça, nous n'avons eu aucune limite de temps pour le faire, parce que ma maison est toujours ouverte! C'est donc beaucoup plus facile de travailler avec des invités comme ça.
Et pourquoi ces invités en particulier? Eh bien, il y a d'abord Rusty Brown, parce que nous le connaissons, c'est un copain qui joue dans Electric Mary [autre groupe australien]. Nous sommes amis avec le groupe, et c'est un type sympa, en plus il a une très bonne voix alors j'ai pensé que ça serait bien de l'avoir sur l'album. Pour Jeff Scott Soto c'est un peu la même chose, nous nous sommes rencontrés il y a 5 ou 6 ans. J'ai toujours été un de ses fans, il est une grande source d'inspiration pour moi, c'est un chanteur incroyable. Je lui ai simplement chanté la chanson et demandé s'il accepterait de chanter sur le disque, et il a accepté! Tout simplement. Je lui ai envoyé le titre, il l'a enregistré chez lui à L.A. [pour Los Angeles] et il me l'a renvoyé. Jeff Waters par contre je ne l'ai jamais rencontré, j'y suis simplement allé au culot. Mike Fraser m'avait donné son adresse email et je lui ai envoyé le titre, en disant: « j'adore Annihilator, King Of The Kill est un de mes albums préférés de tous les temps, j'adorerais que tu fasses un solo sur notre chanson. » Et nous avons eu la chance qu'il nous réponde: « Ouais, bien sûr mon pote, ça sera génial! » [dit en anglais, forcément, mais avec un Australien imitant l’accent américain en bonus] A l'avenir j'aimerais avoir encore plus d'invités sur nos albums. Ca n'est plus aussi habituel que ça a pu l'être, je ne sais pas pourquoi, mais j'aime vraiment participer à des collaborations, c'est toujours intéressant.

M.: C'est peut-être la même idée, mais vous jouez aussi très souvent des reprises en concert. Alors peut-être que ça fait juste partie de votre mentalité, rendre hommage etc.?
L. K.: Oui, nous faisons souvent des reprises parce que ça rend les choses intéressantes pour nous. Elles représentent quelque chose de nouveau pour nous, en tant que groupe, nous pouvons expérimenter avec, jouer avec. Nos propres chansons, nous les avons répétées, enregistrées… nous les connaissons! Alors qu'avec quelque chose de nouveau et de frais pour la tournée, nous pouvons faire des concert géniaux.

M.: Si je me souviens bien, tu as composé la majorité de Lady Luck, puis d'autres membres du groupe ont participé à la composition de Game Of Fools: comment ça s'est passé cette fois?
L. K.: Sur Lady Luck c'était déjà 50-50. Luke et moi avions fait 4 chansons peut-être, j'ai fait 3 chansons avec Eddy, et pour les 5 autres c'était moi tout seul. Sur Game Of Fools il y en a 3 de Luke et moi, 4 d'Eddy et moi et 3 de moi uniquement. Pour Welcome To The Crossroads, il y a 4 chansons que j'ai écrit seul, 5 ou 6 d'Eddy et moi, et une de Luke.
M.: Justement, vous participez au moins à la composition de la grande majorité des chansons: est-ce que ça n'est pas compliqué parfois, maintenant que vous avez changé de pays, et même échangé avec Eddy?
L. K.: Non, parce que quand j'écris avec Eddy, ou n'importe qui d'autre, nous ne nous asseyons jamais ensemble à essayer quelques trucs puis écrire. Ce système ne marche pas avec moi, à chaque fois que j'ai essayé de faire ça avec quelqu'un, ça ne ressemble à rien d'autre: ça ressemble à des types qui se sont assis et essaient des trucs ensemble. Ca peut aller, mais ça n'a rien d'exceptionnel. Je préfère prendre mon temps, y réfléchir, rester patient, laisser les choses évoluer comme elles le devraient. Eddy aussi est comme ça. En général quand il travaille sur une chanson, il me l'envoie, j'en fais quelque chose que je lui renvoie, etc. Et de nos jours, avec Internet, vous pouvez vivre dans deux pays différents et avoir l'impression que vous êtes voisins. Il y a Skype, les limites d'envoi et de réception [« upload » et « download » en anglais, mais les anglicismes me donnent de l’urticaire] sont tellement élevées que je peux lui envoyer un giga de fichiers musicaux et il les récupère en cinq minutes, pendant que je lui explique sur Skype que tel titre est comme ça, tel autre comme ça. Il n'y a plus réellement de barrière par rapport aux frontières entre les pays aujourd'hui.

