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Pissgrave – Suicide Euphoria

Amis du Death Metal bonsoir !

En ce qui me concerne j’ai dû vous laisser pour ce qui est de la chose Death Metal avec mon désormais classique Inferis (ma chronique ici où je vous explique tout ça) et Adversarial et son tonitruant Death, Endless Nothing and the Black Knife of Nihilism (ma chronique ici). Le groupe qui nous intéresse aujourd’hui est américain. C’est une jeune formation de musiciens qui ont tous en commun d’avoir un peu roulé leurs bosses dans des groupes œuvrant tous dans le circuit indépendant et dans des sous genres du Metal extrême assez éloigné du Death Metal. C’est quelque chose qui m’a immédiatement frappé à la lecture du background de chaque musicien. En effet aucun des membres de Pissgrave n’a joué dans une formation dite strictement Death Metal et ils viennent tous d’univers plus ou moins éloignés comme le Drone Doom Death metal,  le Sludge, le Black Metal ou le  Stoner Doom. C’est peut-être comme nous allons le voir par la suite dans cette chronique ce qui fait tout le charme de leur musique. Johannes Van Hæthen le bassiste, Matt et Tim Mellon respectivement le batteur et le guitariste chanteur ainsi que Demian Fenton l'autre guitariste chanteur de Pissgrave  ont cette manière délicieusement imprévue et inattendue de venir jouer des épaules sur un terrain largement peuplé de productions stéréotypées ! 
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Pourtant à la vue du visuel outrancier et gore de  Suicide Euphoria tout comme l’était celui de la démo Pissgrave (2014), votre serviteur a eu quelques craintes ! Nous somme bien en terres Death Metal que se soit dans les thématiques abordées par les lyrics ou le propos musical présenté par Pissgrave depuis sa fondation. C’est comme le topo exposé par leur label Profound Lore Records ( site icifacebook icibandcamp icipour présenter ce nouveau disque et qui valorise le fait que Pissgrave ait ouvert dans le courant 2014 pour Dead Congregation sur sa tournée US tout en insistant sur le buzz qu’ont suscité ces prestations de la jeune formation en soutient de ce cador du mouvement. 

Malgré cette belle brochette de clichés la musique de Pissgrave se démarque tout de même de la masse des autres formations officiant dans le genre. Tout d’abords le groupe a choisit une production atypique pour le genre et le son raw et noise concocté par Arthur Rizk (PRURIENT, Power Trip, Inquisition) (un panel de ses autres prod sur son Soundcloud ici) participe à cette démarcation. Elle est assez subtile en fait et me fait beaucoup penser à celle du dernier album de Adversarial  que je mentionnais au début de ma chronique. Le son  de l’album a un cachet très raw mais chose surprenante il reste net et clair ce qui a pour effet de souligner le gros travail réalisé par le groupe dans la dynamique de ses rythmiques qui sont luxuriantes en solo et autres césures et ressorts rythmiques. Par contre j’ai un peu regretté que la basse soit si peu audible dans le mixe final mais je pense que c’était voulu pour générer ce son raw à l’aspect spectral si particulier pour le genre donc je n’en ai pas tenu trop rigueur.  

Le contenu des compositions malgré il est vrai une forte identité Death Metal dans le panel des riffs utilisés garde souvent une emprunte Raw Black Metal par le biais d’une mélasse compacte de riffs en mode atmosphérique typiquement Black Metal. C’est là encore un point commun avec Adversarial. Il vous suffira d’écouter des morceaux comme « Impaled Vibration », « Fields Of Scattered Bones » mais l’album regorge de moments semblables comme sur la seconde moitié de « Pain Enchantment ». A l’écoute de morceaux tels que « Perpetual War », « Prevail In Hell » ou « Mass Cremation » on comprend aussi que Pissgrave se réapproprie les standards du Death Metal américain et marche sur les pas des Angelcorpse, Morbide Angel et autres Immolation mais il insuffle à ses compositions une esthétique Raw Black Metal de tous les instants ainsi que certains plans Noisy qui rendent le tout passionnant et rafraichissant. J’ai adoré l’éventail des vocalises assez éloignées elles aussi des standards Death puisque aboyées en mode Grindcore ou certaine de manière plus sournoises et bien malsaines !  

