Archive for septembre, 2012

Mnemic – Mnemesis

De temps à autre, j’avoue que je visite les pages d’un webzine concurrent que je ne nommerai pas. Oh, pas pour la qualité de ses chroniques (je ne les lis pas), mais parce qu’ils ont ajouté un petit plus : un outil qui fait la moyenne des notes attribuées à l’album en question par leurs concurrents. Cet « indicateur de la popularité » d’un groupe est purement inutile. Et donc parfaitement indispensable. On apprend ainsi que Mnemesis, dernier album des Franco-Danois de Mnemic, obtient un bien flatteur 7/10. Pourtant, sur le papier, les choses étaient plutôt mal embarquées pour Guillaume Bideau (One Way Mirror et, accessoirement, grand défenseur de l’objectivité sur le net) et Mircea depuis le départ du reste du line-up. Voilà de quoi aiguiser ma curiosité et ma plume.

Niveau orientation musicale et de manière purement objective, Mnemic poursuit clairement dans la voie sur laquelle le groupe s’est engagé sur ses albums précédents, à savoir un Metal moderne légèrement « industriel » ou, comme ils le disent si pompeusement sur leur site officiel (ça va, les chevilles ?), du Future Metal. De là à dire qu’ils sont en avance sur leur temps et que nous, pauvres cons de chroniqueurs, ne sommes pas en mesure de comprendre la portée de leur talent, il n’y a qu’un pas que je ne franchirai pas, de peur de me faire taxer de subjectivité.

Au niveau production, avec un Tue Madsen aux commandes, on pouvait bien entendu s’attendre à un son 24 carats. Bingo, le sieur Madsen a de nouveau fait un taf admirable aux commandes, une production bien claire et puissante. D’aucuns diront qu’une bonne prod’ est un cache-misère idéal, un moyen de faire oublier la pauvreté des compositions qui ne sont qu’une pénible resucée des albums précédents, mais là aussi, j’éviterai d’entrer dans la polémique qui pourrait me faire perdre toute ma crédibilité de journaliste objectif.

Ça va, Guillaume, c’est suffisamment objectif pour toi ?

Mon seul reproche à ce niveau (mais je risque de tomber là dans la subjectivité crasse, n’étant pas en mesure de vérifier ce sentiment par des moyens technico-scientifiques purement objectifs) serait la place du chant : un peu trop mis en avant, il empiète parfois sur la musique. À ce niveau, notons tout de même que Guillaume livre une précision variée, alternant grosses beuglantes, chuchotements et chant clair (qui a dit Guimauve Bideau ? Certainement pas moi, ce ne serait pas très objectif). Après, tout est une question de goût à ce niveau : si vous aimez le joli brin de voix du petit Bideau, vous serez contents. Si vous n’aimez pas, par contre…

Ce constat vaut aussi au niveau musical : si ce Metal moderne à chant clair qui semble expressément conçu pour les filles ados de 17-20 vous plaît, nul doute que vous passerez un agréable moment avec ce Mnemesis. Par contre, si vous aimez plutôt les groupes qui parviennent encore à résister à la tentation de se rouler dans la guimauve et les refrains « chant-clair-ta-petite-culotte-est-déjà-toute-mouillée-petite-cochonne », vous risquez, une fois de plus, de faire l’impasse sur Mnemic. Un constat purement objectif, qui permettra à tout un chacun de se faire un avis, en tout bien tout honneur, sur ce Mnemesis.

Mister Patate (les notes, c’est subjectif/10)

 

Site officiel
Myspace officiel

Nuclear Blast Records / 2012

Tracklist : 1. Transcend 2. Valves 3. Junkies On The Storm 4. I’ve Been You 5. Pattern Platform 6. Mnemesis 7. There’s No Tomorrow 8. Haven At The End Of The World 9. Ocean Of Void 10. Blue Desert In A Black Hole 11. Empty Planet

Glaciation – 1994

Faire danser les alligators sur une flûte de pan est un pari difficile. Risqué même. Peu y arrivent, certains s'en approchent, d'autres l'ont fait ; Glaciation est de cette trempe. Ce projet est une ode au métal noir. Ce qu'il était, ce qu'il aurait dû être, pour toujours, pour jamais… 1994 – 2011 du métal roi au métal rat. Redonner ses lettres de noblesse à un genre qui depuis tout ce temps ne semblait être qu'un ballet sans musique, sans personne sans rien. Tout cela n'avait plus de sens, tort ou travers. Il était temps de remettre les pendules à l'heure.

La première mise au poing commence par l'artwork. Un petit atelier de couture, en somme. Le groupe rend à sa façon un hommage aux vestes à patchs. Burzum, Immortal. Mille neuf cent quatre vingt quatorze, tu comprends  ?
C'est ça mettre sa peau sur la table au propre comme au figuré. Investissement total, concept global. Et cela se confirme une fois l'EP lancé.

