Dans le marasme actuel du marché du disque, certains groupes, par talent et passion parviennent quand même à tirer leur épingle du jeu. Comme le bon vin, MASS HYSTERIA se bonifie avec le temps et se rappelle à notre bon souvenir en cette fin d’année avec un nouvel album sous le bras, Maniac. Après vingt-cinq années de carrière, nos compatriotes poursuivent sur leur lancée dans leur style savamment peaufiné par l’expérience et les centaines de concerts assurés dans toutes les contrées possibles et imaginables.

Après l’intégration de Frédéric Duquesne à la guitare pour Matière noire (chronique ici), le groupe enregistre un nouveau changement de line-up avec l’arrivée de Jamie Ryan à la basse. Mais les têtes pensantes du groupe, Mouss Kelai & Yann Heurtaux, continuent de présider aux destinées du groupe. Dans la continuité des deux précédents opus, MASS HYSTERIA nous distille une nouvelle fois, sur Maniac, un breuvage mélangeant subtilement douceurs sucrées et touches épicées. Dès les premières secondes de « Reprendre Mes Esprits » l’auditeur sent bien que l’orage gronde et que l’offensive ne tardera pas. Les guitaristes déclenchent les hostilités, toujours légèrement rééquilibrée par une ligne plus mélodique, sur les fondations en béton armé construites par la section rythmique. Manque alors l’aiguillon du chant, un Mouss très en forme, hargneux comme à son habitude.

MASS HYSTERIA ne fait pas de remplissage, ils enchaînent les brûlots les uns après les autres dans véritable temps morts. En trois, quatre minutes, la messe est dite et le quintet passe déjà à l’étape suivante. Le groupe n’a jamais été timide pour s’engager et dénoncer haut et fort ses indignations sur les dérives de notre société et de la vie moderne. Maniac enfonce ce clou avec la conviction et l’énergie dont est capable le chanteur. « Partager les ombres », « L’antre ciel ether » ou encore « Arôme complexe » font mouche par leurs riffs ciselés et leur refrains accrocheurs. D’autres titres, par contre, s’avèrent moins convaincants et plus classiques. Sur la longueur, ce neuvième opus, connait quelques faiblesses, l’intensité reste constamment très élevée mais une certaine lassitude s’installe progressivement. Il manque des pépites à la hauteur d’un « Positif à bloc », « Chien de la casse » ou « Vae soli ! ».

MASS HYSTERIA prenant un malin plaisir à faire ce qui lui plait, quitte à dérouter, l’album se termine sur un titre assez étrange, très électro / indus, hypnotique et puissant à la manière d’un COMBICHRIST teinté de RAMMSTEIN. Cela fonctionne très bien et cela rappellera à tous que le groupe compte bien des atouts dans son jeu et sait varier les plaisirs. Rien à redire sur la forme avec une production à la fois limpide et puissante une nouvelle fois assurée par Frédéric Duquesne et des visuels forts, fruits du travail d’Eric Canto (https://www.ericcanto.com/).

Le quintet continue d’exiger des standards de qualité très élevés et Maniac répond bien à ce cahier des charges. L’album contient son lot de très bonnes chansons même s’il n’atteint pas l’excellence de l’Armée des ombres (2012) et de Matière noire (2015). Cependant, MASS HYSTERIA n’a pas à rougir du travail accompli et possède de nouvelles armes pour mettre lors de tous les concerts de la tournée qui s’annonce fin 2018 et 2019. Les dates à venir lors du Hellfest en juin et surtout au Zénith de Paris le 6 décembre 2019 font déjà saliver les fans et s’annoncent apocalyptiques. Y serez-vous ?

Oshyrya (7,5/10)

 

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Verycords / 2018
Tracklist (39 mn) 01. Reprendre mes esprits 02. Ma niaque 03. Partager nos ombres 04. L’antre ciel ether 05. Chaman acide 06. Se brûler sûrement 07. Nerf de bœuf 08. Arômes complexes 09. Derrière la foudre 10. We Came To Hold Up Your Mind