manowarkingsofmetal2014_638Dans l’hilarant cycle des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett, il y a un personnage particulièrement intéressant : Cohen le Barbare, amusant décalque de Conan évidemment. À la différence de Conan toutefois, le légendaire Cohen, une fois rencontré en chair et d’os, s’avère un vieux guerrier borgne, chauve et maigrelet. Et bien, d’un point de vue musical, Manowar est à l’image de ce Cohen : malgré la réputation du groupe, il n’est plus visiblement que l’ombre de lui-même.

Or, dans le récit de Pratchett, il s’avère que Cohen a encore de beaux restes et que « vieux » ne signifie pas « fatigué » pour autant, ce qu’apprennent à leur dépens les aventuriers voulant le défier. Manowar est par contre « vieux » et « fatigué ». Espaçant la parution de disques de plus en plus médiocres comme le dernier The Lord Of Steel, le groupe de Joey DeMaio fait peine à voir. Rappelons que le dernier vrai bon disque du groupe est The Triumph Of Steel (1992), Louder Than Hell étant trop linéaire pour convaincre, et Warriors Of The World mal organisé.

Histoire d’assurer une certaine actualité (et des revenus), Manowar en est venu à réenregistrer ses vieux albums. Après un Battle Hymn 2011 sans intérêt, Manowar a choisi de jeter son dévolu sur son meilleur disque, le fameux Kings Of Metal (1988). Autant « moderniser » le son de Battle Hymns pouvait se comprendre, car le disque était vieux de plus de trente ans, autant s’attaquer à Kings Of Metal est d’emblée une mauvaise idée : le son du disque était déjà excellent et les musiciens à leur meilleur. Ross The Boss y était d’ailleurs aux guitares et ce n’est pas faire injure à Karl Logan de dire qu’il lui est inférieur en inspiration.

Le résultat est ainsi au final extrêmement décevant : les titres ne diffèrent que peu des originaux, malgré un tracklist bouleversé de manière bien artificielle. Eric Adams, qui a dépassé la soixantaine est encore vaillant, mais ne se révèle plus capable de monter dans les aigus comme jadis (c’est pénible sur « Hail And Kill » et très douloureux sur « Wheels Of Fire »). Les tempos paraissent comme ralentis (« Kingdom Come » qui se traîne) et l’accordage me semble plus grave, peut-être pour ne pas mettre mal à l’aise Eric Adams. Jetons un voile pudique sur l’infecte nouvelle version de « The Sting Of the Bumblebee », jouée à cent à l’heure mais très pénible. Au moins est-elle courte…

Histoire d’allécher les fans, le groupe a décidé de proposer un deuxième CD, non d’inédits, mais constitué de différents bonus totalement creux : des versions instrumentales et/ou orchestrales. Ces bonus n’ont évidemment aucun intérêt, à l’image du disque évidemment et de Manowar de nos jours. Il serait temps d’arrêter les frais.

Baptiste (2/10)

Alive / 2014

Tracklist : CD 1 : 1. Hail And Kill 2. Kings Of Metal 3. The Heart Of Steel 4. A Warrior’s Prayer 5. The Blood Of The Kings 6. Thy Kingdom Come 7. The Sting Of The Bumblebee 8. Thy Crown And Thy Ring 9. On Wheels Of Fire 10. Thy Crown And Thy Ring (metal version) 11. The Heart Of Steel (guitare instrumental)

CD 2 : 1. Hail and Kill MMXIV (instrumental) 02. Kings of Metal MMXIV (instrumental) 03. The Heart of Steel MMXIV (Orchestral Intro Version) 04. The Blood of the Kings (instrumental) 05. Thy Kingdom Come (instrumental) 06. Thy Crown and Thy Ring (Orchestral Version instrumental) 07. On Wheels of Fire (instrumental)