La scène métal ukrainienne, situation et tendances. En voilà un joli sujet de réflexion. Franchement méconnus, les groupes rock/métal de ce pays parviennent assez rarement à franchir les frontières occidentales et à toucher le public européen. A part MUNRUTHEL dans le genre folk nos amis sont plutôt connus pour leur scène extrême et certaines controverses associées à NOKTURNAL MORTUM. Mais là n’est pas notre sujet du jour puisque c’est JINJER qui se présente à nous ce matin grâce à Napalm Records. A l’écoute de ce disque, King of Everything, rien ne fait penser à l’origine géographique du groupe. Ce mélange entre metalcore, djent et hardcore sonne furieusement nord américain dans le son comme dans la démarche. Le résultat s’avère professionnel et très propre et une écoute à l’aveugle en mystifierait plus d’un.
Tout commence par un prologue assez gentil, mélodique, accrocheur et diablement radio-friendly. La chanteuse, Tatiana Shmailyuk, donne parfaitement le change et s’acquitte parfaitement de sa tâche sans une pointe d’accent qui trahirait sa spécificité. Après ce petit apéritif, le vrai visage du groupe apparaît à travers un « Captain Clock » beaucoup plus énervé. Le pont avec la scène metalcore est fait, on retrouve les caractéristiques habituelles : mélange entre chant clair et hurlé, riffs hyper agressifs et véloces. La touche djent vient de ces structures et de ces rythmes complexes qui casse les codes et les schémas pré-établis. JINJER se plait à alterner entre agressivité et mélodie, chansons à tiroir et compositions plus simples. Cela laisse une drôle d’impression, l’auditeur se perd en conjecture et cherche à quel saint se vouer. King of Everything s’ouvre et se ferme par deux compositions très différentes du reste de l’album, comme un pied de nez visant à rebattre les cartes et susciter une certaine surprise. Oui, pourquoi pas… Dans l’ensemble, JINJER offre une prestation sérieuse et appliquée. Maintenant le metalcore est un genre peu apprécier dans cette maison et les ukrainiens n’échappent à cette réalité.
Finalement, l’origine géographique de JINJER fera parler mais musicalement parlant, King of Everything reste sage dans une veine déjà bien connue. Tous les canons metalcore sont respectés et le quartet peut en montrer à bien des groupes plus connus et établis. La présence d’une chanteuse les rapprochera forcément d’un WALLS OF JERICHO même si la comparaison ne va pas forcément de soit. Le groupe constitue, sans aucun doute, une trouvaille à voir ce que cela donne sur le long terme.
Oshyrya (06/10)
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Napalm Records / 2016
Tracklist (43:23 mn) 01. Prologue 02. Captain Clock 03. Words of Wisdom 04. Just Another 05. I Speak Astronomy 06. Sit Stay Roll Over 07. Under the Dome 08. Dip a Sail 09. Pisces 10. Beggars' Dance
Bénéficier d’une très jolie pochette, un visuel à la fois réussi et chargé de sens, reste un exercice très difficile. Il faut y passer de très longues heures et surtout trouver l’artiste qui saura interpréter votre message et votre identité. Par contre, avoir une pochette passe-partout, neutre et sans éclat ne reste pas un exploit particulier. Alors comment les groupes comme DUST BOLT réussissent-ils l’exploit de proposer des images aussi laides que contre-productives ? Franchement, qui voudrait acheter Mass Confusion en étant séduit par son visuel ?
Et malheureusement, leur musique non plus ne nous a pas vraiment impressionnée. Leur seul titre de gloire très autocentré sur l’Allemagne est d’avoir remporter les W:O:A Metal Battle en 2011. De là, ils ont du rebondir et sortir deux albums qui n’ont intéressé à peut près personne, Violent Demolition puis Awake The Riot (chronique là). Il faut dire que ce thrash old-school sans âme ni personnalité rate vite la cible et l’impression d’être pris pour des pigeons s’installe rapidement. Ok ils sont jeunes, débordants d’énergie, ils savent enchaîner les riffs tranchants et alors ? Une de ces dix nouvelles compositions fait-elle mouche ? Avez-vous envie de réécouter le disque rapidement après chaque passage ? Et bien malheureusement non tant la musique proposée recycle dans les grandes largueurs ce que les maîtres du genre font depuis quelques décennies. Le chant pseudo rapé ? Oui il y en a, les scansions qui évoquent un Tom Araya ? Oui aussi, tout est là comme un joli pot-pourri made in Bay Area. C’est étrange comme ce revival Thrash semble particulièrement plaire outre-Rhin. Mais comme les parrains (DESTRUCTION, SLAYER, EXODUS…) restent dans le circuit si les plus jeunes groupes se bornent à les singer, personne n’y gagne in fine.
