oshy_29092013_Drea_TheatUn groupe construit sa légende bien entendu à travers sa musique mais aussi à travers le buzz, les déclarations, les changements de line-up ou les disputes dans les médias qu’il génère. Le destin de DREAM THEATER, un groupe sans histoire, calme, grandissant album après album a pris un tournant inattendu à partir de septembre 2010 et le départ de son batteur et membre fondateur Mike Portnoy. Depuis le groupe fait régulièrement les unes des médias spécialisés, d’abord pour la saga entourant le recrutement d’un nouveau batteur ou suite aux déclarations parfois amères des uns ou des autres. Ce nouvel album nous permet enfin de revenir à l’essentiel, à la musique et de mettre un peu de côté toutes ces histoires. Le précédent opus des américains, A Dramatic Turn of Event (chronique ici) avait rassuré quant à la capacité du groupe à maintenir un bon niveau de qualité sans son batteur historique. Tous les fans et les curieux attendent d’écouter ce cru 2013 tout en restant à l’affût de l’apport créatif de Mangini.

Que l’on veuille ou non, choisir de ne pas donner de titre à ce douzième album si ce n’est le nom du groupe est loin d’être anecdotique. A l’image d’un METALLICA à l’époque, il est difficile de ne pas prendre cela comme un acte de foi des américains qui souhaitent inscrire ce disque comme un nouveau chapitre de leur histoire. Et il est donc très curieux d’avoir choisi « The Enemy Inside » comme premier single. Cette chanson est très bonne mais s’inscrit dans la droite continuité d’un A Dramatic Turn of Events. Il faut découvrir les autres chansons pour pleinement atteindre l’âme de cet nouvel opus.

Les fans comme des poissons dans l'eau

Dream Theater s’ouvre sur un instrumental particulièrement enlevé signé Petrucci et Rudess. Les deux musiciens ont voulu frapper d’entrée l’auditeur par une chanson très forte, larger-than-life, pleine d’emphase et vraiment puissante. Ce petit côté musique de film est assez agréable et évoque parfois un peu l’approche de Metropolis Pt. 2: Scenes from a Memory. Cet petit amuse-gueule fonctionne superbement bien et semble annoncer de belles choses. « The Enemy Inside » est, comme déjà précisé, une vraie bonne chanson dans la tradition des trois ou quatre albums précédents. Elle ouvre la série des titres courts (selon les standards de DREAM THEATER, hein) qui constituent la majorité du disque. Les plus aigris diront que les Américains continuent de recycler les vieilles recettes. Ce n’est pas faux mais c’est fait avec tellement de talent ! Le fan (que je suis) est immédiatement comme un poisson dans l’eau. « The Looking Glass » est également une chanson relativement simple construite autour d’un riff de guitare avec quelques claviers mais DREAM THEATER reste sobre et laisse beaucoup d’espace pour que LaBrie exprime tout son talent. Le canadien est encore très en voix et illumine le disque de sa classe. Pas la chanson du siècle mais la preuve que les américains peuvent aussi rester simples et efficaces.

« Enigma Machine » est la seconde composition purement instrumentale de Dream Theater. Ils n’avaient pas tenté cet exercice depuis « Stream of Consciousness » sur Train of Thought en 2003. Les américains ont quand même le génie pour faire d’un instru une merveille sur laquelle l’auditeur a vraiment de quoi s’éclater. Plus rapide, sombre et puissant que « Stream of Consciousness », DREAM THEATER fait encore une fois la preuve de sa maîtrise technique et de son feeling incomparable. Le temps dira si ce titre rentrera dans la légende du groupe comme son prédécesseur. Les quatre chansons suivantes sont assez proches les unes des autres. Différents rythmes et ambiances sont explorées et les américains s’attachent à ne conserver que la quintessence de leur style. Ils évitent les longueurs et se réservent pour l’apothéose finale. La barre a été bien sûr placée très haute et DREAM THEATER fait honneur à son statut. Beaucoup diront « rien de nouveau sous la soleil ». Encore une fois ce n’est pas faux, les Américains font ce qu’ils savent faire de mieux et n’innovent pas spécialement. Les détracteurs continueront à chouiner et les fans adhèreront. Remarquons quand même que ces chansons plus passe-partout peuvent un peu décevoir.

Acte de foi envers le nouveau line-up

Là aussi pour la première fois depuis le départ de Portnoy et le « The Count of Tuscany » de Black Clouds et Silver Linings, DREAM THEATER prend le risque d’offrir une pièce de choix de près plus de vingt-deux minutes. Marque de fabrique des américains il faut sans doute y voir à nouveau un acte de foi envers le nouveau line-up et la volonté de prouver que les forces vives et créatrices habitent bien toujours le groupe. Beaucoup plus difficile d’accès que son prédécesseur cité ci-dessus ce très long titre possède une grande dimension musique de film. Le tout commence sur les chapeaux de roue pour devenir ensuite très atmosphérique avec moult orchestrations, les parties lentes et rapides s’enchainent, toujours très techniques. Les interventions de LaBrie sont finalement assez limitées et il faut être patient pour venir à bout de ce « Illumination Theory ». Nous sommes plus proche d’un « Octavarium » que d’un « The Count of Tuscany ». Selon votre sensibilité, l’immersion sera plus ou moins facile et agréable.

Contrairement à A Dramatic Turn of Events où l’on sentait bien que DREAM THEATER cherchait avant tout à rassurer, avec ce douzième album, les américains ont repris leur marche en avant. Le retour aux traditions avec un instrumental et un titre fleuve était un risque et aussi une preuve de la force et de la confiance des américains en leur propre talent. Portnoy parti, Petrucci a repris fermement les rênes et se taille la part du lion en termes de composition et de production. C’est lui l’incontestable capitaine du navire DREAM THEATER. Mangini confirme que c'est véritablement un excellent batteur mais il n'a pas modifié le son du groupe. Moins accessible et un chouia moins inspiré que Black Clouds et Silver Linings (je retire de l’équation un A Dramatic Turn of Events de transition) ce cru 2013 est quand même loin d’être décevant. Il y a encore largement de quoi prendre son pied sur cd et surtout sur scène.

Oshyrya (08/10)

 

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Roadrunner Records / 2013

Tracklist (68:03 mn) : 01. False Awakening Suite i. Sleep Paralysis ii. Night Terrors iii. Lucid Dream 02. The Enemy Inside 03. The Looking Glass 04. Enigma Machine 05. The Bigger Picture 06. Behind the Veil 07. Surrender to Reason 08. Along for the Ride 09. Illumination Theory i. Paradoxe de la Lumière Noire ii. Live, Die, Kill iii. The Embracing Circle iv. The Pursuit of Truth v. Surrender, Trust & Passion