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Prong monte sur scène, il fait chaud, le soleil est à son zénith. Les premiers accords raisonnent, la fosse bouillonne. Tommy Victor est tout sourire ; ses acolytes tabassent un thrash/indus sans concession. « Unconditional » retourne les agités des premiers rangs et les tubes s’enchaînent jusqu’à la doublette « Snap your fingers, snap your neck/Whose this fist is anyway ? ». Bon boulot.

Regarde les hommes tomber se produit dans une Temple remplie à ras bord. Mine de rien, la notoriété du quintet devient de plus en plus énorme. A l’instar d’un Svart Crown, les Français donnent tout lors de leurs prestations apocalyptiques (cf. Netherland Deathfest 2017). Le groupe se porte garant d’un black metal pur. Il le démontre encore lors de ce concert impeccable.

C’est au tour de Crippled Black Phoenix d’investir la Valley. Fort d’un album (Bronze) encensé dans nos colonnes, le collectif nous délivre une prestation intense. Rien n’est laissé au hasard ; le niveau musical est élevé, les musiciens concernés. Les morceaux s’enchaînent, on se laisse emporter par la mélancolie émanant de ces délicieuses mélodies. C’est un doux moment de flottement dans ce torrent de décibel qu’est le Hellfest. Presque magique.

Pentagram débarque en trio sur la scène de la Valley ; dans une configuration inédite car Bobby Liebling (chant) séjourne actuellement en prison. Mené par Victor Griffin, le groupe monte au créneau et délivre une prestation époustouflante. Riffs d’acier, batterie plombante et basse qui cogne sont au rendez-vous. C’est un vrai tour de force : les trois hommes nous font oublier l’absence et le côté décalé de Liebling. Pentagram nous offre un show surprenant. L’occasion de repartir sur de nouvelles bases ?

On enchaîne avec les Canadiens de Alter Bridge. La foule devant la Mainstage est considérable. Elle accueille avec ferveur le rock/metal alternatif de Myles Kennedy and co. La prestation est carrée, rien ne déborde, c’est maîtrisé. C’est indéniablement bon, mais facilement oubliable.

La Valley est bondée. Quand Blue Öyster Cult arrive sur scène, c’est l’ovation. Le groupe de Eric Bloom et de Buck Dharma est en grande forme. Ravis d’être là, les New-Yorkais déroulent une ribambelle de tubes (« The red and the black », « ME 262 », « Tattoo vampire »…) et font encore parler la poudre, avec le gigantesque « Godzilla ». Des frissons parcourent l’échine pendant le merveilleux « (Don’t fear) The reaper ». L’affaire se finit sur « Cities on flame with rock and roll ».

La chaleur ne baisse pas, les peaux crament, la fatigue pointe le bout de son nez ; pourtant l’affluence, devant la Mainstage, atteint des records. Prophets of rage est attendu au tournant. La patience est récompensé ; le super groupe explose tout. Au programme, que des tubes : si Public Enemy et Cypress Hill sont rapidement évoqués, la majorité du set se compose de reprises de R.A.T.M. Morceaux indispensables (« Guerilla radio », « Bulls on parade »…) qui rappellent l’époque rebelle de l’adolescence. Soutenus par B-Real et Chuck D, Morello, Wilk et Commerford n’ont rien perdu de leur pertinence musicale. Ils retrouvent l’urgence de leurs plus belles années. L’affaire se termine avec le séminal « Killing in the name ». Hymne de la journée.

Linkin Park est un groupe courageux ; se mesurer au public du Hellfest n’est pas chose facile (cf l’affaire Slipknot). Si la production est impressionnante (son puissant, lumières parfaites), le groupe foire son entrée : commencer son concert avec un titre faible (« Talking to myself ») est un choix peu judicieux. Il faut attendre QUATRE longs morceaux avant que Bennington et Shinoda lâchent la bride avec « One step closer ». Mais l’affaire semble pliée avec « Lost in the echo ». Chester Bennington semble souffrir… Direction la Temple pour oublier ce douloureux moment.

Emperor a déjà bien entamé son set, mais la magie opère. Samoth, Ihshan et Trym subliment le genre en quelques riffs. Le trio sonne juste. Emperor, cador du genre, offre la version parfaite du black-metal. Le public se laisse emporter, ivre de fatigue et de soleil, par cette musique noire sans concession. Pour finir le concert, Ihshan dégaine de sa besace une triplette de morceaux sublimes (« Curse you all men ! », « I am the black wizards », « Inno a Satana »). Emperor fait partie des plus grands groupes de black-metal. Il l’a prouvé encore ce soir.

Le Hellfest est un des meilleurs festivals du moment. Ambiance, organisation, infrastructures : tout y est imparable. C’est un sacerdoce à faire au moins une fois dans sa vie de metalleux…

Le moment de s’en aller est venu, avec pour fond musical les volutes psychédéliques de Hawkwind…

A l’année prochaine…

Nico.

Ps : Je tiens à remercier chaleureusement Anita et à Julien sans qui ce report n’aurait pas été possible. MERCI à vous deux ! On se voit en 2018.