M.: Qu'est-ce que vous avez voulu faire avec « Now A Word From Our Sponsors » [chanson de Welcome To The Crossroads, littéralement « et maintenant un mot de nos sponsors »]? Un délire pour inspirer des questions à des rédacteurs peu inspirés?
L. K.: En fait c'est marrant que tu parles de ça, parce que tu es la première personne aujourd'hui à le mentionner! A la base, c'est juste l'introduction à « TV's Just A Medium », qui décrit à quelque point la télé est une machine débile et stupide, qui anesthésie le cerveau en médusant les gens. C'est la même chanson en fait, en un sens, nous les avons séparées en deux pistes pour que quand vous allumez votre [balladeur numérique] vous puissiez passer les 36 premières secondes: c'est marrant à entendre une fois, mais pas sans arrêt! Ce sont des publicités télé, sérieuses, que j'ai inventé, pour prouver à quel point la télévision est stupide.

M.: Comment décririez-vous l'évolution entre Game Of Fools et Welcome To The Crossroads?
L. K.: Je dirais -la patience-. Il y a beaucoup plus de travail sur le nouvel album que sur le précédent. Comme je l'ai dit, nous avons enregistré le précédent en studio, et quand j'ai commencé à le produire j'avais un rêve comme ça [grand mouvement des bras]. J'avais des idées en tête et je voulais qu'elles soient retranscrites sur l'album. Mais quand l'horloge a commencé à tourner, le rêve a commencer à devenir de plus en plus petit. C'est là que l'on réalise que tous les rêves doivent être laissés à la porte et il ne reste que les os du squelette. Le temps que vous avez ne vous permet pas d'en faire plus. Et pourtant c'était un squelette plutôt cher!
Donc ce nouvel album est beaucoup plus satisfaisant pour moi, j'ai pu beaucoup plus m'impliquer dans cet album… parce que nous avions le temps! J'ai pu le faire comme je le voulais, plutôt que le produire faute de mieux.
M.: Là tu me décris une évolution dans votre manière de travailler, mais musicalement est-ce qu'il y a une évolution selon toi?
L. K.: Je ne suis pas sûr? Je ne suis pas dans la position la plus objective pour en parler. Je ne pense pas écrire des chansons de manière différente que ce que j'avais l'habitude de faire après tout, et pourtant quand je réécoute les chansons de Lady Luck et que je les compare au dernier album… il y a une grosse différence! Disons que dans mon esprit, les choses n'ont pas changé, il n'y a pas de différence. Mais quand de manière évidente, quand on compare, il y a une grande différence. La seule réponse que je puisse donner c'est l'expérience, la maturité… je ne sais pas, le contrôle? C'est le premier album où j'ai fait les choses exactement comme je veux les faire, et je pense que ça marche mieux?
M.: Est-ce que tu serais d'accord si je disais que, d'une certaine manière, Welcome To The Crossroads est plus « bluesy »?
L. K.: Oui, je pense. C'était intentionnel sur certains titres, parce que nous voulions des « parfums » différents sur cet album. Maintenant il y a des groupes comme Airbourne, de nouveaux groupes qui font dans le hard-rock, et je voulais faire quelque chose qui soit un peu éloigné de tout ça. Evidemment nous sonnons toujours comme les fans peuvent s'y attendre, si vous m'écoutez chanter une chanson ma voix ne va pas ressembler à celle de Céline Dion. C'est une des choses bien avec ma voix d'ailleurs, ma manière de chanter: je peux changer de style. Nous pouvons faire une chanson un peu plus « ballade », et il y aura toujours ce côté agressif. Nous avons acquis une certaine liberté de mouvement en fait, je pense, par rapport à beaucoup d'autres groupes. Alors pourquoi pas l'explorer, pourquoi pas l'utiliser? Ca nous permet de faire quelque chose qui reste intéressant pour nous.