A l’arrivé on obtient un album qui ne révolutionne pas le genre mais qui est appliqué pour vous détruire les conduits auditifs jusqu'à vous en faire vriller le système neurologique. C’est ce qui me permet de déclarer que ce Suicide Euphoria tout comme Death, Endless Nothing and the Black Knife of Nihilism sont de très bons albums de Death Metal respectant la tradition mais en faisant preuve aussi d’une certaine modernité et de métissages stylistiques audacieux, valorisants et opportuns ! J’achète de suite !!!!   

FalculA (8/10) 


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Profound lore Records / 2015 
Tracklist (31:45) : 01. Perpetual War 02. Impaled Vibration 03. Pain Enchantment 04. Fields Of Scattered Bones 05. Prevail In Hell 06. Suicide Euphoria 07. The Second Sorrowful Mystery 08. Mass Cremation 09. Blood Fog.

Eloge à l’ataraxie… 

Ma relation au Doom Metal est un peu semblable à celle du gars qui aurait pris un train en cour de trajet et qui ne l’a jamais regretté par la suite. Je pense avec le recul avoir bifurqué quelque part à la fin des 90s et les découvertes des productions Doom Metal de feu Holy Records, un label français,  à savoir : Tristitia, Godsend, Serenity (anglais) et Yearning. On va dire que je radote comme un petit vieux mais c’est un passage très important dans l’évolution de mes gouts en matière de musique et plus particulièrement en ce qui concerne le Metal extrême. Parallèlement (entre 1995 et 2000) la découverte de certains groupes m’ont fait entièrement basculer vers le Doom extrême :  My Dying Bride et son Turn Loose the Swans ainsi que Autopsy et Severed Survival par exemple ou certains titres aux tempos lents de Morbide Angel. Je me rappelle à l’époque avoir adoré les alternances Up et Down tempo et la puissance du contraste qui s’en dégageait  sur un titre comme « Critical Madness »  de Autopsy, un groupe qui je pense a beaucoup œuvré dans l’émergence de la scène Doom Death Metal des 90s. On a tendance à l'oublier et je ne raterai jamais une occasion de le rappeler ici et dire aussi que cette scène a sévit de manière ultra indépendante et vraiment à la marge des autre courants du Metal traditionnel comme le Death ou le Black. C’est dès 2000 (les premières paies aidant) que je me suis lancé à cœur perdu dans l’achat de tout ce qui touchait de près ou de loin au Doom Death Metal avec les acquisitions d’albums très importants pour moi comme  Among Majestic Ruin de Morgion, Epistemological Despondency de Esoteric ou Into Darkness / Eternal Frost les ré éditions de Winter. Bon je m’arrête là car ma liste est très longue mais ayez bien en tête que le Doom Death Metal et ses dérivés comme le Funeral Doom n’étaient pas encore à la mode et étaient loin de faire les unes des magazines de la presse spécialisé. Il fallait se lever tôt pour dégoter toutes ces excellentes productions ayant vu le jour dans les 90s… En gros les Doomsters étaient un peu les pestiférés du Metal. 

Pourquoi vous faire un tel topo qui reste assez bref en fait car sachez que j’aurai pu faire beaucoup (mais alors vraiment beaucoup) plus long tant ce courant me passionne et me rend affable en la matière ?  Tout simplement parce que je trouvais pertinent de vous décrire dans quelles circonstances ce Slow Transcending Agony m’est lourdement tombé dessus lorsqu’il est sorti en 2005. Je pense aussi que beaucoup se reconnaîtrons dans  mon trajet et que cela explique en fin de comptes pourquoi j’ai tant apprécié Ataraxie dès l’annonce de la sortie de Slow Transcending Agony sans même l’avoir encore écouté…

Faut-il  rappeler qu’en 2005 tout le monde n’avait pas de connexion internet et que même quand on en avait une le streaming était encore inopérant ! Pour ma part c’est par le biais d’une interview qui m’a grandement fait saliver que je me suis lancé dans la commande de ce premier opus de Ataraxie. Tous les Doomsters extrémistes français allaient enfin pouvoir avoir un digne représentant en la matière ! Il me semble que j’avais commandé via la VPC de Holy Records ce « SLOW »… « TRANSCENDING »…  « AGONY »…  putain… il  est de ces suites de mots qui sonnent et résonne en vous hypnotisant et en vous captivant avant même que vous ne vous soyez lancer dans l’écoute du recueil qu’elles sont censée illustrer ! Et puis ce titre d’album me rappelait furieusement celui de diSEMBOWELMENT et son Transcendence Into The Peripheral que j’avais réussi à dégoter d’occase, acheté de la main à la main quelque temps auparavant.  

