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Malevolent Creation – The 13th Beast

Soyons honnêtes : ça sentait le sapin pour Malevolent Creation qui, du jour au lendemain, était passé du statut de quintet féroce à celui de one-man-band bien esseulé. Phil Fasciana avait beau annoncer que le groupe n’était pas mort et qu’il parviendrait à remettre sur pied un line-up complet, j’avoue que j’étais sceptique, et mon scepticisme avait même tourné à la résignation lorsque Brett est décédé, enterrant par la même occasion l’éventualité de son retour au sein du groupe. Et nous voici maintenant avec un quatuor composé de trois parfaits inconnus autour de Phil. La recette d’un échec.

Et pourtant.

Qui dit « parfaits inconnus » ne dit pas forcément « amateurs ». J’avoue que j’espérais par exemple le retour de Kyle Symons au chant (Hateplow / frontman sur The Will To Kill), mais Lee est loin de faire pâle figure. Au contraire, tout au long de la petite cinquantaine de minutes de l’album, sa prestation certes un peu linéaire reste très convaincante. Ok, il n’a pas cette touche sauvage que Brett avait, mais le bougre a du coffre ! Ce constat s’applique aussi au niveau musical : ces gars ont beau être d’illustres inconnus, ils tiennent leur rang et alignent une prestation 4 étoiles, le tout magnifié par un travail d’orfèvre de Dan Swanö au mix et au mastering. Les 11 morceaux se succèdent sans temps mort, sans répit, à tel point qu’il s’agit, à mes yeux, du défaut majeur de cet album : il étouffe l’auditeur, il l’assaille sans relâche pendant 11 morceaux et presque 50 minutes. La ratonnade est efficace, mais surtout éprouvante sur la durée. Sur un album d’une trentaine de minutes (comme Retribution), un tel parti-pris est efficace. Ici, c’est presque contre-productif.

Mis à part sa durée, The 13th Beast est un splendide hommage à Brett, et une preuve indéniable qu’il ne faut jamais enterrer un groupe trop vite, malgré son âge et les épreuves qu’il traverse.

Mister Patate (8/10)

Facebook officiel 

Century Media Records / 2019
Tracklist (49:26) 1. End the Torture 2. Mandatory Butchery 3. Agony for the Chosen 4. Canvas of Flesh 5. Born of Pain 6. The Beast Awakened 7. Decimated 8. Bleed Us Free 9. Knife at Hand 10. Trapped Inside 11. Release the Soul

Kriegsmaschine – Apocalypticists

Ces derniers temps, si l’on évoquait la scène Black Metal polonaise, deux noms monopolisaient l’attention d’une large frange du public. Enfin, non, trois noms, mais associer Behemoth au Black Metal en 2019 est aussi pertinent que de passer une boule de neige au micro-ondes en espérant ainsi la faire durcir. Ces deux épouvantails, donc, étaient Mgla et Batushka (qui se fait désormais plus remarquer par ses dissensions que par son talent musical)… et ce tapage m’avait quelque peu refroidi et poussé vers d’autres horizons.

C’est ainsi que je suis passé à côté d’Apocalypticists, le nouvel effort des Polonais de Kriegsmaschine. Enfin, il était simple de passer à côté de cette perle tant la promo autour de cet album a été inexistante. Un beau jour d’octobre, le groupe a posté l’album sur Facebook, après trois ans sans le moindre signe de vie. Funeral Mist avait annoncé son album Hekatomb 15 jours avant sa sortie, Kriegsmaschine a fait encore mieux en mettant tout le monde devant le fait accompli.

Pour ceux qui l’ignorent, Kriegsmaschine est le frère de Mgla, avec qui il partage son line-up… Mais mis à part ce point, les deux formations opèrent dans un registre différent. Là où Mgla opte pour un Black « direct » sans pour autant verser dans l’écueil du blast continu, Kriegsmaschine propose un Black nettement plus posé, ambiancé. Et cette ambiance repose principalement sur la capacité du groupe à hypnotiser son auditeur par des rythmiques complexes et pourtant fascinantes. J’ai beau me creuser les méninges, je ne me souviens pas avoir déjà été tellement scotché par la performance d’un batteur aussi versatile en Black Metal.

Mais se focaliser sur la batterie serait tellement réducteur… Les mélodies et patterns de guitare, ainsi que ce chant râpeux qui viennent se greffer à ce squelette rythmique ajoutent une aura sombre. Prenez l’opener « Residual Blight » : les lignes de guitare sont discrètes, hypnotiques… Sans une telle section rythmique, elles tomberaient à l’eau. Et ce constat s’applique aussi au chant. Sans des compos solides, un registre aussi limité serait-il aussi efficace ?

Apocalypticists est un cas singulier. Habituellement, les albums sont portés par le chant de leur frontman, ou par les lignes de guitare. Ici, c’est la batterie qui s’installe sous les feux de la rampe. 50 minutes, pas un blast. Kriegsmaschine vient de nous proposer une leçon magistrale de Black Metal tout en prenant soin de laisser le « Guide du petit BM illustré » bien rangé dans son étagère. Kriegsmaschine colorie en dehors du cadre. Et c’est tellement excitant.

Mister Patate (9/10)

Facebook officiel 

No Solace – 2018
Tracklist (50:14) 1. Residual Blight 2. The Pallid Scourge 3. Lost in Liminal 4. Apocalypticists 5. The Other Death 6. On the Essence of Transformation

Anaal Nathrakh – A New Kind Of Horror

Une Lyric Video… « Le début de la normalisation, le signe d’un groupe qui succomberait aux modes et tendances, qui rentrerait dans le rang ». Voilà quel était mon ressenti lorsque le groupe a proposé son premier single, « Forward! ». Le duo ayant jusqu’alors toujours pris soin de donner un minimum d’informations sur ces textes, cette nouveauté avait éveillé en moi une petite crainte. Et si Anaal Nathrakh devenait un groupe comme les autres ?

Au final, cette crainte n’aura duré qu’un instant, vite balayée par une déferlante de haine que seuls Mick et Dave sont capables de déchainer. Avec ce concept album sur la Première Guerre Mondiale, Anaal Nathrakh fait à nouveau parler la poudre. Les hurlements semblent encore plus perçants, les morceaux encore plus agressifs (avec une mention spéciale aux samples de tirs d’armes qui viennent se superposer au rythme de la musique), le chant clair encore plus démentiel.

Et pourtant, A New Kind Of Horror ne perd pas en cohérence. Le talent du groupe réside dans sa capacité à canaliser toute cette énergie pour obtenir un résultat à l’impact maximal. Si je ne devais émettre qu’un seul regret, c’est celui de l’absence d’une petite touche de folie, comme le groupe a su le proposer par le passé avec des morceaux tels que « Tod Huetet Uebel » ou « Extravaganza! ».

Avec ce dixième album, Anaal Nathrakh ne se réinvente pas vraiment, certes, mais son identité sonore est tellement unique que tout changement radical n’est pas nécessaire. Les quelques petites évolutions parsemées au fil des albums précédents, alliées à cette capacité à proposer des albums cathartiques, font d’Anaal Nathrakh un groupe à part.

Mister Patate (9/10)

Facebook officiel

Metal Blade Records / 2018
Tracklist (32:55) 1. The Road to… 2. Obscene as Cancer 3. The Reek of Fear 4. Forward! 5. New Bethlehem / Mass Death Futures 6. The Apocalypse Is About You! 7. Vi Coactus 8. Mother of Satan 9. The Horrid Strife 10. Are We Fit for Glory Yet? (The War to End Nothing)