M.: Vous jouez souvent dans… les endroits les plus improbables pour un groupe comme le votre: est-ce que le public n'est pas un peu surpris parfois?
L. K.: Non, je pense que ça vient plutôt comme une bouffée d'air frais bienvenue, en général? Je ne sais pas pour toi, mais quand je vais dans des festivals metal et qu'il n'y a rien d'autre que ce constant « BAM BAM BAM BAM » [puis bruit d’avion en train de décoller avec la bouche, très fort… dans les deux sens du terme] qui sort des enceintes pendant des heures entières… On a l'impression d'être dans le coma, ça finit vraiment par créer un malaise. Et tout à coup, un groupe de rock'n'roll arrive sur scène, et on entend des « tac-tac-boum tac-tac-tchin », ça vous fait un peu: « Ah! Ah! Attendez! C'est sympa! » Je pense que c'est un des trucs sympa quand des groupes de rock'n'roll ou de hard-rock à des festivals de heavy. Au final, ces groupes apportent quelque chose d'un peu plus organique, de rafraîchissant. Un peu comme le verre d'eau après un shot énorme.
M.: Oui, je vois ce que tu veux dire, mais là tu parles de festival [où justement j’estime qu’ils ont tout à fait leur place], mais je parlais plutôt des petites villes [/trous paumés]. Par exemple vous allez commencer votre tournée par Fontenay-le-Comte, où j'ai vécu 4 ans, et même si c'est la ville où j'ai le plus évolué musicalement parlant… c'est bien la dernière ville où je m'attendais à voir jouer un groupe de ce style!
L. K.: Oui, je vois… mais je ne sais pas, nous allons là où nous sommes engagés? S'il y a l'argent pour poser nos amplis, nous poser à l'hôtel, alors on ira certainement! Parfois c'est dans les petites villes que l'on retrouve le plus de monde, et les meilleurs publics. Il nous est déjà arriver de débarquer dans une ville et d'avoir l'impression d'être en plein western: personne autour, l'herbe sauvage qui pousse à travers la route etc. On se demandait vraiment ce que l'on faisait là! C'était vraiment le trou-du-cul du monde. Et on arrive sur scène, dans une petite salle pourrie, avec un bar qui n'a qu'une seule bière pression… et le soir, à 11h30, 400 ou 500 personnes débarquent: mais d'où est-ce qu'elles viennent? Tu regardes dehors, et il n'y a pas de voiture! Comme si elles étaient apparues du néant! Parfois ça arrive, et c'est génial. C'est ce qu'il y a de mystique dans les tournées.

M.: Mais même en général, les concerts semblent importants pour vous, dans la manière avec laquelle vous considérez la musique?
L. K.: Bien sûr. Je pense que tous les groupes de nos jours devraient prendre les concerts au sérieux. Les tournées, le moment où tu es sur scène. Puisque plus personne ne gagne autant qu'avant avec les ventes de disques, il faut regarder du côté de ce que l'on donne sur scène pour récupérer de l'argent. Traditionnellement, beaucoup d'argent était mis dans les enregistrement, les albums: beaucoup d'argent était dépensé pour qu'un album sonne bien. Mais maintenant, les artistes doivent faire attention à être dans les bonnes conditions pour se donner sur scène. Je ne pense pas que les groupes puissent encore se permettre de s'enfiler drogues et bières à longueur de journée: peu importe que les gens trouvent ça très rock'n'roll, ou à quel point l'artiste se sent bien grâce à ça, tu ne peux pas te donner au mieux sur scène si tu es défoncé, c'est un fait! Et réaliser une performance musicale, spécialement pour un chanteur ou un batteur, c'est comme un sport: tu ne peux pas courir un 1000 mètres ou un 800 mètres si tu es énervé! Tu peux trébucher et te rattraper, mais il y a plus de chances pour que tu te fasses mal et que tu ne sois plus capable de courir le soir suivant. Je pense qu'il est important que les groupes le réalisent. Par exemple, à l'époque, ça n'était pas important si Mötley Crüe ratait un concert, de toute manière ils vendaient 8 millions d'albums. Mais ça n'est plus le cas: si tu ne peux pas faire un concert correct, tu vas énerver les gens dans le public, et ils ne reviendront plus te voir. Donc oui, je pense que le concert est quelque chose d'important pour les groupes actuels.