La musique débarque, puissante en tout, et avec rage, le chant couinant fort… une déferlante. À la batterie un groove inégalable. Ça swingue. Vous dire merde ce n'est rien, vous botter le cul c'est tout autre chose. Un talent indéniable se dégage au fil des notes. C'est glacial et plein de maîtrise. Car oui, le souffle froid qui anime Glaciation n'est pas un souffle d'enculés, c'est un souffle de FRANÇAIS, un souffle qui éparpille tes ratiches sur le sol. "1994", le titre éponyme, parade tout giclé d’un bout à l’autre, écarlate en délire. La batterie claque comme des gifles au milieu de riffs puissants, tournoyants. À l'ancienne, mais tellement innovant. Le temps béni du maquillage et des incendies. Des chœurs montent alors en traînées tremblantes jusqu’aux premières étoiles. C'est là que notre mère interrompt la danse, car le populo veut bâfrer et râler… et puis il roule aussi, une auto, une famille, ils bâfrent des nouilles. La lourdeur… qui rend infirme… À ce moment mes tripes se répandent en sanglots, le sample disparaît. Louis retourne au ciel. La gigue furieuse reprend de plus belle. Elle ira rythmer en Français, sur ta tombe. Car OUI les textes sont intégralement en français. Quand on sait que cette langue est une petite putain à manier dès qu'il s'agit de musique c'est vraiment cool que ça sonne aussi juste. Une plume précise et incisive. Puis des arrangements plus légers font sortir la tête de la brume quelques instants, et c'est repartit, à l'époque des catalogues de VPC, des tirages limités, du grand Nord. Quand tu penses que le second morceau "Glaciation" touche à sa fin, il sursaute, et assène un coup mortel. Ça s'accélère, encore une fois pour bien t'écraser sur le pavé et botter toujours plus de culs.
Enfin, vient le moment de retrouver le chant de l'âme, contempler les ruines derrière nous. "Eus (Notre rechute)" marque un tournant  ; que les petits experts tranchants, affranchis, marmousets morve au nez risquent de ne pas aimer. Mais ceux qui n'ont pas de goût ont tout de même un derrière, c'est par là qu'ils doivent réfléchir. On dirait Notre-Dame qui brûle, comme… comme, non, tu sais à quoi je pense.

Au final la cohérence est absolue, l'EP est mis en valeur par une production de très haut niveau, un grand cru pour les oreilles.
Bref les mensonges remplissent les rayons, fi de ce putanat, achète, fonce, la médiocrité ambiante m'insupporte, supporte cloporte.

Ymishima (09/10)

No Contact / Tour de Garde / 2012

Tracklist (33:50) : 1.1994 2. Glaciation 3. Eus (Notre rechute)

 

Magnum – On The 13th Day

Attention ! Voici une pochette à laquelle il ne faut pas se fier. Car si Magnum pour son nouvel a fait appel à son fidèle dessinateur Rodney Matthews, l'illustration affichée rompt quelque peu avec l'onirisime habituel de l'artwork de Magnum. Le farfadet plus proche du diablotin que du lutin jovial nous renverrait à un univers un peu plus décalé et sarcastique que les fééries habituelles. La musique suivrait-elle le dessin et une inflexion musicale est-elle à l'horizon sur ce On The 13th Day

Il n'en est rien et  la musique de Magnum reste toujours globalement inchangée depuis la reformation ayant donné lieu aux fort réussis Brand New Morning et Princess Alice & The Broken Arrow. Rappelons les contours de la musique actuelle du groupe : ayant abandonné toute véléité de succès radio, Magnum a définitivement tourné la page de Goodnight LA (1990) ou de Wings of Heaven (1988) pour s'inspirer de la musique plus ambitieuse et heavy abordée sur Chase The Dragon ou On A Storyteller's Night. Les accents AOR et FM ont donc disparu au profit de chansons plus épiques, voire presque progressives n'était la faiblesse en solo de Tony Clarkin qui empêche tout sophistication du propos trop poussée.

On pourrait faire un parallèle avec l'orientation actuelle d'Iron Maiden : sans doute conscient que la fougue et la fraîcheur sont bel et bien parties, les deux groupes choisissent de proposer des composition très travaillées et en conséquence plus longues. Pourquoi pas ? Si on ne recherche pas trop de nouveaux « Vigilante » ou « Start Talking Love », on ne sera pas donc déçu par ce On The 13th Day très réussi et sans doute supérieur à ses deux prédécesseurs, The Visitation ou In The Valley Of The Moonking. Les compositions sont très bien structurées et regorgent de très bonnes idées. Le chant de Bob Catley, lui, ne souffre toujours pas les années. Le groupe se permet deux titres plus accrocheurs auxquels il ne nous avait plus habitué depuis quelques temps : « Let It Rain » ou « Shadow Town », à l'inspiration très mélodique. Les chansons plus heavy ne dépareillent pas pour autant : « Blood Red Laughter » ou « On The 13th Day » le heavy « See How They Fall » sont assurément du bel ouvrage. Tout juste pourra-t-on déplorer une certaine homogénéité des tempos et l'on aimerait que Magnum accélère parfois le rythme pour atteindre de nouveau l'intensité des « Kingdom of Madness » ou « Just An Arrow » de jadis. Mais est-ce vraiment à l'ordre du jour ? 

Baptiste (7,5/10)

 

Site officiel

SPV – Replica / 2012

Tracklist (57:16) : 01. All The Dreamers 02. Blood Red Laughter 03. Didn’t Like You Anyway 04. On The 13th Day 05. So Let It Rain 06. Dance Of The Black Tattoo 07. Shadow Town 08. Putting Things In Place 09. Broken Promises 10. See How They Fall 11. From Within