Donc si je résume, Mass Confusion a tout pour plaire. Sur la forme le résultat s’avère franchement raté et sur le fond aussi puisque les chansons proposées ne risquent pas de susciter l’enthousiasme tant elles sonnent anonymes et sans relief. N’en jetez plus, la coupe est pleine !
Oshyrya (04/10)
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Napalm Records / 2016
Tracklist (47:40 mn) 01. SickxBrain 02. Mass Confusion 03. Allergy 04. Turned to Grey 05. Blind to Art 06. Mind the Gap 07. Exit 08. Empty Faces 09. Taking your Last Breath 10. Portraits of Decay 11. Masters of War
Le nombre de groupe qui possède le terme “Hammer” dans leurs patronymes ne cessent ne me surprendre. Pourquoi cet outil en particulier plait-il tant ? ( à moins qu’une acception qui m’est inconnue explique cela). D’autres outils comme les tournevis ont moins de succès. Loin des HAMMERFALL, HAMMER FIGHT ou HAMMERHEART (oui une chanson de BATHORY et un label), les américains de BLOODY HAMMERS sont de retour avec Lovely Sort of Death. Deux années se sont écoulées depuis Under Satan’s Sun (chronique ici) qui ne nous avait pas spécialement emballé.
Faire de la darkwave n’est pas aussi simple que cela. Tout passe par l’atmosphère et on peut vite tomber dans le ridicule, le kitsch. BLOODY HAMMERS se plait à jouer un peu maladroitement avec les images et les symboles. Il suffit de voit la pochette de ce disque et cette tête de bouc un peu maladroitement ajoutée sur le visage d’une femme nue pour se rendre compte que la ligne rouge n’est jamais très loin. Mais contre vents et marées, Anders Manga et sa compagne font leur tambouille dans leur coin, insensibles au monde extérieur. Et autant Under Satan’s Sun avait raté très largement sa cible, autant Lovely Sort of Death débute sous les meilleurs auspices avec un « Bloodletting on the Kiss » étonnamment réussi. Comme quoi, tout peut toujours arriver. Ne crions pas tout de suite au génie mais il est vrai que pour une fois Manga a réussi son coup pour tisser une atmosphère intéressante, un voile sombre et délicat magnifier par une utilisation intelligente de nappes électro. Entre sa voix monotone, les deux notes de piano et ces claviers la mayonnaise prend. L’espoir est permis pour les amateurs de beautés gothiques.
A l’exception de quelques riffs de guitares un peu plus appuyés que les autres, le propos de BLOODY HAMMERS reste très rock, très et accessible. Cela s’apparente à un PARADISE LOST, période One Second et Host ou d’un TYPE OF NEGATIVE des derniers disques. Il est amusant de constater le décalage entre l’image véhiculée par le groupe et la réalité de sa musique. Nous sommes loin du culte sataniste et plus proche d’un Halloween pour grand public. L’objectif est évidemment de proposer des titres accrocheurs et contrairement à Under Satan’s Sun, BLOODY HAMMERS réussit ici son pari. Tout n’est pas génial mais la qualité moyenne s’est sensiblement élevée. Grandiloquent et un peu suranné, Lovely Sort Of Death contient pourtant son lot de bons moments gothiques / darkwave. Qui l’eut cru alors que votre serviteur commençait déjà à affûter ses lames à l’entame de cette chronique ?
Oshyrya (07/10)
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Napalm Records / 2016
Tracklist (48:20 mn) 01. Bloodletting On The Kiss 02. Lights Come Alive 03. The Reaper Comes 04. Messalina 05. Infinite Gaze To The Sun 06. Stoke The Fire 07. Ether 08. Shadow Out Of Time 09. Astral Traveler 10. Catastrophe