J’ai tout apprécié dans cet album ! Surtout cette manière très organique et physique qu’avait (et qu’il a toujours) Ataraxie de s’accaparer l’espace sonore sans fioriture du genre clavier par exemple. En ce sens je l’avais immédiatement et ce dès la première de mes écoutes, rapproché des productions de ces grands noms du Doom Death Metal comme Evoken, Esoteric ou Morgion. Pour être plus précis bien que proche du Funéral Doom lorsque Ataraxie se montre contemplatif et évolutif, il ne sombre jamais dans la face Ambient et purement Atmosphérique du Funéral Doom comme Tyranny, Shape Of Despair ou Skeptisism peuvent le faire. Leur propos musical sonne résolument Death Metal ! Le jeu de guitares est toujours massif et très charpenté mais il sait malgré tout faire preuve d’un raffinement certain lors de longues litanies à l’esthétique carrée et ciselée. 

Vous voyez où je veux en venir ? Pour moi c’est une des principales qualités de sa musique. J’ajoute que les productions qui ont suivi garderont ce cachet qui fait de Ataraxie un groupe ultime. Sa qualité de composition est tout bonnement phénoménale ! Dès l’entame du long « Sleep Into The Gloom » avec son arpège acoustique faisant place à une marche DOOM simple mais fatale et tout en moments suspendus. Une superbe introduction au désespoir à venir avec sa colère sourde parfois démente et qui va s’effondrer sur vous de tout son poids durant les quatre longues plages restantes de Slow Transcending Agony. Cet album c’est cinq classiques de Doom Extrême avec tous les violents contrastes qui en découlent.  Ils sont superbement mis en valeur par une production énorme façonnée par Kris Belaen (qui a bossé avec un tas de formations comme Aborted, Amenra, Kronos ou Pantheist et qui effectuera aussi celle de Anhédonie (2008) (chronique par Mr Brute Force ici) par la suite. Je n’ai par contre pas trouvé de gros changement entre la version originale (que j’ai en physique) et celle de cette nouvelle édition de 2015 (mais il est vrai que je n’avais que du mp3 aussi) donc comme je trouvais le rendu initial parfait : pour moi c’est du tout bon. Sachez aussi que tout album de Doom Death Metal qui se respecte se doit de se parer d’un chant profond et conséquent. Ca aussi Ataraxie l’avait très vite compris et il en a fait une pièce maîtresse de sa mécanique implacable. Tour à tour caverneux, vindicatif, chuchoté ou hystérique il est omniscient et toujours juste ! 

Bon on ne va pas tourner autour du pot et on va le dire tranquillement mais de manière affirmée : cette nouvelle version est vraiment top car très fidèle à l’originale qui déjà était parfaite à la base. Quand en plus le groupe nous offre un bonus de luxe en la présence de cette reprise du mighty diSEMBOWELMENT et son magique « The Tree Of Life And Death » on ne peut qu’apprécier le chouette complément ! Cet album est mythique et participe à la luxuriante fresque du Doom Metal ! Si vous êtes passé à côté à l’époque en 2005 puis lors du re  pressages vinyle de 2007 par Ostra Records, ne ratez pas cette seconde opportunité qu’ Ataraxie et Weird Truth Productions vous propose en cette année 2015 ! C’est une version digipak en plus !!! Ca serait vraiment bête de votre part de vous en priver ! Surtout si comme moi ou Hamster Forever (lire ses chroniques de The Other Path leur démo de 2003 ici ainsi que L’Être Et La Nausée 2013 ici) vous êtes un Doomster dans l’âme ! Bon dans quelque temps nous vous parlerons d’une autre sortie très attendu de ma part et de tout une scène puisque il s’agit de celle de Indesinence : les jumeaux britanniques de Ataraxie. Les deux groupes ne me contrediront pas je pense… Stay Doom Metal & aeternitas !

FalculA (10/10)


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Weird Truth Productions / 2015
Tracklist (01:02:59) : 01 Step Into The Gloom 02 Funeral Hymn 03 L'Ataraxie 04 Slow Transcending Agony 05 Another Day Of Despondency 06 The Tree Of Life And Death.

