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Psygnosis – Human Being

a3657273441_10À ceux qui trouvent notre époque un peu trop joyeuse à leur goût, je vous rappelle que les macônnais assènent depuis 2009 une musique sombre au dernier degré, sculptant une glaise noire et épaisse afin de vous détruire le moral en règle. Human Being, second album du combo évolue entre metal atmosphérique, ambiances à la Tryptikon et death technique à la Neaera, et autant le dire tout de suite, la barre est haute. 

En fait, lorsqu'on s'engage sur la voie de la technique, il arrive que le fond, les ambiances et les sonorités ne soient pas à la hauteur. Ici, ça n'est pas le cas. L'ensemble est tantôt pesant et ambiant "Lost in Oblivion" où des voix chuchotent en français des passages bien connus du fameux film coup de poing de Gaspar Noé "Seul contre tous" pour mieux laisser place à des growls graves et tranchants. Tantôt, le disque se met à hurler en anglais avec des sonorités éléctroniques qui rappellent un certain SUP tout en respectant une base extrème mais saccadée. 

Il est difficile de ne pas rapprocher cette seconde offrande du premier album de 2012 Anti sublime, dans lequel le groupe avait déjà pris un malin plaisir à destructurer des riffs traditionnels en les passant à la moulinette de textures inquiétantes et chargées de bidouillages éléctroniques savamment utilisés. Psygnosis gère la puissance en faisant exploser une mélodicité étudiée, jamais mise en avant pour s'attirer les applaudissements de manants de passage. La voix peut parfois se montrer déconcertante, jugez par vous même en vous infusant "Hurricane" morceau de 14 minutes. Une pièce complétement schizophrène, en tant que psychiatre interne, je sais très bien de quoi je parle! Ce morceau fout vraiment les boules, j'en dis pas plus… 

Que dire de cette pièce de deux minutes de violoncelle, sinon qu'elle offre un repos très provisoire. Ce disque n'a rien à voir avec une lente progression vers un metal prêt à exploser mais un ambigu mélange de malaise et de violence jouissive appuyé par des programmations glaciales. On regrette toutefois que la batterie ne soit pas de la partie. Cependant, L'univers de Psygnosis étant décharné voire psychotique, il n'est pas absurde d'avoir eu recours à des programmations en lieu et place d'un batteur. L'ensemble n'est pas synthétique n'ayez crainte ou plutôt fuyez, car ce disque est bel et bien torturé. Le malaise est réel à l'écoute et les textures oppressante. Malsain.

Aske (9/10)

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Dooweet / 2014

Tracklisting (67 minutes) : 1. Phrase 6, 2. Resurrection, 3. Lost in Oblivion, 4. Silent, 5. Silent part 2, 6. ∆rowning, 7. Hurricane.

Azziard – Vesanie

azziard-vesanie_4653666-LLa scène black metal française représente une très grande tranche du metal hexagonal. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les très nombreux labels et excellents groupes qui y évoluent. À la louche, nous pouvons citer Sael, Aes dana, Deathspell Omega, Quintessence, Peste Noire, et de très nombreux autres combos. Chaque groupe à sa chapelle, il y a ceux qui blastent, ceux qui hurlent, ceux qui assènent leurs textes en français, etc. À vrai dire, Azziard fait partie de ceux qui organisent les choses dans la brutalité avec des tempi rapides, textes francophones et une grande prudence dans l'utilisation d'effets et de bidules éléctroniques. La formation nous entraîne dans un univers authentique sans chichi d'un black metal décharné. 

Formé en 2001, le groupe a connu d'incessants changements de personnel en cherchant son style entre symphonique et metal extrème. Après un 1916 premier album paru en 2009 plutôt remarqué, dans lequel le groupe s'était engagé à décrire les ravages fumants de la guerre, Vessanie s'occupe de réflechir sur les maux dont souffre l'humain, des conditions limites qui assaillent les zones de conflits, qu'elles soient intérieures ou extérieures. Aussi, les climats pesants et tranchants qui se succèdent, permettent aux propos de gagner en cohérence. Le chant n'est jamais linéaire et ne souffre d'aucun problème de production type "chewing gum". Cela permet à l'auditeur de mieux se concentrer sur les textes. Du côté des guitares, on constate l'influence certaine de Dissection, tant au niveau des mélodies que des tremolo- picking, qui apportent beaucoup de noirceur à cet ensemble. L'équillibre basse/batterie est bien respecté, ce qui permet au disque de rendre justice aux compos tout en conservant le côté "black" de l'affaire. 

Ce disque a la particularité d'être travaillé dans le détail, aussi les morceaux ne se ressemblent pas mais s'enchevetrent intelligement, afin d'éviter que ne s'installe un sentiment de répétition. Saluons le travail de l'ingé son Andrew Guillotin, lui même ancien batteur, ayant vraiment soigné le travail de la section rythmique. Le son n'est pas mécanique et le feeling respecté sur des morceaux comme "digression" ou "Ekphrasys" qui contiennent des passages plus lents avec des samples. Mais soyons clair, la formation n'a pas besoin d'épais claviers pour convaincre les blast, les satus et le texte suffisent à prendre l'auditeur à la gorge.

Ce deuxième album est donc beaucoup plus abouti que le premier, en outre, mention spécial au visuel macabre et dépouillé. Nous pouvons dire désormais qu'Azziard a relevé haut la main le défi du second album et livré un excellent album pour rentrer dans le giron des groupes de BM sur lesquels il faudra désormais compter.

Aske (8,5/10)

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Dooweet / 2014

Tracklisting (40 minutes) 1. Allégorie, 2; Disjonction, 3. De Lumière, d'Obscurité, 4. Sur la Toile, 5. Dialyse, 6. Ekphrasys, 7. Dans Ma Chair, 8. Digression

my-imperiumLes jeunes lyonais de My Imperium n'ont pas perdu de temps. Jugez plutôt. Le groupe fondé il y a un peu plus d'un an, sort sont premier EP Amongst The Ruins composé de six morceaux dont une reprise du fameux "Stabbing the Drama" du non moins fameux Soilwork. Commençons par les choses positives. Les compos sont bien emmenées et les riffs accrocheurs. On constate  toutes les influences d'In Flames période 2000 et des suédois susnommés. "Rise" est ses riffs mi-tempo permettent de mettre en valeur les talents de l'excellent chanteur à la voix puissante et juste. On constate aussi un évident talent de composition avec "A Thousand Scars" d'autant que le groupe se risque à autre chose que le death melodique en introduisant ça et là des éléments blacks et atmosphériques. Tout un programme. Rien de révolutionnaire mais un morceau servi intelligemment au sein d'un Ep respectable.

Alors voilà, dans l'histoire du death suédois tout a été fait – ou presque – et je me demande de quelle manière un groupe pourrait revenir sur un mouvement qui semble être déjà bien entamé. Les lyonnais s'en sortent bien grâce à un sens évident de la mélodie et un bon niveau technique général. Toutefois, est c'est le point négatif de cet EP, le son n'est pas à la hauteur d'un style qui se veut technique, d'une part, et sophistiqué au niveau du mix et du mastering, d'une autre.

Il faut bien couler une première dalle pour avoir une fondation complète, c'est ce qu'est sensé faire un EP, alors gageons que le combo parvienne à transformer l'essai en se montrant plus généreux pour l'album, c'est là tout le mal que je leur souhaite.

Aske (7/10)

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Autoproduction / 2014

Tracklisting : 1. Into the fire 2. Rise 3. Breed 4. Time to pay 5. A thousand scars 6. Stabbing the dream (cover Soilwork)