M.: Il y a quelques temps, tu as dit que « Stab In The Back » [chanson de Game Of Fools] est, entre autres, une chanson au sujet d'un ancien ami devenu accroc aux drogues et que tu as rayé de ta vie depuis. Tu avais fini en disant: « Les drogués, c'est nul. » Pourtant, on te voit régulièrement avec une bière, et tu ne caches pas ton affection pour l'alcool?
L. K.: Oh oui, j'adore boire! Mais je ne suis pas un alcoolique, même si je plaisante ou mens souvent en disant que c'est le cas. Mais je ne le suis définitivement pas. D'un autre côté, évidemment, j'adore l'alcool. Ca fait partie de notre culture, je n'ai pas grandi en Turquie mais en Australie après tout. Une partie de la culture australienne est de boire, regarder du sport et s'amuser! Malgré tout, je ne vais pas boire au point où j'irai voler de l'argent à mon meilleur ami. Je ne bois pas au point où je vais entrer par effraction chez quelqu'un ou poignarder un enfant juste pour récupérer son sac à dos. Je pense qu'il y a un lien très ténu entre l'alcool et l'héroïne, mais ça reste deux choses très différentes. Je pense que tout est bon tant que l'on reste dans la modération, et pour moi l'alcool est quelque chose de relaxant: on en boit avec des amis, ça va définitivement bien avec la nourriture…
M.: Oh, pas tous les alcools, c'est surtout le vin!
L. K.: Oui, mais si c'est du vin, tout ira bien! S'il y a bien une chose que j'ai apprise en France, c'est que… s'il y a bien une chose que l'immigration en France va me demander, c'est:
« Avec du rumsteak, vous prenez du vin de quelle couleur? » [avec un poil d’accent français dans son anglais]
– « Euh, quel vin… »
– « Sortez de ce pays! »
M.: D'ailleurs, est-ce que ça fait partie des raisons pour lesquelles tu as emménagé près de Cognac? [on mange et on boit trop bien dans cette région… j’ai faim rien qu’en y pensant! Et puis Cognac… inutile de vous dire quel alcool est la spécialité locale.]
L. K.: Oui! Pour moi, la Charente est ma région préférée pour la nourriture et l'alcool. Entre le confit de canard, le foie gras… [en fait tout ça c’est périgourdin, le premier qui me dit que c’est charentais je lui en colle trois avec bonus aller-retour, mais Cognac est dans le Périgord historique, c’est juste que c’est rattaché à la Charente aujourd’hui, administrativement… et puis il est australien, alors pardonnons-lui!]

M.: Dans une des chansons du dernier album, « Better Off Dead », on a l'impression que tu imagines être traqué [/suivi à la trace, « stalk » en anglais] par une fille sur Internet… et le moins que l'on puisse dire, c'est que tu réagis plutôt négativement envers elle!
L. K.: Oui, au fil des ans j'ai eu quelques expériences intéressantes avec des gens sur Internet, qui me traquaient comme ça. Et même en dehors du net! C'est quelque chose qui n'est pas agréable, pour moi ou pour qui que ce soit d'autre. C'est une chanson vraiment directe, évidente. Dire à quelqu'un « you're better off dead » [dans le refrain de la chanson, littéralement: « tu serais mieux crevée/morte », une adaptation possible étant « mais vas crever! »] est… plutôt direct! Mais ça n'est pas vraiment que c'était un problème pour moi, mais hélas beaucoup de tout ça a rejailli sur ma femme aussi. Quand ma vie publique a des conséquences sur quelqu'un qui n'a aucun choix dans toutes ces histoires, ça me met en colère. Mais je pense que tu as très bien compris le sens de cette chanson.
M.: Ah ça, entre les paroles et l'atmosphère, je crois que c'est facile à comprendre!
L. K.: C'est vrai, c'est vrai.

M.: Tu trouveras peut-être que c'est une question stupide, mais tu sembles être un grand fan d'Axl Rose…
L. K.: Comment ne pas l'être? [Ah, moi je sais très bien ça!] Je trouve ce type fantastique, et même aujourd'hui! Quand j'ai vu Guns'n'Roses il y a quelques années en Australie, c'était… électrisant. Un des meilleurs concerts que j'ai jamais vu. Donc oui, je trouve que c'est quelqu'un d'incroyable, tout comme je trouve que Chinese Democracy est fabuleux. Les gens se plaignent que ça ne soit pas Guns'n'Roses, et… oui, ça n'est pas Guns'n'Roses en un sens. De la même manière, si tu écoutes The Razor's Edge d'AC/DC et leur premier album High Voltage, ça n'est pas la même chose non plus! Réveillez-vous les gars, l'album Chinese Democracy est sorti après 20 ans, il sera différent, c'est évident! Prenez-le pour ce qu'il est, et si vous ne l'aimez pas vous pouvez le jeter, ou mieux: comme sous-verre!

M.: Un dernier mot pour nos lecteurs, ou quelque chose que tu veux dire mais que je n'ai pas demandé?
L. K.: Je ne sais pas, venez voir un concert de Koritni, ou venez voir un concert de rock. C'est une des raisons pour lesquelles j'aime venir en France, vous avez un public qui aime la musique [sous-entendu (en anglais): et s’amuse dessus], vous aimez sortir.
M.: C'est plutôt rare d'entendre dire ça sur les français!
L. K.: Mais c'est vrai, réellement! Je discutais avec Joel d'Airbourne juste avant de quitter l'Australie, et il disait la même chose, qu'ils reçoivent le meilleur accueil en France par rapport aux autres pays.
M.: Ma foi, peut-être parce que c'est parce que tu as l'habitude de tourner un peu partout en France, donc tu connais mieux le public français que beaucoup d'autres.
L. K.: Oui, c'est vrai.

-Propos recueillis par Polochon en mars 2012.
Photos piquées sur le site officiel.
Chronique de Welcome To The Crossroads (Koritni).-