Necroblaspheme – Belleville

Il nous aura fallu attendre trois ans depuis la sortie du fracassant Ep XXVI : The Deeper – The Better dont je vous recommande impérativement l’écoute (en streaming ici) et la lecture de notre chronique de l’époque réalisée par notre regretté chroniqueur ymishima ! Il décrit avec justesse l’ampleur prise par la musique de nos franciliens et son orientation assumée délaissant le Black Death traditionnel pour un crossover de Black / Death Metal / Postcore / Sludge modern et urbain. Pour ma part je vous avais annoncé en news ici et la venue de ce troisième tant attendu opus. Je vous avais également brievement parlé de Necroblaspheme et de tout le bien que j’en pensais lors de ma chronique du dernier et excellent album de Recueil Morbide (chronique ici). Oui je fais partie de ces personnes qui guettaient l’arrivée de Belleville avec énormément d’impatience ! 

Dès ma découverte du très bel artwork signé Dehn Sora (site ici et facebook là) je n’ai pas été déçu ! Il est soigné et sobre et on peut tout de suite déceler des pistes sur les thèmes et la musique qui va suivre. Necroblaspheme taquine une fibre identitaire à prendre au sens littéral et non au sens politique du terme. Ce n’est peut-être qu’une divagation de ma part mais cette pochette m’a évoqué l’esprit de celle de l’avant dernier album de Primordial le sublime et très épique Redemption at the Puritan's Hand. Bon Necroblaspheme ne donne pas dans le Pagan Black Metal hein !? Mais une certaine progressivité qu’il distille sur une bonne partie des compositions de Belleville invite à la contemplation et insuffle une emphase très épique à chacun de ses titres. En ce sens Belleville montre des ambitions plus Black Metal tout en restant fidèle à ce crossover Black, Death, Postcore et Sludge dont il s’est fait le chantre depuis Destination: Nulle Part (2008) leur second album. Cependant il se rapproche un peu de ce que Glaciation a fait avec son récent Sur Les Falaises De Marbre (lire l’excellent chronique de Mr Brute Force ici). 

J’ai aussi beaucoup pensé à la musique de Enslaved lors de l’écoute de Belleville notamment sur deux morceaux en particulier « Waiting to Exhale » dont le riffing m’a rappelé par moments certains plans de RIITIIR et c’est encore plus probant sur « Such a Lot » avec ses chœurs harmoniques. De là à dire que la musique de Necroblaspheme est du Black Metal progressif il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas ! En effet la musique ne s’est pas complètement assagi non plus et garde toujours ce référentiel Sludge Postcore et Black Death qui décidément lui va très bien ! Elle reste très virile et intense et donc dans la parfaite continuité de XXVI : The Deeper – The Better
 
C’est d’ailleurs à ce sujet une très bonne option qu’a pris le groupe en ce qui concerne la production de Belleville puisque il a décidé de retourner au Sainte Marthe Studio (site ici) sous la houlette de Francis Caste. En effet cette production brute mais chaleureuse convient vraiment à l’orientation du groupe et j’ai particulièrement apprécié le mixe final de la batterie et de la basse qui apporte énormément de rondeur et d’ampleur au son de Necroblaspheme.

Un album vraiment parfait et carré en tout point qui conviendra autant à un publique Postcore ou Sludge qu’à un publique plus sensible aux propos Black Death Metal. Certains bien entendu ne manqueront pas de critiquer la démarche d’ouverture de Necroblaspheme et lui reprocheront une carence en terme d’agressivité pure et de chaos mais je ne serai pas de ceux-là ! Tout simplement parce que j’ai adoré le fond et la forme de Belleville ! Il ne reste plus qu’à voir ce que cela donnera en live et si (comme je le souhaiterai) le groupe gardera un peu de son ancien répertoire dans ses futurs sets car je le répète les compositions de Belleville sont pour moi parfaitement complémentaires à celles de Destination: Nulle Part et XXVI : The Deeper – The Better. Affaire à suivre donc… 

FalculA (8,5/10) 


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Bandcamp Officiel où leurs deux derniers albums ont en streaming. 


Indépendant – Dooweet Records / 2015   
Tracklist (40:32) : 01. Rempart 02. Le Discours du Bitume 03. How did we get There 04. Two Trees (DeadWood) 05. Hyperspace 06. Waiting to Exhale 07. Freed 08. The Grande Boars Haunting 09. Gouffre 10. Such a Lot.